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Le progrès technique est-il une fatalité ?

Extrait du document

« L'idée de fatalité laisse supposer qu'on ne peut rien faire pour contrer ou modifier les choses.

Un événement fatal est censé se produire quelles que soient les circonstances.

Souvent, on dit que " c'était écrit ", comme si tout était lié à une sorte de destin qui nous dépasse.

Le problème de la fatalité dans le développement de la technique implique que ce même développement est appelé à se réaliser de manière continuelle sans que l'on puisse s'y opposer.

Ainsi, on peut par exemple estimer qu'on ne " lutte pas contre le progrès " et qu'un retour dans le passé serait non seulement impossible mais encore néfaste.

Cependant, on peut s'interroger sur la valeur d'une telle position.

Le développement de la technique est-il si indépendant que nous ne puisions rien faire pour le contrôler ? L'homme peut-il se laisser dépasser par ce développement ? Nous pouvons avoir le sentiment d'être les spectateurs d'un mouvement qu'on ne peut maîtriser.

En effet, les progrès de la technique se manifestent dans notre vie quotidienne de manière telle qu'on ne fait que les constater, souvent d'ailleurs avec une certaine surprise et sans avoir réellement pu les anticiper.

On peut même aller plus loin et considérer que ne pouvons que nous adapter.

Mais n'est-ce pas là inverser en quelque sorte les rôles ? N'est-ce pas en dernière analyse l'homme qui est à l'origine de ce développement ? A-t-il les moyens de le contrecarrer ? Sommes-nous encore libres face à la technique ? [Le progrès technique est un phénomène naturel et inévitable.

L'histoire humaine se résume en définitive au progrès des sciences et techniques.] La technique est un phénomène biologique.

La main comme outil naturel "Ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains. En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils : or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs.

Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres.

C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main.

Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué et qu'il est le moins bien partagé des animaux (parce que, dit-on, il est sans chaussures, il est nu et n'a pas d'armes pour combattre), sont dans l'erreur.

Car les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer pour un autre, mais ils sont forcés, pour ainsi dire, de garder leurs chaussures pour dormir et pour faire n'importe quoi d'autre, et ne doivent jamais déposer l'armure qu'ils ont autour de leur corps ni changer l'arme qu'ils ont reçue en partage.

L'homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisible d'en changer et même d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut.

Car la main devient griffe, serre, corne, ou lance ou épée ou toute autre arme ou outil.

Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir." Aristote. Ce texte a donc pour objet de montrer que non seulement l'homme n'est pas le moins bien pourvu des animaux, mais même qu'il est celui qui a été pourvu d'un organe tout à fait spécial, qui peut remplir la fonction de tous les autres moyens qui ont été donnés aux autres animaux : la main. En effet, « les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer pour un autre ».

Ils ne peuvent pas même s'en séparer momentanément.

Le lion doit garder ses griffes et l'aigle ses serres.

Le renversement de perspective par rapport au mythe de Prométhée est donc radical : l'homme est en réalité le mieux pourvu car il possède la main qui représente, virtuellement, tous les autres outils naturels donnés aux êtres vivants. Avec cette main, il possède de « nombreux moyens de défense » et il lui est toujours loisible d'en changer, de sorte qu'il possède l'arme qu'il veut, quand il veut.

Car la main peut devenir «griffe, serre, corne [...] ou toute autre arme ou outil ». La main est donc un outil naturel qui « tient lieu des autres » et c'est là toute sa spécificité.

Pourquoi, alors, la nature a-t-elle donné à l'homme seul cet outil « de loin le plus utile » ? C'est que la nature ne fait rien en vain, selon Aristote, et si elle a doté l'homme de la main, c'est parce qu'il est seul capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques. Seule, en effet, l'activité humaine est véritablement inventive.

La technè est chez l'homme une disposition tournée vers la création, et « accompagnée de raison », ce qui l'oppose de ce fait, aux autres animaux.. »

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