Le rapport homme nature dans l'encyclique du Pape François: Esquisse de réponse dans la culture fang-Beti du Cameroun
Publié le 26/11/2023
Extrait du document
«
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Dès les années 70 l’humanité a été principalement marquée par une évolution
exponentielle et fulgurante de la science dans tous les domaines de la vie.
Cette évolution
n’est que le résultat de la recherche effrénée de l’homme dans la science et réalisée a priori
dans les progrès scientifiques et techniques.
En effet, s’intéresser au monde c’est par ailleurs
s’intéresser au rapport qu’à l’homme avec la nature, du fait qu’il soit considéré comme un
« Dasein », c’est-à-dire un « être-au-monde » pour s’exprimer comme Martin Heidegger.
Et pourtant, ses rapports avec la nature sont totalement dénués de sens aujourd’hui.
L’homme, au lieu d’être un protecteur, un gardien de la nature est devenu un prédateur
acharné de celle-ci.
Il veut à tout prix l’assujettir, la dominer, la détruire et même la réduire
uniquement à un objet d’expérimentation.
Sa responsabilité face à la nature nous pousse à
nous interroger, surtout, au grand désarroi de la crise écologique que traverse le monde
aujourd’hui.
Dans le même ordre d’idée, Aldo Léopold explique que « la gestion actuelle des
ressources naturelles nous conduit à une impasse...
Nous maltraitons la terre parce que nous
la considérons comme une marchandise en notre possession.
Le jour où nous la percevrons
comme une communauté dont nous sommes membres, nous la traiterons avec amour et
respect »1.
Telle a été l’approche d’Aldo Léopold qui dès le départ avait soigneusement lancé
la sonnette d’alarme, partant d’un constat fait et d’une préoccupation commune de
sauvegarder notre « maison commune », en référence au Saint-Père dans sa Lettre encyclique.
Ces préoccupations rejoignent le cri de cœur du successeur de Saint-Pierre, du moment où
il s’interrogeait déjà sur l’avenir de notre Planète.
Une forte interpellation, liée à une
conscience morale et religieuse de se préoccuper du bien commun.
Puisque selon le souverain
pontife « l’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison
commune »2.Nous sommes donc sans ignorer que, les indicateurs de la crise environnementale
dévoilent que cette relation homme-nature est en grand péril 3.
La fuite en avant d’une société
nantie entraine toute la planète dans sa course folle et beaucoup de clignotants sont au rouge,
en particulier concernant la survie.
Pour rendre notre monde durable et désirable, il est grand
temps de réagir4.
L’heure est grave, notre quotidien est meublé d’inquiétudes.
Les signes de la
crise écologique sont de plus en plus visibles, et se retrouvent même dans la pollution sous
différentes formes : destruction massive des milieux naturels, épuisement des ressources
Aldo Léopold, A Sand County Almanac, New York : Oxford University Press,
1949, p.
VIII.
2
François, Lettre encyclique Laudato si’, Sur la sauvegarde de la maison commune, n°15, Libreria Editrice
Vatican, Rome, 2015.
3
La pollution de l’eau, de l’air et du sol causerait environ 6 millions de mort par an.
4
Patrick THEILLIER, Une autre Médecine est possible, mon guide pour une santé respectueuse de la
création, de la vie et de la personne.
Perpignan, Edition Artège, Février 2021, p.47.
1
1
naturelles, pillage de la planète, disparition des espèces, perturbations climatiques ou encore
risques liés aux manipulations génétiques.
Tous ces signes sont des conséquences du progrès
des sciences et des techniques.
Sommes-nous capables d’envisager une option culturelle en
réponse aux problèmes écologiques actuels ?
En ce sens, notre approche se veut culturelle puisqu’un retour urgent à nos identités
culturelles serait envisageable, notamment dans la culture Fang-Beti du Cameroun.
En effet,
le constat fait est que, les Beti constituent l’une des tribus les plus nombreuses du Cameroun.
C’est la raison pour laquelle, dans nos recherches, nous avons découvert que les Fang-Beti
font partie des groupements Bantou très présent en Afrique Centrale.
Ils sont partout dans le
monde et en Afrique en particulier, mais on les retrouve en grande majorité au Cameroun, leur
pays de prédilection5.
Ce groupement est aussi reconnu pour son attachement singulier à la
forêt, raison pour laquelle ils portent le nom de « seigneurs de la forêt ».
Sur cette base, nous
aurons à cœur d’interroger ces rapports entre l’homme et la nature, dans un contexte où, la
crise écologique est de plus en plus effective.
Pour y parvenir, nous optons pour une démarche analytique qui s’articulera suivant trois
grands chapitres : le premier est intitulé prolégomènes d’une étude historique de l’encyclique.
Il servira d’une part, à présenter l’encyclique dans son ensemble en s’appuyant sur son
contexte historique et d’autre part à en montrer la cause.
Ensuite au chapitre II, nous mettrons
en exergue le concept d’écologie intégrale suivant les interactions éthiques de l’homme avec
la nature et par-dessus tout, la question de l’écologie environnementale en lien avec l’écologie
traditionnelle des Fang-Beti au Cameroun.
Enfin dans le troisième chapitre, nous parlerons de
la question de la réception de Laudato si’ chez les Fang-Beti.
Si oui, avons-nous des faits qui
démontrent à suffisance que ce peuple détenait déjà une certaine forme d’écologie intégrale
liée à leurs valeurs culturelles et identitaires.
Compte tenu de tous ces aspects, il convient évidemment de s’interroger sur les mesures de
convenance de cette Lettre encyclique à travers un regard critique, surtout quand on sait que,
le christianisme a été tenu responsable en encourageant l’anthropocentrisme sur la nature.
Quelles perspectives pouvons-nous entrevoir pour l’Afrique de demain ? Tout étant lié, que
peux faire le groupement Fang-Beti par le biais de sa culture, pour apporter des solutions
adéquates aux problèmes écologiques actuels ?
Vincent de Paul NDOUGSA, Les peuple Beti du Cameroun, origine, ethnies et traditions, préface de
Jacques Deboheur KOUKAM, Paris, L’Harmattan, 2008, p.19.
5
2
CHAPITRE I : PROLÉGOMÈNES D’UNE ÉTUDE ET HISTORIQUE DE
L’ENCYCLIQUE LAUDATO SI.
Notre principale démarche durant cette partie consistera à présenter l’Encyclique Laudato
si’, suivant le cri de cœur du Pape François tout en évoquant la question fondamentale liée à
la problématique de la crise environnementale actuelle, et qui est a postériori le résultat d’un
mal-être entre l’Homme et la Nature.
Outre cet aspect, nous voulons préciser que cette crise révèle en elle-même la fragilité de la
question environnementale que nous tenterons d’appréhender, d’analyser tout en prenant
appuis sur une réflexion éthique qui représente pour nous une valeur sûre dans le jargon de
cette problématique ; bien qu’étant un atout pour les solutions....
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