Le respect du devoir rationnellement défini suffit-il à établir la moralité de l'action humaine ?
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«
Le devoir est-il la notion fondamentale de la morale ?
INTRODUCTION.
- La morale est assez couramment conçue comme la science du devoir ou des devoirs, en sorte
que la notion de devoir serait la notion fondamentale de la morale.
Mais il est étrange de constater que l'importance
attribuée à l'idée de devoir est assez récente : on a pu dire que les Grecs n'avaient pas de terme qui lui
correspondît : nous savons qu'en latin officium signifie office, charge, plutôt que devoir; dans l'Évangile, le Christ qui
recommande la perfection ne parle pas de devoir.
Ces faits nous suggèrent que la notion de devoir n'a peut-être pas
en morale l'importance que nous lui attribuons depuis KANT.
A.
La notion fondamentale de la morale n'est pas celle de devoir mais telle de bien.
— a) Tout d'abord, la
moralité ne se borne pas à l'accomplissement du devoir.
Ceux-là même qui prêchent la morale du devoir admettent
en général qu'on peut faire plus que son devoir, et que, dans 'ce cas, on est moralement supérieur à celui qui se
borne à son strict devoir.
b) Rejetterait-on cet argument et considérerait-on tout bien possible comme obligatoire, il resterait l'argument
essentiel : la raison du devoir est le bien.
Tu dois ne peut pas être le dernier mot de la morale, car il laisse la porte
ouverte à cette question : pourquoi dois-je? Il n'y a qu'une réponse définitive : parce que c'est bien.
C'est donc la notion de bien que nous trouvons comme dernier fondement de la morale.
Mais la notion de devoir doit-elle ou même peut-elle en être complètement éliminée ?
B.
Non.
Car, du moins pour nous, hommes, sans être la notion fondamentale, le devoir est une notion
fondamentale de la morale.
a) Du point de vue théorique, si la notion de bien en général est différente de la notion de devoir ou d'obligation, la
notion de bien moral implique celle de devoir : l'idéal lui-même se présente comme quelque chose qui doit être ou du
moins vers lequel il convient de faire effort.
b) pu point de vue pratique, il nous arrive bien d'accomplir une action jugée bonne par simple amour du bien et sans
songer explicitement au devoir; par suite, nous pouvons concevoir un être dans la vie duquel le devoir ne jouerait
aucun rôle et qui serait déterminé par la seule vue du bien : c'est ainsi que nous devons nous représenter les saints
au ciel et dans une grande mesure sur terre.
Mais, pour l'ensemble de l'humanité, la dualité de notre nature entraîne
une résistance au bien qui durera aussi longtemps .que notre condition terrestre; par suite de cette dualité, le bien
se présente, non pas comme une conduite qui va de soi et dans le sens de nos tendances, mais comme une
conduite que nous devons nous imposer, comme un devoir.
CONCLUSION.
— La morale du devoir n'est qu'une forme moyenne de la moralité : au-dessous, il y a la vie sans
idéal et sans règle qui constitue la pure amoralité; au-dessus, la vie soutenue par le pur amour du bien qui réalise la
moralité supérieure.
Mais nous ne pouvons, sur terre, nous élever à ce haut degré de moralité que par des actes
passagers.
Le niveau moral de la moralité humaine consiste, non pas à agir par pur devoir.
»
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