Le scandale ?
Extrait du document
«
Le scandale.
Il y a trois sortes de scandales.
D'abord le scandale « psychologique » qui est simplement l'affirmation
d'un paradoxe dans n'importe quel domaine, intellectuel, esthétique ou moral, dans l'intention de montrer sa
supériorité sur ceux que l'on « scandalise ».
C'est un scandale fondé sur le mépris d'autrui et sur la vanité.
Il attire
l'attention et la protestation verbale mêlée d'une admiration pour celui qui peut se permettre d'«oser faire ce
scandale».
Il y a du cynisme dans cette forme de scandale, mais elle est déjà une mise en question d'opinions
établies et provocation d'un sursaut affectif chez autrui.
Dans tous les groupes ou milieux (aussi bien un salon
mondain qu'une réunion syndicale), celui qui choque les idées du groupe crée proportionnellement le scandale.
Du
même genre sont les premières manifestations dadaïstes au cours desquelles on déclama sur la scène des articles de
journaux et on présenta un concert de bidons vides, de casseroles et de grelots devant un public bourgeois surpris,
ridiculisé et indigné par ce gigantesque « canular ».
Les autres formes du scandale sont empreintes de sérieux.
Elles
provoquent les sursauts de l'opinion publique et déchaînent des forces incontrôlables.
De cette espèce est d'abord
le scandale social qui est un jugement moral porté sur un acte qui est une offense à des représentations collectives
ou à des habitudes collectives de vivre ou d'agir.
L'acte est individuel mais le jugement est collectif.
Devant le
scandale, la conscience collective vit plus intensément en prenant conscience de sa force et de son unanimité dans
sa réaction a l'insulte.
Des inconnus décapitent les statues du dieu Hermès aux carrefours d'Athènes,., un Noir vient
tranquillement emménager dans un quartier de la ville réservé aux Blancs à Chicago avant les loi»
île déségrégation récentes,...
un fils d' « Intouchable » ose entrer dans l'école au lieu de suivre la leçon de
l'extérieur, par la fenêtre, en Inde avant les lois nouvelles...
quelqu'un trouble la cérémonie d'un culte,...
scandales ;
les affects collectifs s'embrasent, quelque chose qui représente la structure actuelle de la société est mis en
question, attaqué, foulé aux pieds.
La foule proteste au nom de quelque principe, loi, droit, valeur sacrée, etc.
qui
sont des noms donnés ici aux représentations de la conscience collective.
L'indignation se déchaîne, on supplicie
des suspects à Athènes, on lynche le Noir, on met en accusation l'Intouchable.
Enfin le scandale moral est aussi une réaction collective.
Dans le temps du scandale social, les individus du groupe
sont certains d'avoir affaire à un scandale moral.
Il faut être hors de la mentalité du groupe pour juger que le
scandale est seulement social.
Cependant a mesure que la réaction de l'opinion tend à se généraliser, et qu'elle
devient indignation de l'opinion mondiale, dans la mesure également où un agent de la répression d'un scandale
social a mauvaise conscience ou se pose un cas de conscience, on peut dire qu'il existe un scandale moral.
Dans les
exemples cités, l'acte incriminé était un scandale social, la répression de cet acte est un scandale moral : ce qui est
scandaleux en effet, c'est de supplicier les suspects pour l'histoire de la statue d'Hermès, c'est de lyncher le Noir,
ou d'expulser l'Intouchable.
On objectera que cela ne fait scandale que « pour nous » et nous avons vu que c'est
vrai, en un sens.
En un sens seulement, puisque des gens de ces « cultures » mêmes ont pensé à promulguer les
lois de déségrégation ou celles de l'égalité des citoyens.
La répression sociale ou légale active la prise de
conscience des valeurs, éveille la conscience morale et commence, par la mise en question «lu conformisme, une
lente évolution des coutumes ou des lois..
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