Le pardon est-il contraire aux exigences du droit ?
Extrait du document
«
[Le droit exige que celui qui a commis une faute ou lésé quelqu'un soit puni.
Le pardon est dangereux
pour le respect du droit et la pérennité sociale.]
Le droit exige la punition
L'un des principes fondamentaux du droit est son effectivité.
En effet que serait une loi non appliquée ? Aussi,
toute infraction doit-elle être sanctionnée.
Ainsi, les délits du plus anodin ou plus grave doivent être
sanctionnés par des peines proportionnées.
Si cette règle est violée alors l'ordre et la cohésion sociale sont
menacés.
Je dois payer pour mes fautes et mes manquements
De même, le droit exige que celui qui a fait du tort à quelqu'un doive, outre la sanction subie pour avoir
enfreint la loi, payer des réparations à la personne qu'il a lésée, réparations qui doivent équivaloir au dommage
causé.
Si je provoque un accident et que je démolis la voiture d'un autre conducteur, je devrai (ou mon
assurance) payer pour la réparer.
C'est une survivance de l'ancienne loi du talion.
C'est la la justice
répressive.
Elle proportionne les sanctions à la gravité de la faute.
Sous sa forme primitive, elle tient compte
seulement de l'importance du dommage.
C'est la loi du talion, véritable équation : oeil pour oeil, dent pour
dent; une justice plus évoluée tient compte des intentions du coupable et proportionne la punition à la
mauvaise volonté de celui-ci plutôt qu'à l'importance des dégâts.
Le pardon n'est pas de droit
Le pardon est une démarche personnelle, subjective qui ne relève pas de la justice, car il court-circuite le
principe légale de la sanction.
En tant qu'il ne relève d'aucun code social, le pardon ne peut être un principe
de droit.
Lorsqu'un crime a été commis, il nous semble que ce qui compte, c'est que le coupable soit puni, que justice
lui soit rendue! Que l'on pardonne ou non, est accessoire.
Le mal est fait, il s'agit d'agir en conséquence.
[Il est humain de pardonner car tout le monde peut faire des fautes.
Le pardon n'est pas contraire au droit
parce qu'il ne remet pas en cause le principe de la punition.]
Le pardon n'est pas l'antidote du droit
Le pardon n'efface pas la culpabilité et ne remet pas en cause les principes de la sanction et de la réparation
instituées par le droit.
Il est une démarche éthique, morale que la victime accomplit spontanément et en toute
liberté et en toute conscience à l'égard de celui qui lui a porté préjudice.
Les instances qui appliquent le droit
ne sont pas tenues par la choix personnel de la partie lésée.
La justice ne pourra rien réparer de ce mal qui a été commis, rien rattraper du passé et faire que ce qui a été
fait ne l'ait pas été! Que serait la justice sans la possibilité pour le criminel de se racheter? Somme toute, un
acte de vengeance légal.
Ce qui ne veut pas dire que pardonner implique en rien d'empêcher la justice de suivre son cours.
Le criminel
qui demande pardon à la victime ne lui demande pas grâce.
Mais c'est que pour lui désormais l'essentiel est
ailleurs: il s'agit d'autre chose que de payer ou non pour ce qu'il a fait.
Le pardon suscite le regret, le remords et enfin le repentir
Le pardon n'est pas une absolution, mais une démarche visant à susciter chez le coupable des sentiments de
reconnaissance et de contrition.
Dans la mesure où le droit n'est pas seulement punitif, mais aussi correctif,
l'on peut penser que le pardon est une bonne manière d'amener le coupable à regretter ses fautes.
C'est une
manière de lui donner une chance de s'amender.
C'est là qu'intervient le miracle du pardon.
Pardonner, c'est finalement, sans rien refaire du passé, sans rien
oublier, accepter de ne pas en tenir compte.
C'est rendre au coupable la possibilité d'être à nouveau autre.
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