Le repas est-il naturel ou culturel?
Extrait du document
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I- Analyse du sujet :
Cette question soulève l'alternative Nature/Culture afin de définir l'essence du repas.
Repas : nourriture prise quotidiennement à certaines heures particulières.
Ce terme comporte deux niveaux d'analyse.
D'une part, le
repas répond à la faim et au besoin biologique de la vie.
L'acte de manger est une nécessité naturelle commune à tous les hommes.
D'autre part, manger et prendre un repas ce n'est pas exactement la même chose : le repas implique une organisation qui obéit à
certaines règles sociales et à certains codes prédéfinis.
Le repas ne concerne que l'homme et ne convient pas pour définir la manière
de se nourrir des animaux.
Nature : Dans le cadre de ce sujet, il ne s'agit pas de s'intéresser au concept de la nature comme environnement.
Ici, le naturel c'est
le nécessaire.
Il correspond à une nécessité biologique qui ne varie pas.
Le naturel, c'est l'inné, ce que l'homme ne choisit pas
d'acquérir mais qu'il possède déjà.
L'affirmation « le repas est naturel » signifie : le repas est un besoin qui se retrouve chez tous les
hommes, qui est donc universel et qui ne dépend pas de la volonté de l'homme.
Culture : contrairement à la nature, la culture est variation.
Elle diffère selon les sociétés et correspond à un héritage : le culturel c'est
l'acquis.
Dire que « le repas est culturel » signifie que l'acte de manger bien que commun à tous les hommes s'exprime de manière
particulière selon les sociétés.
II- Problématique :
Afin de saisir la portée philosophique d e cette question, il faut dépasser la simple alternative du naturel et du culturel et inscrire le
problème dans le cadre d'une réflexion sur l'homme.
En quoi le statut du repas (entre nature et culture) reflète t-il le statut de l'homme
lui-même ? Comment le repas illustre t-il la condition de l'homme face au besoin ? S'intéresser au statut du repas permet de poser la
question de savoir s'il est possible de distinguer en l'homme la nature et la culture.
III- Proposition de plan :
1- Le repas : un besoin naturel universel mais pas seulement
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L'homme est un être biologique un être de besoin.
Il ne peut éviter de se nourrir s'il veut conserver la vie.
Cependant, comme le montre le mythe de Protagoras, l'homme n'a pas les moyens de subvenir instinctivement à ses besoins,
il est démuni.
Prométhée, pour pallier à l'oubli de son frère Epiméthée, vole aux Dieux l'habileté et le feu pour en faire don à
l'homme et ainsi assurer son salut.
Or, le feu est nécessaire à l'élaboration du repas.
Il permet de transformer la nourriture, de la
faire évoluer.
C'est cet aspect qui permet de différencier le repas du simple acte de se nourrir.
Ainsi, le feu est le symbole de la culture.
L'homme s'affranchit de l'animalité.
Il ne s'agit plus simplement pour lui de manger ce
qu'il trouve dans la nature, il possède la technique, le savoir-faire utile à la préparation et à la réalisation d'un repas.
Ambiguïté : certes, le repas satisfait des besoins naturels, il est nécessaire au maintient de la vie, cependant il comporte une
dimension culturelle.
On crée et on invente pour satisfaire ce qui relève d'un invariant biologique.
2- Le repas : produit d'une histoire
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Un besoin universel dont la satisfaction dépend d'un héritage culturel particulier : on ne se nourrit pas de la même façon
partout.
Le repas se définit selon le facteur social.
Son contenu tout comme ses manifestations obéissent à un ensemble de règles
variables.
Ce code alimentaire diffère entre autres selon les pays, les classes sociales et les époques.
Tout d'abord, la réglementation de l'alimentation implique une volonté de se différencier des animaux et des hommes primitifs
qui mangent quand ils le peuvent, quand l'occasion se présente.
L'heure et le nombres de repas se définissent en fonction d e la classe social ; influence notamment du clergé et de
l'aristocratie.
Avec la révolution ce modèle se généralise dans toutes les couches sociales.
3- le repas : reflet de l'homme
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Le repas comme sublimation : Le repas est le reflet de l'homme tout entier parce qu'il rend compte de la manière dont ce
dernier sublime ses besoins et sa nature biologique.
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Le repas est un cas particulier qui montre comment l'homme réagit face au besoin.
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Par exemple, le choix et la quantité de la nourriture : différence entre la nourriture dans les classes populaires et celle dans la
haute cuisine.
Dans ce dernier cas, le repas est abordé comme une oeuvre d'art.
Les portions sont limitées, plus petites que
d'ordinaire.
C'est la qualité et l'originalité qui prévalent.
Ce raffinement montre l'affranchissement de l'homme par rapport au
besoin primitif de se nourrir.
Manger n'est plus une simple nécessité, c'est un art.
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Le cannibalisme : pratique rituelle et sacrée qui exprime une autre réalité culturelle.
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Le banquet : sublime le repas.
Il rythme la vie de l'homme.
Par exemple dans plusieurs types de communautés religieuses ou
sociales on retrouve la coutume de se réunir après le décès d'un proche.
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Il peut célébrer une fête, la joie, un événement heureux en accord avec des événements de la vie privée (mariage, etc.) ou de
la vie publique (célébration en l'honneur des dieux, pour commémorer une victoire...).
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Le banquet est aussi un prétexte pour véhiculer des idées philosophiques, politiques ou religieuses.
Ex : Le banquet de Platon : donne lieu à une réflexion sur l'amour.
Les banquets de la 3ème République en 1847 : les républicains organisent une campagne d'environ 70 banquets afin de
contourner l'interdiction de réunion et d'association et de discuter de la réforme du régime.
La Cène, Jésus institue l'Eucharistie qui fonde le christianisme.
IV- Conclusion :
Ainsi, en ce qui concerne le statut du repas, il est impossible de séparer le naturel du culturel, car le repas rend compte de l'essence
complémentaire de l'homme (à la fois naturelle et culturelle).
Le repas illustre le fait que l'homme cherche à dépasser son statut d'être de besoin en s'affranchissant de ceux-ci.
Il permet de mettre au
jour la condition de l'homme face au besoin.
Le repas est devenu un art de vivre et le repas donne lieu à des manifestations sociales et
intellectuelles qui ne sont pas confinées aux limites de l'alimentation et de la biologie : il est la sublimation de l'acte de se nourrir pour
vivre..
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