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Le semblable et le prochain : Dois-je respecter autrui ?

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« VOCABULAIRE: SEMBLABLE: analogue, pareil, même; mon semblable=mon prochain. AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). RESPECT : Sentiment éprouvé face à une valeur jugée éminente ou absolue, et qui conduit à s'interdire tout ce qui pourrait lui porter atteinte.

Le respect est, selon Kant, le seul mobile subjectif possible de l'action morale désintéressée, c'est-à-dire d'une action déterminée objectivement par la seule représentation de la loi ( ou impératif catégorique).

Le respect est alors ce que l'on doit à autrui en tant que personne morale. Introduction Deux difficultés se dégagent d'emblée.

En premier lieu, le respect semble être un sentiment que j'éprouve, et qui provient de l'expérience habituelle dans laquelle je puis reconnaître la valeur de tel ou tel homme.

Comment peut-il y avoir un devoir de respect ? Et surtout un devoir qui me porte à respecter tout homme ? En quel sens faut-il alors prendre le respect pour que ce devoir soit possible ? En second lieu, l'expérience de la bassesse et de la méchanceté humaines est hélas très généralement répandue : dois-je alors respecter autrui avant de l'avoir reconnu pour respectable ? L'observation du devoir de respect est-elle subordonnée à la condition d'un examen préalable des titres qui font qu'autrui mérite ce respect ? I - La justice du respect a) Si le respect naît naturellement en moi de la reconnaissance des qualités d'autrui, il ne peut être un devoir, et il sera toujours dépendant de la particularité.

Tel homme sera respectable, tel autre sera méprisable au plus haut point.

Toute la difficulté consistera dès lors à ne pas me laisser abuser, à bien placer et dispenser mon respect.

Il faudra également que je me garde de confondre le respect qu'appellent le caractère ou les vertus d'autrui et l'admiration que suscitent ses qualités naturelles ou son habileté et son savoir.

Si d'une manière générale le respect est reconnaissance d'une valeur en autrui, il faudra distinguer ce qui est en lui absolument bon (la bonne volonté), et ce qui n'est que bon à quelque chose, comme le fait Kant dans les Fondements de la métaphysique des moeurs.

Ainsi l'intelligence d'autrui ne lui fait pas nécessairement mériter le respect, ou n'importe quel respect.

Cette prudence dans l'usage de mon respect peut ainsi acquérir en elle-même une certaine valeur, si elle s'accompagne de discernement, et si je réserve mon respect à ce qui est véritablement (moralement) respectable. b) Du même ordre sont les distinctions que recommande Pascal dans les Discours sur la condition des grands.

Il y a différentes sortes de respects.

Des « respects d'établissement » que nous devons à certaines fonctions ou à certaines dignités, parce qu'elles sont ainsi établies parmi les hommes ; c'est ainsi que j'assure de mon respect le ministre ou le supérieur auquel j'adresse une lettre.

Et des « respects naturels qui consistent dans l'estime » : ainsi j'estimerai un honnête homme.

Mais il y aurait injustice à ce que je rende à l'évêque, parce qu'il est évêque, le respect que je dois à un saint. En ce sens, il y a un devoir de discernement et de justice dans la distribution du respect : mais ce n'est pas un devoir de respect. II - L'être respectable en tout homme a) Nous avons vu que le juste respect présuppose une distinction des points de vue : en tel homme, je respecte la fonction dont il est investi, en tel autre, l'honnêteté. Pour que je respecte tout homme, il faut, semble-t-il, que je fasse abstraction tant de sa position que de sa conduite.

Mais que reste-t-il alors ? Et comment puis-je être tenu de respecter même le scélérat ? Le devoir de respect implique que je respecte l'homme en tout homme.

Je nie alors que les hommes se réduisent à leurs fonctions ou à leurs actions, en un mot à leurs phénomènes, à ce que je peux en ,savoir empiriquement.

Le respect d'autrui implique donc cette négativité qui me permet de viser en lui ce qui est au-delà de toute expérience, ce qui est même démenti par toute expérience. b) La question se pose alors de savoir ce que je respecte en autrui quand je respecte l'humanité en lui : il ne peut s'agir de la simple appartenance à une espèce animale.

Je puis respecter ce qu'il n'est pas, mais qu'il pourrait être : en autrui, je respecte donc le possible et l'avenir dans le présent.

Mais l'actualisation de ce pouvoir-être n'est pas simple développement (comme dans le cas de facultés naturelles), elle est aussi rupture (par rapport à un mal radical) : je respecte donc en autrui la liberté comme pouvoir révélé par le devoir : la liberté négative d'abord, ou puissance d'agir indépendamment des sollicitations de la sensibilité, et ensuite la liberté positive de l'autonomie.

Je respecte donc en tout homme le co-législateur de la loi morale (de même, je n'admets pas qu'en un homme la raison législatrice morale ellemême puisse être pervertie).

Le respect est donc doublement indissociable de la loi morale : d'une part en ce qu'elle me commande le respect, d'autre part en ce qu'elle m'indique ce qui est respectable en autrui, sa qualité de législateur et de citoyen d'un monde intelligible.. »

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