Le pouvoir de l'État est-il facteur de liberté ou d'expression ?
Extrait du document
«
1.
REMARQUES PRÉLIMINAIRES.
L'intérêt rationnel d'une question en forme d'alternative invite la réflexion à mettre à l'épreuve le sens de cette
alternative, à se demander ce qui la rend possible.
Ceci répond généralement à des perceptions contradictoires, à
des opinions divergentes, qui indiquent et signifient l'existence d'un problème.
Par exemple, la perception de l'État
comme instance oppressive est fréquente.
Il en va de l'appréhension immédiate de tout pouvoir qui exige et
sanctionne, règle plus ou moins fortement les rapports entre les hommes.
Mais aussitôt, l'idée d'une telle régulation
peut tout aussi bien être perçue positivement, dès lors qu'elle affranchit chaque homme de la précarité, de la
menace imminente d'une agression, de l'arbitraire qui pourrait être lié à l'exercice débridé des rapports de force
inter-individuels.
Il faut donc se demander comment deux perceptions aussi contradictoires peuvent être associées.
La pensée critique rencontre alors la nécessaire distinction du droit et du fait une chose est la fonction idéale de
l'État (Spinoza écrivait que la fin ultime de l'État est la liberté) ; autre chose son rôle réel, notamment lorsqu'il est
assujetti à des intérêts particuliers (Marx allait jusqu'à identifier la nécessité même d'un pouvoir d'Etat à l'existence
de la lutte des classes et à la domination d'une classe sur une autre).
L'État de la domination d'une classe sociale chez Marx
« Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait,
élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le
travail, le pouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir
public organisé aux fins d'asservissement social d'un appareil de
domination d'une classe.
Après chaque révolution, qui marque un progrès
de la lutte des classes, le caractère purement répressif du pouvoir d'État
apparaît de façon de plus en plus ouverte» [La Guerre civile en France,
p.
60-61].
La conception marxiste de l'État est ici résumée dans son
principe essentiel : l'État capitaliste est l'appareil de domination de la
classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris par la violence comme ce
fut le cas, par exemple, durant les journées de juin 1848.
Durant cellesci, la république bourgeoise avait montré le despotisme absolu d'une
classe sur les autres classes.
Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.
« Il est bien
plutôt un produit de la société à un stade déterminé de son
développement ; il est l'aveu que cette société s'empêtre dans une
insoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions
inconciliables qu'elle est impuissante à conjurer.
Mais pour que les
antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se
consument pas — elles et la société — en une lutte stérile, le besoin
s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir
dans les limites de l'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elle et lui devient
de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, p.
156].
Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmes
raisons, l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la domination
d'une classe sur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.
208 sq.] —
l'ordre social.
D'où l'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avec
quelques difficultés sur les moyens d'y parvenir.
Le matérialisme de Marx pose que les idéaux, et plus généralement les idées des hommes, ne s'expliquent pas par
quelque inspiration intellectuelle, mais par des conditions matérielles, les manières de produire, les réalités
économiques.
A la question classique : Quel est l'État idéal ?, Marx oppose donc celle-ci : Quelles sont les
conditions qui rendent nécessaire telle ou telle forme politique ?
« Qu'est-ce que la société, quelle que soit sa forme ? Le produit de l'action réciproque des hommes.
Les hommes
sont-ils libres de choisir telle ou telle forme sociale ? Pas du tout.
Posez un certain état de développement des
facultés productives des hommes, et vous aurez une telle forme de commerce et de consommation.
Posez certains
degrés de développement de la production, du commerce, de la consommation, et vous aurez telle forme de
constitution sociale, telle organisation de la famille, des ordres ou des classes, en un mot telle société civile.
Posez
telle société civile et vous aurez tel État politique, qui n'est que l'expression officielle de la société civile.
» MARX,
Lettre à Annenkov
Ordre des idées
1) Définition générale de la société : l'ensemble des liens entre les hommes, qui résulte des rapports qu'ils
entretiennent les uns avec les autres.
2) Origine des diverses formes sociales qui apparaissent au cours de l'histoire
— Elles n'ont pas été librement choisies par les hommes ; ceux-ci ne construisent pas n'importe quelle société, en
fonction de tel idéal qui ne dépendrait que de leur volonté.
— Elles résultent du développement des forces productives.
Les moyens et manières de produire les biens matériels
d'une époque donnée ont pour conséquence de développer certaines manières d'échanger et de consommer ces.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le pouvoir de l'Etat est-il facteur de liberté ou d'oppression ?
- La liberté d'expression vous semble-t-elle pouvoir menacer l'ordre public ?
- Le pouvoir de l'État est-il un facteur de liberté ou d'oppression?
- Le pouvoir de l'état est il facteur de liberté ou d'oppression ?
- Le pouvoir de l'État est-il facteur de liberté ou d'oppression? ?