Le progrès technique est-il réellement un progrès pour l'humanité?
Extrait du document
«
Il s'agit de se demander si le progrès de l'humanité se mesure au progrès technique.
Le progrès technique ne peut-il
pas aussi conduire à davantage d'atrocités parfois.
Pensez au fait que les périodes de guerres sont de grands
moments de développement de la technique.
Vous pouvez alors dans ces conditions constater que cela ne se fait
pas nécessairement dans le but d'un progrès de l'humanité.
[Les progrès de la technique permettent aux hommes de vivre mieux.
La technique a permis à l'homme
d'améliorer infiniment les conditions matérielles de son existence et d'aller toujours plus loin dans la
conquête de la nature.]
Le marteau, comme la technique, n'a aucun pouvoir en soi
Envahis par les outils et les machines, nous attribuons à la technique des pouvoirs qu'elle n'a pas.
Le marteau
n'a aucun pouvoir tant qu'il n'est pas manié par un homme, et la question qui nous occupe revient donc à
poser cette interrogation: utilisé pour planter un clou et construire une maison ou, au contraire, pour taper
sur la tête de mon voisin, le marteau est-il toujours un progrès ? La réponse semble évidente...
La technique est un moyen de maîtriser la nature
Depuis le XVI ième siècle, les hommes entendent conquérir la nature grâce aux nouvelles inventions
techniques.
Ce projet est résumé par Descartes, lorsqu'il plaide en faveur d'une science pratique, qui permette
à l'homme de se rendre «maître et possesseur de la nature».
Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » (1637), Descartes
met au jour un projet dont nous sommes les héritiers.
Il s'agit de
promouvoir une nouvelle conception de la science, de la technique et
de leurs rapports, apte à nous rendre « comme maître et possesseurs
de la nature ».
Descartes n'inaugure pas seulement l'ère du mécanisme,
mais aussi celle du machinisme, de la domination technicienne du
monde.
Si Descartes marque une étape essentielle dans l'histoire de la
philosophie, c'est qu'il rompt de façon radicale et essentielle avec sa
compréhension antérieure.
Dans le « Discours de la méthode »,
Descartes polémique avec la philosophie de son temps et des siècles
passés : la scolastique, que l'on peut définir comme une réappropriation
chrétienne de la doctrine d'Aristote.
Plus précisément, il s'agit dans notre passage de substituer « à la
philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles » une «
philosophie pratique ».
La philosophie spéculative désigne la
scolastique, qui fait prédominer la contemplation sur l'action, le voir sur
l'agir.
Aristote et la tradition grecque faisaient de la science une
activité libre et désintéressée, n'ayant d'autre but que de comprendre
le monde, d'en admirer la beauté.
La vie active est conçue comme
coupée de la vie spéculative, seule digne non seulement des hommes,
mais des dieux.
Descartes subvertit la tradition.
D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie »,
d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de
connaissance.
Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de maîtrise s'introduit au coeur même de l'activité de
connaître.
La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophie
pratique ».
« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on
jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais
principalement aussi pour la conservation de la santé [...] »
La nature ne se contemple plus, elle se domine.
Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte à
l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».
Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle
de la technique.
Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut
s'appliquer dans une technique.
La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une
science appliquée.
D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nos
artisans ».
Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».
Il n'est pas.
»
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