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Le rapport avec autrui est-il fondé sur le conflit ?

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« VOCABULAIRE: CONFLIT (n.

m.) Violente opposition matérielle (conflit social), morale (conflit des devoirs) ou rationnelle (KANT : conflit de la raison avec elle-même) ; contrairement à la concurrence, le conflit suppose divergence de but entre les protagonistes. AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). APPROCHE PROBLEMATIQUE: Comment le rapport à autrui pourrait-il être fondé sur le conflit ? Ne serait-ce pas la négation de tout rapport, et la négation du droit, d'une nature sociale de l'homme ? Ou le droit n'a-t-il été une nécessité que pour dépasser ce fondement conflictuel ? Le conflit est-il au fondement de tout rapport à autrui ? Cela suppose que le conflit est premier et indépassable comme horizon, même si dans tel ou tel cas particulier le rapport conflictuel peut être moins apparent.

(L'amitié est un rapport à autrui.

Est-ce qu'elle suppose comme fondement un rapport conflictuel ?) Quel peut-être ce conflit "originaire" ? Est-ce qu'on peut simplement le déduire du fait que chacun a des intérêts particuliers ? Mais, dans ce cas, ce qui est au fondement, c'est notre intérêt personnel, mais pas le conflit.

On peut très bien imaginer que nos intérêts finissent par converger.

Donc comment définir le conflit de manière plus fondamentale ? Sartre, dans L'Être et le Néant ("Les relations concrètes avec autrui"), construit cette idée de conflit en expliquant que le sujet est à la fois sujet et objet, sujet quand il regarde l'autre, mais aussi objet pour le regard de l'autre, et que c'est cette dimension qui est originairement conflictuelle (soit sujet de mon regard, soit objet pour le regard d'autrui comme dans l'expérience de la honte, mais jamais les deux à la fois : être vu par l'autre comme sujet libre et non comme objet, c'est ce qui est impossible). Se demander si les rapports avec les autres sont nécessairement de l'ordre du conflit peut surprendre.

Que la circonstance soit possible, cela s'admet.

Qu'elle soit nécessaire, cela semble excessif: la vie avec les autres n'est pas un perpétuel affrontement.

Quel est dès lors le sens d'une telle question ? Peut-être faut-il chercher du côté du concept d'autrui, thème sous-jacent à quoi se rattachent "l'autre" ou "les autres".

Ainsi verrons-nous que si la relation à autrui se révèle nécessairement conflictuelle, les rapports avec les autres ne sauraient se réduire à cette seule modalité. Nécessité du conflit dans la relation à autrui. Autrui : un glissement de sens marque l'histoire de ce mot. • Usuellement, il s'emploie de manière restrictive, dans des phrases telles que: "on ne doit pas nuire à autrui".

Ici le statut d'autrui n'est pas celui d'un sujet au sens plein du terme. • Aujourd'hui autrui est parvenu à la dignité de sujet, désignant bel et bien l'autre que moi, « le moi qui n'est pas moi » (Sartre).

Ainsi la présence d'autrui ne saurait se confondre avec celle d'un simple objet : « originellement, l'Autre est le Non-moi-non-objet » dit Sartre.

Comme tel, il s'oppose donc d'emblée à moi, il m'exclut, il est ma négation. • L'expérience de la « honte » décrite par Sartre précise en quoi le conflit est nécessaire, inévitable : si je ne suis moi que par autrui, ma relation fondamentale à autrui par le regard est vécue comme destituante et aliénante, car les yeux qui se posent sur moi me réduisent à l'état d'objet. Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, en tant qu'il est celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.

Son mérite est d'avoir montré que, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.

Autrement dit, loin que l'on doive opposer mon être pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît comme une condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est de me faire dépendre de l'autre en mon être.

Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

» Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des consciences, c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité.

» Il reste donc à passer au niveau de l'existence effective et concrète d'autrui.

Aussi Sartre récupère-t-il le sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapports concrets d'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.

L'autre différence, c'est que si, pour Hegel, le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de la relation à autrui. On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».

Ce thème est développé sur un plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».

Parodiant la sentence biblique et reprenant l'idée hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort de l'autre ».

Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, une nature ; ma chute originelle, c'est l'existence de l'autre… » J'existe d'abord, je suis jeté dans le monde, et ensuite seulement je me définis peu à peu, par mes. »

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