Le savoir exclut-il toute forme de croyance ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
La forme du sujet est une question fermée.
Il faudra donc apporter une réponse en « oui » ou « non » en
conclusion, avec toutes les nuances qui s'imposent.
Notre question fait intervenir les notions de savoir et de croyance, et les met en relation par le verbe
« exclure ».
L'exclusion peut se penser selon différentes modalités, ce qui constitue la difficulté majeure du
sujet :
L'exclusion peut premièrement se penser sous sa forme la plus radicale : « ce qui implique l'impossibilité de
ce qui est exclu ».
Autrement dit, le savoir rendrait caduque la croyance.
Savoir impliquerait qu'on ne
puisse plus croire.
L'exclusion est dans cette perspective absolument nécessaire (inévitable).
On peut deuxièmement interpréter l'exclusion comme un geste pragmatique : la croyance constituerait un
frein à l'expansion des savoirs.
L'exclusion ne serait pas nécessaire mais simplement utile.
Enfin, une dernière interprétation, moins philosophique que sociologique ou historique consisterait à
penser qu'il s'agit d'une exclusion institutionnelle de la croyance par le savoir.
On peut penser par exemple
au fait que l'université, garante de la transmission et de l'élaboration des savoirs, exclut presque partout
de sa sphère l'enseignement de la théologie ou des religions.
Le savoir s'entend de plusieurs manières : il peut être un savoir-faire, c'est-à-dire un savoir pratique, comme le
savoir que l'artisan met en oeuvre dans son travail.
Au sens fort, le savoir se définit par l'objectivité de se qu'il
affirme : il prétend dire la vérité.
La garantie d'une objectivité semble interdire la croyance.
La croyance, à l'inverse ne requiert pas de garantie objective pour les vérités qu'elle prétend affirmer.
Personne, par exemple, n'a jamais prouvé l'existence de Dieu.
Pourtant, le croyant peut l'affirmer comme une
vérité sans pouvoir avancer de garanties absolues.
Problématisation :
Malgré l'avancé permanente des sciences, certaines questions, comme l'origine du monde, l'existence du vivant,
etc., ne trouvent pas de réponses totalement convaincantes.
C'est à propos de ces questions que la croyance,
malgré l'effondrement des religions dans les sociétés occidentales au 20ème siècle, semble encore avoir légitimité à
intervenir.
D'où notre première question :
I – Savoir et croyance ne s'excluent-ils pas en se complétant ?
Affirmer la complémentarité, c'est maintenir savoir et croyance dans des sphères qui restent malgré tout
autonomes.
Or, de fait, la majorité des « grands » scientifiques du siècle dernier restaient fermement croyants, ce
qui invite à remettre en cause cette autonomie :
II – Le savoir a-t-il besoin de croyance ?
Proposition de plan :
I – Savoir et croyance ne s'excluent-ils pas en se complétant ?
Référence : Pascal, Les pensées
« — Examinons donc ce point, et disons : «Dieu est, ou il n'est pas.» Mais de
quel côté pencherons-nous ? La raison n'y peut rien déterminer : il y a un
chaos infini qui nous sépare.
Il se joue un jeu, à l'extrémité de cette distance
infinie, où il arrivera croix ou pile.
Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne
pouvez faire ni l'un ni l'autre; par raison, vous ne pouvez défaire nul des deux.
Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix; car vous n'en
savez rien.
— Non ; mais je les blâmerai d'avoir fait, non ce choix, mais un
choix; car, encore que celui qui prend croix et l'autre soient en pareille faute,
ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier.
— Oui, mais il faut
parier; cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.
Lequel prendrez-vous
donc ? Voyons.
Puisqu'il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins.
(...) .Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre,
puisqu'il faut nécessairement choisir.
Voilà un point vidé.
Mais votre béatitude
? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est.
Estimons ces deux
cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien.
Gagez donc qu'il est, sans hésiter.
»
Il y a des questions auxquelles la raison ne peut apporter aucune réponse, en
particulier, la question de l'existence de Dieu.
Même le savant le plus éminent,
qui aurait parcouru toute l'étendu du savoir, ne peut y répondre.
Il demeure cependant une solution raisonnable :
celle du pari.
Nous avons en effet toutes les raisons de préférer croire en Dieu plutôt que de nier son existence
selon Pascal..
»
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