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Le pouvoir des mots constitue-t-il seulement un abus de langage ?

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Qu’ils soient écrits ou prononcés, les mots sont capables de prendre différentes formes. Transmis depuis toujours, ils traversent l’Histoire de l’homme tout en évoluant. Victor Hugo voit d’ailleurs le mot comme un véritable « être vivant ». Tout le monde appréhende ce qu’est un mot mais pourtant il semble qu’il nous cache bien des secrets. Le mot pourrait se définir comme un groupe de sons correspondant à un sens dans lequel se distribue le langage. Un abus de langage pourrait se définir comme un usage inapproprié à ce que l’on voudrait exprimer, un abus par rapport à la logique, à ce que l’on pense. Mais que constituent les mots au-delà de son simple attribut de vecteur du langage ? En quoi cette simple suite de sons régit-elle les rapports que l’homme entretient avec lui-même et avec son environnement ? Quelles conséquences ont les mots sur autrui ? Y a-t-il des mots plus « puissants » que d’autres ? Les mots possèdent-ils un réel pouvoir, ou ce pouvoir des mots constitue-t-il un mauvais usage, un usage mal ajusté à ce que l’on veut exprimer ?

Il s’agira de voir dans une première partie le pouvoir des mots comme abus de langage, puis nous verrons sur quoi repose le véritable pouvoir des mots, d’abord sur l’efficace du langage sur soi-même, puis sur autrui.

« Qu'ils soient écrits ou prononcés, les mots sont capables de prendre différentes formes.

Transmis depuis toujours, ils traversent l'Histoire de l'homme tout en évoluant.

Victor Hugo voit d'ailleurs le mot comme un véritable « être vivant ».

Tout le monde appréhende ce qu'est un mot mais pourtant il semble qu'il nous cache bien des secrets.

Le mot pourrait se définir comme un groupe de sons correspondant à un sens dans lequel se distribue le langage.

Un abus de langage pourrait se définir comme un usage inapproprié à ce que l'on voudrait exprimer, un abus par rapport à la logique, à ce que l'on pense.

Mais que constituent les mots au-delà de son simple attribut de vecteur du langage ? En quoi cette simple suite de sons régit-elle les rapports que l'homme entretient avec lui-même et avec son environnement ? Quelles conséquences ont les mots sur autrui ? Y a-t-il des mots plus « puissants » que d'autres ? Les mots possèdent-ils un réel pouvoir, ou ce pouvoir des mots constitue-t-il un mauvais usage, un usage mal ajusté à ce que l'on veut exprimer ? Il s'agira de voir dans une première partie le pouvoir des mots comme abus de langage, puis nous verrons sur quoi repose le véritable pouvoir des mots, d'abord sur l'efficace du langage sur soi-même, puis sur autrui. * La présence du « seulement » dans « le pouvoir des mots constitue-t-il seulement un abus de langage ? » laisse à penser que déjà, il semble évident que le pouvoir des mots constitue un abus de langage.

On peut commencer par dire simplement qu'un mot seul prononcé ou placé tel quel, tout seul, n'a aucun intérêt ni aucun impact sur le reste du monde voire sur l'individu qui le prononce.

Donc le mot en soi ne semble pas avoir un réel pouvoir quel qu'il soit lorsqu'il est utilisé seul.

Il faut donc considérer non plus seulement le mot seul, mais plutôt les mots, groupes de mots, phrases, paragraphes, c'est-à-dire aborder la question du pouvoir d'un mot accompagné d'autres mots. Dans ces conditions, les mots considérés de manière isolée ont-ils une force, un pouvoir ? Y a-t-il autre chose autour des mots qui permettent de donner ou de renforcer le pouvoir des mots ? Dans ces considérations, on peut commencer par dire que le pouvoir des mots n'a aucun sens si on ne tient pas compte du contexte dans lequel ils sont écrits ou prononcés.

Aristote dans Le Discours, souligne bien que l'acte de communication verbale est un « procès linguistique » qui fait intervenir un destinateur et un destinataire auquel est transmis un message sensé, dans un contexte particulier.

Par exemple, un discours prononcé pour une campagne présidentielle aura un pouvoir qui se voudra persuasif sur des éventuels électeurs.

Mais un discours vantant par exemple les mérites d'un produit quelconque qui serait prononcé lors d'une campagne électorale n'aurait aucun impact, aucun pouvoir quel qu'il soit, et serait ici tout à fait conforme à ce que l'on pourrait qualifier d'abus de langage, étant donné qu'il ne serait pas approprié à ce que la logique voudrait exprimer. Les mots à proprement parler n'ont pas de réel pouvoir si l'on les observe hors contexte, ce pourquoi c'est faire preuve d'un abus de langage que de parler du « pouvoir des mots ». Intervient également ici le problème de l'énonciation, de l'intonation : « les voix ont un pouvoir étrange sur les mots. Une seule intonation sur une syllabe et tout change » (Claire France, Autour de toi, Tristan).

Peut-on considérer les mots en dehors de la façon dont ils sont exprimés ? Plus difficile à percevoir à l'écrit qu'à l'oral, la prononciation, l'intonation, le mode d'énonciation est cependant essentiel lorsque l'on s'intéresse aux mots.

En effet, tout cela peut retranscrire certaines émotions, qui sont relatives au langage.

Un individu énervé prononcera ses mots sur un ton plus élevé, et évidemment différent de celui d'un individu calme, et dans le cas où l'on prendrait la même phrase prononcée, on remarquerait que la différence ne se ferait donc plus au niveau des paroles, mais au niveau de l'intonation.

Le message que l'on veut faire passer se définit aussi et en grande partie par la façon dont il est exprimé.

Des fois même, les mots et le ton sur lequel ils sont prononcés sont discordants.

C'est le cas de l'ironie notamment, où ce que l'on veut exprimer est en fait, à travers l'antiphrase, le contraire de ce que l'on va finalement déclarer, et pourtant, le message sera reçu et perçu par le destinataire, non en tant que ce qui a été exprimé, mais au contraire au sens de ce que l'on voulait en réalité dire.

Si par exemple un professeur dit à son élève « tu es un énorme travailleur » en lui rendant une copie nulle, il fait preuve d'ironie, et donc il s'agit d'un abus de langage ici car ce que le professeur dit n'est ni vrai ni cohérent, c'est mal ajusté.

Et pourtant admettons que l'élève se mette à sourire, alors le message exprimé a bien été reçu par l'élève qui comprend évidemment l'ironie du professeur, grâce à l'écart entre ses mots et la réalité. Ainsi, il semble logique de dire que sans intonation, le pouvoir des mots perd une partie importante de sa crédibilité. De là découle le souci également du style, qui constitue de la part de la personne qui s'exprime une caractérisation qui lui est propre, un écart personnel de la manière d'exprimer les mots.

Les différences de style (d'écriture ou d'élocution) peuvent modifier en conséquence l'impact des mots sur l'environnement des individus.

Quelqu'un qui sait manier les mots de manière éloquente aura plus de facilité à dominer les autres, à exercer un pouvoir sur autrui.

En ce sens, les mots seuls ne constituent ici encore pas le fait de leur pouvoir, mais ce pouvoir est dû à l'éloquence de celui qui s'exprime.. »

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