Le retour à la nature est-il un retour à l'origine ?
Extrait du document
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Le retour à la nature désigne une certaine aspiration : il s'agit pour ceux qui critiquent les méfaits de la civilisation,
ses excès de technique ou de mécanisation ou encore de pollution, d'espérer retrouver dans la nature un
environnement supposé pur.
Demandez-vous alors en quoi une telle aspiration peut être interprétée comme un
retour à l'origine.
Cependant de quelle origine parle-t-on ici ? Il ne s'agit pas de l'origine de l'individu qui effectue ce
retour mais bien de celle de l'espèce...
Or au sens strict un tel retour ne semble guère avoir de sens : montrez
qu'une telle origine ne saurait être retrouvée tant le monde a été transformé par l'homme.
Demandez-vous alors quel
sens on peut donner à ce retour à la nature : n'est-ce pas justement en partie parce que c'est cette origine
imaginée ou rêvée que l'on cherche à retrouver.
La nature :
La représentation que l'homme se donne de la Nature détermine la relation qu'il noue avec elle.
Le naturel, c'est ce
qui est encore à l'état sauvage, ce qui n'est pas encore domestiqué par la culture.
La nature est aussi ce que l'on
imagine comme antérieur à la transformation par la main de l'homme : la nature vierge en opposition au champ
cultivé.
La culture est donc ce qui s'ajoute à la nature.
On voit donc aussi que ce sujet présuppose une définition politique de la nature : en opposition à la société
techniciste.
C'est l'opposition de deux idéologies globales qu'il nous faut étudier.
I.
Le retour à la nature comme acte politique
L'idée d'un retour à la nature n'est pas vraiment récente puisqu'il apparaît dès
le XVIIIe siècle à travers, notamment, la figure emblématique de Rousseau.
C'est par là même aussi, le moment où l'idée moderne de nature apparaît : elle
est constituée en contre-point de l'idée de progrès (à travers le thème de
l'industrie).
Le bon sauvage du Supplément au voyage de Bougainville est le
parangon de ce rejet de la société des artifices par le penseur de a moralité.
Le progrès, l'industrie, le commerce développent les mauvais penchants des
hommes : l'orgueil, l'égoïsme, l'avidité.
L'homme s'en trouve dénaturé.
Ce
thème est repris sans trop de difficultés dans le cadre contemporain.
L'homme
dénaturé signifie un homme coupé de la nature et ligoté dans la culture.
L'homme dénaturé, c'est l'homme déchiré entre toutes sortes de dualités.
Celle entre le citadin et du paysan.
Le premier vit dans un cadre artificiel,
entassé dans la ville, harcelé par les impératifs du travail, de la
consommation, de la circulation sous une tension continuelle.
Le paysan, qui
aspire lui aussi au statut de consommateur, est soumis aux mêmes
contraintes de rendement et se voit condamné à une vie extrêmement
difficile.
Le résultat curieux en est d'un côté, la fuite hors de la ville et de
l'autre le mouvement de l'exode rural.
Le paysan se doit de réduire ses coûts et d'augmenter sa production, pour
cela tous les moyens sont bons, même si au bout du compte ils ont pour résultat de détériorer la santé des sols et
la beauté des paysages.
L'homme dénaturé, c'est aussi l'individu, objet du système de la consommation, objet des
processus de l'économie.
La postmodernité est de part en part régie par l'argent, la productivité, la compétitivité.
Ce n'est pas la Vie qui est au premier plan des préoccupations de l'homme dénaturé, mais les intérêts économiques.
De la même manière, la post modernité entretient la dualité entre l'intellectuel et le manuel.
L'un consacre son
existence à l'abstraction, la réflexion, la culture, le savoir.
Mais il ignore la connaissance pratique, les leçons de
choses, le savoir-faire.
L'autre crée, joue avec le concret, offre sa fatigue et son courage à des machines souvent
très répétitives, mais n'accède pas à la connaissance, au savoir, à la culture.
Dans notre univers dénaturé,
compartimenté, dans nos activités fragmentaires, nous ne percevons plus la globalité de l'action, pas plus que nous
ne nous sentons vraiment responsables de nos actes.
D'où la dénaturation du travail.
De ce socle est née toute la
première pensée écologiste moderne..
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