Le progrès technique est-il une preuve de la liberté humaine ?
Extrait du document
«
[Introduction]
Au xvile siècle, Descartes énonça sa célèbre formule : « L'homme doit devenir comme maître et possesseur de la nature ».
Ce qui signifiait que l'homme
allait désormais commander à la nature, et ce grâce au développement technique.
Cette idée phare que, plus je suis maître de la nature, plus je suis libre,
dominera les siècles suivants, associant progrès technique et bonheur.
Aujourd'hui, nous n'en sommes plus si certains, même s'il faut d'emblée affirmer
qu'il serait absurde de vouloir retourner en arrière, dans un monde sans technique.
La question est de savoir de quoi la technique nous a affranchis et
pourquoi elle peut aussi nous asservir.
[I.
La technique nous libère d'abord de la nature]
Bergson définit l'homme comme un homo faber avant d'être un homo sapiens.
L'homme est d'abord un être qui fabrique des outils.
L'homme, contrairement à
l'animal, nie le donné naturel, le milieu dans lequel il vit.
Pour survivre, il est obligé de le transformer.
La technique apparaît comme le propre de l'homme qui
invente et produit ce que la nature n'a pas fourni.
Dans le Protagoras, Platon raconte comment Prométhée vole le feu aux dieux pour le donner à l'homme, et
lui permettre ainsi de survivre en inventant les arts (les techniques) utiles à sa vie.
La technique a permis d'améliorer nos conditions de vie, de sortir de la position précaire que nous occupions au sein de la nature.
L'utilisation du feu, des
matériaux, l'agriculture, l'industrie, ont permis de maîtriser l'environnement.
Ainsi, nous vivons mieux : meilleures santé et hygiène de vie, longévité, ont
suivi une courbe ascendante.
La technique a facilité notre vie : robots électroménagers, nouveaux moyens de transports, de communication, etc.
L'activité technique développe et
valorise la créativité, l'ingéniosité humaines.
Dans la fabrication, c'est la raison qui agit et non les instincts.
C e qui distingue la maison de l'architecte de la
toile d'araignée, dit Marx, c'est que l'architecte construit la maison d'abord dans sa tête.
L'homme qui a acquis la technique regarde le monde différemment,
en tant que donnée sur laquelle il imprime sa puissance et qu'il peut exploiter à sa guise.
La technique a donc comme premier objectif de nous libérer de la nature.
A ristote disait déjà que l'esclavage cesserait le jour où les navettes des métiers à
tisser « marcheraient toutes seules », c'est-à-dire sans la force musculaire des esclaves.
Nous pouvons résumer ainsi les apports positifs de la technique : elle libère l'homme de la souffrance du travail, de la maladie, de la nature en général.
Le
projet cartésien nous affranchit de la nature et nous ouvre de nouveaux horizons de liberté.
Mais n'y a-t-il pas un revers ?
La technique a facilité notre vie : robots électroménagers, nouveaux moyens de transports, de communication, etc.
L'activité technique développe et
valorise la créativité, l'ingéniosité humaines.
Dans la fabrication, c'est la raison qui agit et non les instincts.
C e qui distingue la maison de l'architecte de la
toile d'araignée, dit Marx, c'est que l'architecte construit la maison d'abord dans sa tête.
L'homme qui a acquis la technique regarde le monde différemment,
en tant que donnée sur laquelle il imprime sa puissance et qu'il peut exploiter à sa guise.
La technique a donc comme premier objectif de nous libérer de la nature.
A ristote disait déjà que l'esclavage cesserait le jour où les navettes des métiers à
tisser « marcheraient toutes seules », c'est-à-dire sans la force musculaire des esclaves.
Nous pouvons résumer ainsi les apports positifs de la technique : elle libère l'homme de la souffrance du travail, de la maladie, de la nature en général.
Le
projet cartésien nous affranchit de la nature et nous ouvre de nouveaux horizons de liberté.
Mais n'y a-t-il pas un revers ?
Mais la technique nous rend prisonniers des objets]
Depuis Descartes, révolutions industrielles, découverte de l'électricité, de l'atome, ont transformé totalement notre rapport au monde.
Les machines ont en
grande partie libéré le corps de la fatigue musculaire, les produits se sont multipliés.
Mais il y a, semble-t-il, une rançon à payer.
Pollution, destruction,
pression psychologique : l'homme, producteur de la technique et libéré de la nature grâce à elle, en vient à devoir se protéger de ce qu'il a engendré.
Une
nouvelle aliénation s'est développée.
Le travail est sans doute physiquement moins pénible, mais l'homme en est dépossédé, il n'a plus qu'un rôle
d'exécutant.
L'hyperspécialisation génère une technologie de pointe que seuls les « experts » maîtrisent.
Les loisirs eux-mêmes n'échappent pas à cette espèce de nouvel esclavage engendré par la technique.
Marcuse dénonce l'imposture des loisirs dans la
société de consommation.
Les loisirs endorment les tendances révolutionnaires des hommes et font de chaque individu un être « unidimensionnel », sans
facultés critiques, aux besoins stéréotypés, complice sans le savoir – et ne voulant pas hon plus savoir – de l'ordre existant.
Pour Marcuse, les seuls
individus « critiques » de la société de consommation sont les marginaux.
La technique entrave l'action de l'homme sur la nature.
Cette séparation, cet oubli de nos origines, est source de danger.
Toutes les transformations
techniques, aujourd'hui, nous ont fait perdre le contact avec la nature.
Il n'est pas question de regretter les temps préhistoriques des cavernes, bien sûr,
mais nous devons nous interroger sur la société que nous avons échafaudée.
Nous vivons dans une société où les objets pullulent : « Les hommes de
l'opulence, écrit J.
Baudrillard, ne sont plus tellement environnés, comme ils le furent de tout temps, par d'autres hommes que par des objets ».
La technique est toujours une provocation, mais vivre, c'est prendre des risques.
L'homme semble paradoxalement devenu prisonnier de la technique qui l'a
pourtant libéré et lui a permis de survivre.
Vivre sans technique est aujourd'hui impensable.
Reste à chacun de rester en éveil, d'exercer son devoir de
citoyen afin de vouloir être libre.
Ce n'est pas la technique qui choisit la société, mais bien nous qui décidons du monde dans lequel nous voulons vivre.
[Il.
Mais la technique nous rend prisonniers des objets]
Depuis Descartes, révolutions industrielles, découverte de l'électricité, de l'atome, ont transformé totalement notre rapport au monde.
Les machines ont en
grande partie libéré le corps de la fatigue musculaire, les produits se sont multipliés.
Mais il y a, semble-t-il, une rançon à payer.
Pollution, destruction,
pression psychologique : l'homme, producteur de la technique et libéré de la nature grâce à ellê, en vient à devoir se protéger de ce qu'il a engendré.
Une
nouvelle aliénation s'est développée.
Le travail est sans doute physiquement moins pénible, mais l'homme en est dépossédé, il n'a plus qu'un rôle
d'exécutant.
L'hyperspécialisation génère une technologie de pointe que seuls les « experts » maîtrisent.
Les loisirs eux-mêmes n'échappent pas à cette espèce de nouvel esclavage engendré par la technique.
Marcuse dénonce l'imposture des loisirs dans la
société de consommation.
Les loisirs endorment les tendances révolutionnaires des hommes et font de chaque individu un être « unidimensionnel », sans
facultés critiques, aux besoins stéréotypés, complice sans le savoir – et ne voulant pas non plus savoir – de l'ordre existant.
Pour Marcuse, les seuls
individus « critiques » de la société de consommation sont les marginaux : les chômeurs, les immigrés, etc.
La technique entrave l'action de l'homme sur la nature.
Cette séparation, cet oubli de nos origines, est source de danger.
Toutes les trans
formations techniques, aujourd'hui, nous ont fait perdre le contact avec la nature.
Il n'est pas question de regretter les temps préhistoriques des cavernes,
bien sûr, mais nous devons nous interroger saur la société que nous avons échafaudée.
Nous vivons dans une société où les objets pullulent : « Les
hommes de l'opulence, écrit J.
Baudrillard, ne sont plus tellement environnés, comme ils le furent de tout temps, par d'autres hommes que par des objets ».
[Conclusion]
La technique est toujours une provocation, mais vivre, c'est prendre des risques.
L'homme semble paradoxalement devenu prisonnier de la technique qui l'a
pourtant libéré et lui a permis de survivre.
Vivre sans technique est aujourd'hui impensable.
Reste à chacun de rester en éveil, d'exercer son devoir de
citoyen afin de vouloir être libre.
Ce n'est pas la technique qui choisit la société, mais bien nous qui décidons du monde dans lequel nous voulons vivre..
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