Le plaisir est-il tout le bonheur ?
Extrait du document
«
Le plaisir s'éprouve dans l'instant et se rapproche plutôt de la sensation.
Le bonheur, quant à lui, est l'état de pleine
satisfaction des penchants humains.
Il est certain que le bonheur est la quête commune à tous les hommes, mais
nul ne sait vraiment comment ni par quels moyens il est possible, à supposer que le bonheur soit réellement
accessible et non de l'ordre du mirage, d'y parvenir.
Car, puisque le bonheur est relatif et subjectif, on peut
envisager que chacun va le chercher à travers des modes de vie différents.
Ainsi, pour certains, la quête du
bonheur commence par celle du plaisir, pour d'autres, elle commence par la quête de la vertu, de la sagesse.
Pour comprendre si le bonheur peut consister dans le plaisir, il conviendra avant tout de dissocier les notions de
plaisir et bonheur, de les définir clairement, pour ensuite étudier le bonheur dans le plaisir puis dans la vertu.
« Le plaisir est le bonheur des fous.
Le bonheur est le plaisir des sages », nous dit l'auteur français Barbey
d'Aurevilly.
Cette citation montre bien que même si elles sont intimement liées, ces deux notions de « bonheur » et
« plaisir » se doivent d'être distinguées.
En effet, une définition précise de ces deux termes est assez difficile à
donner étant donné qu'elles sont relatives et subjectives, chaque individu ayant de celles-ci sa propre conception,
et pourtant, on peut tout de même en faire la distinction.
Car, même s'ils évoquent tous deux des situations agréables, les deux termes sont loin d'avoir le même sens.
Max
Scheler, philosophe allemand, a d'ailleurs écrit : « « je peux joyeusement endurer une douleur et savourer sans joie
le bouquet d'un vin ».
Il faut donc soigneusement distinguer bonheur et plaisir.
Le plaisir est simplement du domaine de la sensation, il s'agit de la satisfaction ponctuelle de telle ou telle tendance
biologique (comme la faim ou la soif), de telle ou telle envie, ou de tel ou tel besoin.
Les plaisirs sont donc divers et
nombreux.
Le plaisir s'éprouve dans l'instant sur une courte durée.
Dans l'Ethique à Nicomaque, Aristote définit le
plaisir non comme une fin en soi, mais comme une chose qui « doit être associée au bonheur » qui s'ajoute au but à
atteindre.
Il accompagne donc la quête du bonheur.
Le bonheur au contraire, se définit comme l'état de complète satisfaction des penchants, des besoins humains.
Un
homme véritablement heureux n'éprouve ni regret, ni douleur, ni crainte, ni contrariété, il est comblé, pleinement
satisfait.
Mais si cet état est accessible à l'homme, quels sont les moyens pour l'atteindre ? De nombreuses et
diverses philosophies se sont attachées à comprendre comment l'atteindre, soit en cultivant les plaisirs (hédonisme
épicurien), soit en voulant que les choses arrivent comme elles arrivent et non comme on voudrait qu'elles soient
(stoïcisme), ou encore en ayant la naïve pensée selon laquelle « tout est pour le mieux dans le meilleur des
mondes » (optimisme selon Leibniz).
La recherche du bonheur est une quête commune à toutes les philosophies, pour la simple bonne raison que,
consciemment ou inconsciemment, c'est la quête commune à tous les hommes.
La plupart des philosophies antiques sont des eudémonismes (du grec eudaimonia : bonheur) et font de la recherche
du bonheur le but de l'existence humaine.
Mais si elles s'entendent de manière consensuelle sur la fin, elles sont bien
loin de s'accorder sur les moyens.
Ainsi, la conception du bonheur dans le plaisir se rapproche étroitement de la philosophie épicurienne.
En effet, pour
les épicuriens, la recherche du bonheur est la finalité de l'existence mais pour vivre heureux, il faut vivre dans le
plaisir, plaisir défini par l'absence de troubles.
Epicure lie indissociablement plaisir et bonheur : « le plaisir est le
commencement et la fin de la vie heureuse », écrit-il dans sa lettre à Ménécée.
Ainsi donc, par « plaisir » il n'entend
pas le mouvement de la jouissance, qui s'inscrit dans l'instant, mais plutôt un état stable et durable lié à l'absence
de troubles ou de douleurs.
Il convient donc pour connaitre ce « plaisir » de guérir l'âme de ce qui peut la troubler,.
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