Le politique avant l'état ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
POLITIQUE: 1) comme adjectif, qui a rapport aux affaires publiques, à l'État.
2) Comme nom au féminin: science
ou art de diriger les affaires publiques, de gouverner un État.
3) Comme nom masculin, personne qui gouverne.
Du grec polis, « la cité ».
Désigne l'art de gouverner la cité, de diriger un État.
Repose-t-elle sur un savoir théorique
ou n'est-elle qu'un ensemble de techniques ? Sur quoi se fonde l'autorité politique ? Tels sont les grands axes de
réflexion de la philosophie politique.
État
Ensemble durable des institutions politiques et juridiques qui organisent une société sur un territoire donné et
définissent un espace public.
Le problème essentiel est celui de la légitimité des fondements de l'État.
1.
La cité
La cité antique désigne une communauté de citoyens dans laquelle les liens politiques entre les hommes
apparaissent comme la réalisation de leur nature : « L'homme est par nature un animal politique » (Aristote, La
Politique).
Dans la cité, des vertus et une langue communes rassemblent les hommes pour leur permettre de bien
vivre.
C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on
retrouve en substance la formule d'Aristote.
On traduit souvent mal en
disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot
« politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui
est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec.
En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en
justifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la tradition grecque,
reprend la conception classique de la « cité » et se démarque des thèses de
son maître Platon.
Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement
humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la
« polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».
Il affirme de
même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse
extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau
voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence
autonome et indépendante, mais appartient naturellement à une communauté
politique qui lui est « supérieure ».
Enfin Aristote tente de différencier les
rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la
cité proprement dite.
La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine, « L'homme est
animal politique au suprême degré ».
En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association minimale qui
permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.
Composée du père, de la mère,
des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitaux minimaux, à une sphère « économique » comme
disent les Grecs.
« D'autre part, la première communauté formée en vue de la satisfaction de besoins qui ne sont
pas purement quotidiens est le village.
»
Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et ne sont pas
propres à l'humanité.
Le cas de la « polis » est différent.
« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour
permettre de bien vivre.
» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins : sa
fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plus le vivre
mais le bien vivre.
Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, qui dépasse la sphère
économique pour atteindre la sphère morale.
« Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment du bien
et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui
engendre famille et cité.
»
Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder à sa
pleine humanité.
Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les sentiments
moraux.
Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins
l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une
sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de viser le bonheur,
d'entretenir avec les autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Dissertation: Toute politique n'est-elle qu'une lutte pour le pouvoir ?
- La politique en chine
- Correction de l’explication d’un texte de Hobbes Extrait tiré de l’ouvrage Le Citoyen ou Les Fondements de la politique, 1642
- THEME 1 – COMPRENDRE UN REGIME POLITIQUE : LA DEMOCRATIE (cours)
- Lucidité et cécité : OEdipe politique