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Le progrès technique entraine-t-il l'apparition de nouveaux devoirs ?

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Il apparaît clair que la technique appelle de nouveaux devoirs dans la mesure où les morales du passé, comme celle proposée par Kant sont inopérantes à l'heure d'une technique dominante, présente dans tous les domaines de la vie humaine. Il faut désormais envisager des préceptes qui soient capables de véritables maximes d'actions pour nous aider à préserver la nature et la vie humaine. C'est donc bien la vie matérielle qui conditionne la vie de l'esprit. On ne peut plus concevoir une vie intellectuelle qui soit en dehors de toute contingence. 

« Le progrès technique entraîne-t-il de nouveaux devoirs ? Selon Kant, la volonté bonne donne accès à la conscience du devoir, conçue comme expérience du fait que le pouvoir pratique de la raison s'exerce en l'homme comme un commandement.

Cette expérience du devoir n'est pas en continuité avec les penchants, le désir ou l'intérêt ; elle ne provient d'aucun vécu antérieur d'origine sociale, religieuse ou psychologique.

La maxime de l'action est une maxime subjective de la volonté qui peut être formulée comme impératif de l'action.

Kant écarte les justifications du devoir qui font du respect du devoir une action utile ou une action désirable, permettant d'accéder au bonheur.

Mais qu'est-ce que le devoir ? Alors que l'ensemble des choses et des êtres vivants, animés ou inanimés, agit selon des lois, seul l'homme, en tant qu'être raisonnable, peut se déterminer à partir de la représentation de ces lois ; représentation contraignante pour la volonté, et c'est pourquoi elle prend la forme d'un « impératif ».

« Puisque l'impératif ne contient, en dehors de la loi, que la nécessité », pour la volonté, « de se conformer à cette loi », et puisque la loi « ne contient aucune condition à laquelle elle soit astreinte, il ne reste rien que l'universalité d'une loi en général, à laquelle la maxime de l'action doit être conforme ».

Kant aboutit ainsi à la formulation d'un « impératif catégorique » : « Agis uniquement d'après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle », ou encore : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.

» Kant déduit de ce principe des applications aux problèmes moraux traditionnels.

Il faut comprendre que le « respect » de la loi morale se confond avec la « dignité » de l'homme.

L'impératif catégorique peut alors se reformuler : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» Aussi la technique peut se définir comme « ensemble de procédés bien définis et transmissibles, destinés à produire certains résultats jugés utiles ».

La technique se distingue donc de la simple habitude : elle n'est pas simplement une manière d'agir ou un état d'esprit acquis par la répétition fréquente des mêmes actes mais elle implique au contraire une représentation rationnelle plus ou moins abstraite.

Mais la technique n'est pas pour autant réductible à la science puisque cette dernière a pour fin de représenter la réalité alors que la technique se propose de la transformer.

Ce qui est essentiel dans la notion de technique, c'est le rapport de moyens à des fins (des buts) : une technique est un moyen ou un ensemble de moyens adapté(s) à une (ou parfois plusieurs) fin(s).

Aussi, de la confrontation de ces deux définitions se pose la question de savoir si tous les moyens sont bons pour la réalisation de la technique, doit-on pour parer à tout risque en allant au-devant des nouveaux dangers de la technique en créant de nouveaux devoirs qui soient adaptés aux avancées très rapides de l'avancement de la technique ? 1) La transformation de la technique. Le processus irrésistible qui devait conduire l'humanité à l'abondance et au communisme la conduit vers la déshumanisation totale et la catastrophe.

L'avenir de l'homme était le « règne de la liberté » ; le « destin de l'être » conduit maintenant à l'« absence des dieux ».

Là où l'on s'aperçoit que le mouvement technologique contemporain possède une inertie considérable, qu'il ne peut être dévié ou arrêté à peu de frais, qu'il est lourdement matérialisé dans la vie sociale, on tend à faire de la technique un facteur absolument autonome, au lieu d'y voir une expression de l'orientation d'ensemble de la société contemporaine.

Et là où l'on peut voir que « l'essence de la technique n'est absolument rien de technique » (Heidegger, La Question de la technique), on replonge immédiatement cette essence dans une ontologie qui la soustrait au moment décisif du monde humain au faire.

Cet arraisonnement n'a rien en vérité de technique.

Il fait la différence entre le commettre et le dévoilement.

Cet arraisonnement entrave le véritable dévoilement qui n'est possible en définitive qu'avec l'art.

La technique provoque la nature, Un paysan par exemple en labourant sa terre ne la provoque pas.

Il n'y a plus d'accord entre l'homme et la terre, il doit la transformer pour en tirer une énergie, une matière qui ne se trouve pas comme telle disponible.

Construire un barrage, une carrière de minerais, une centrale nucléaire est une provocation.

Aussi le travail du paysan sera dit proche de la nature, et la technique moderne éloigne l'homme de la nature en vérité puisque l'homme cherche à en outrepasser les limites, à la dépasser, à en retirer quelque chose qu'elle ne donne pas naturellement.

Pour Heidegger, le pouvoir que peut posséder la technique vient en vérité d'un tournant qui s'est produit dans l'orientation des sciences, moment cartésien de la mathématisation, moment Galiléen qui a ouvert la possibilité de mathématiser toute l'expérience.

Aussi, la technique est neutre, mais son usage ne l'est pas, elle est régie par des valeurs qui émanent d'un pouvoir politique ou social. 2) La technique appelle de nouveaux devoirs moraux. Selon Hans Jonas dans le Principe La technique a transformé en profondeur l'essence de l'agir humain.

La technique a considérablement augmentée la portée de l'agir humain.

La portée causale déborde tout ce que l'on a connu autrefois.

La promesse technique s'est transformée en menace, ce que l'homme pourra faire à l'avenir n'a pas d'équivalence par le passé.

Elle a fait apparaître de nouveaux devoirs.

L'éthique antique est inopérante à l'heure de la technique.

Aujourd'hui, les conséquences de certains actes ne seront visibles que dans quelques centaines d'années.

L'exemple de la pollution, de la surexploitation des ressources forestières, des pêches abusives, de la disparition des déchets nucléaires) .Aussi tous nos pronostics à long terme sont incertains.

Le principe responsabilité voudra donc que l'on favorise les hypothèses pessimistes au profit des hypothèses optimistes.

Le mal est toujours certain.

Le principe responsabilité dit « Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatible avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre.

» Il s'agit d'un droit à l'existence d'une vie pas encore actuelle.

Ce principe est programmatique, il vise quelque chose qui ne s'est pas encore produit.

L'homme s'est vu. »

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