Le plaisir esthétique est-il désintéressé ?
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ANALYSE ET PROBLEMATISATION DU SUJET.
§ Parler de plaisir désintéressé semble de prime abord contradictoire, dans la mesure où le terme plaisir
vient du terme latin placere : plaire, être agréable.
Le plaisir est alors un sentiment agréable que
procure une sensation ou une action, et ce, dans la satisfaction d'un besoin ou la représentation d'un
désir.
Le plaisir est donc intrinsèquement lié au désir, il est donc recherché et apparaît comme tel
toujours objet d'un intérêt, à savoir, largement, la satisfaction de ce désir.
§ Le plaisir esthétique, en tant que plaisir, semble donc ne pas pouvoir échapper à cette définition.
En
effet, le plaisir que l'on prend à contempler une œuvre d'art semble marqué par un intérêt, dans la
mesure où c'est bien pour satisfaire un certain désir que nous décidons de contempler telle œuvre.
§ Un plaisir esthétique désintéressé semble alors être une contradiction dans les termes puisque nous
recherchons dans l'art un certain sentiment d'agréable, une certaine satisfaction des sens.
Le plaisir
esthétique, lié au besoin ou au désir semble même être la projection de ce besoin sur l'œuvre et dès
lors, c'est bien l'intérêt qui est primordial dans le plaisir esthétique.
§ Cependant, cette projection d'un besoin duquel nous recherchons à tirer du plaisir n'est-il pas
tributaire d'un certain conditionnement de l'homme ? Est-ce son propre besoin que l'homme projette
sur l'œuvre ou est-ce un besoin créé par son environnement ? Le plaisir esthétique, lié à l'utile ou
l'agréable, n'est-il pas le signe même d'un asservissement de l'homme à une certaine condition ?
L'intérêt dans le plaisir esthétique serait alors un intérêt conditionné.
§ Mais peut-on alors encore parler de plaisir ? Le plaisir ne doit-il pas être lié à la liberté de l'homme ?
Dès lors, ne faut-il pas redéfinir le plaisir esthétique comme plaisir désintéressé afin de conserver la
liberté dans la plaisir.
Dès lors, le plaisir désintéressé ne serait pas inhérent au sujet face à l'œuvre
d'art, mais se dirait sur le mode d'un devoir-être nécessaire au sujet et à l'appréciation de l'œuvre
d'art.
§ Le plaisir esthétique est-il nécessairement lié à un intérêt projeté par le sujet sur l'œuvre, cet intérêt
n'étant libre que de manière illusoire car en réalité toujours conditionné et l'œuvre n'étant alors pas
nécessairement appréciée justement, ou faut-il redéfinir le plaisir esthétique comme plaisir
désintéressé, alliant liberté du sujet et harmonie du sujet et de l'œuvre et permettant un jugement
droit sur l'œuvre en question ?
PROPOSITION DE PLAN.
I)
Le plaisir esthétique est toujours lié à la projection d'un désir, donc à un intérêt.
§ Une des fonctions primordiales de l'art est de plaire, et le plaisir esthétique est alors lié intrinsèquement à
la sensation d'agréable et appartient à la sphère privée de l'individu qui ressent une émotion particulière
et personnelle face à une œuvre.
Le plaisir esthétique est donc un sentiment qui semble être tributaire
des sens.
Aussi, face à une toile, certains vont s'identifier avec le personnage représenté, et ce, en
fonction de leur ressenti propre et personnel.
Le cas de l'œuvre romanesque semble être le plus flagrant :
en effet, le plaisir que l'on tire de la lecture d'une telle œuvre est lié à l'identification qui se produit entre
moi lecteur et le héros du roman.
Le plaisir esthétique apparaît donc lié au désir, voire au besoin, que
chacun projette sur l'œuvre face à laquelle il se trouve.
Tout plaisir esthétique semble donc intéressé et
c'est en outre ce qui semble précisément faire tout l'intérêt du plaisir esthétique lui-même : j'ai un
rapport personnel et intime avec l'œuvre qui est face à moi et je peux m'exprimer et satisfaire mon désir à
travers elle.
Le plaisir esthétique apparaît donc intéressé dans la mesure où il est subjectif.
Le plaisir naît
du désir et en témoignent les réactions divergentes que différents individus peuvent avoir face à une
même œuvre.
En effet, un individu peut prendre un plaisir intense à lire Madame Bovary de Flaubert,
projetant sur l'œuvre un désir de romance, de parcours initiatique là où un autre ne ressentira pas là
même chose et préfèrera un roman d'aventure, projetant sur l'œuvre une soif de découverte et de
rebondissements.
§ Il semble donc que ce soit le propre de l'art que de procurer un plaisir intéressé, dans la mesure où l'œuvre
semble s'adresser aux hommes dans leur individualité.
Le plaisir esthétique serait donc lié à un
subjectivisme, et c'est ce que semble montrer Hume dans ses Essais esthétiques et plus particulièrement
dans l'essai intitulé « De la délicatesse du goût et de a passion ».
Dans ce texte en effet, Hume définit la
beauté comme la réaction émotionnelle de la nature humaine.
Qui plus est, certains hommes sont selon lui
sujets à une « délicatesse de passion », c'est-à-dire une délicatesse exacerbée qui fait qu'ils ont des
plaisirs plus vifs et seront mus par ces plaisirs plus fortement.
Le plaisir esthétique dépend donc du sujet
qui est face à une œuvre, de sa sensibilité, de ses désirs et besoins et à ce titre c'est bien l'intérêt qui
est la marque même de l'art et du plaisir que l'on peut en retirer..
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