Le monde devint rêve et le rêve devint monde
Extrait du document
«
« Le monde devint rêve et le rêve devint monde.
» dit Novalis.
Il montre par là que l'objectivité des sciences ne
peut pas nous faire saisir la réalité du monde humain qui est investi d'un imaginaire actif.
Le « monde » est d'abord notre monde, comme tout vivant a son « milieu ».
Tout vivant forme une boucle avec son
milieu, depuis le métabolisme cellulaire qui transforme l'énergie de la matière brute en énergie cellulaire qui servira à
son tour à transformer son milieu.
« Notre » monde est celui que nous avons aménagé, construit à l'image de
l'homme, c'est à dire selon notre imagination et nos rêves.
Cependant, s'il y a « un » monde, il doit être le même pour tous, que ce soit pour les premières cellules vivantes ou
pour les hommes.
Un tel monde n'est peut être pas à l'image de nos rêves, s'il dépasse « notre » monde, notre
milieu, il doit être étranger à nos rêves et à nos fantasmes.
Pour le penser, il faut sortir de nos mondes subjectifs
pour penser le monde objectif.
Problématique :
Tout psychisme a « son » monde, ordonné à sa vie, cependant, s'il y a « un » monde, il doit dépasser tous ces
petits mondes et être le même pour tous.
Y a-t-il un monde ?
I : Notre monde est subjectif
1)
« L'homme est un dormeur éveillé » Gaston Bachelard.
Nous ne saisissons jamais le monde qu'à travers
notre expérience du monde qui est toute tissée d'imaginaire.
2)
Le vivant et son milieu.
Tout être vivant a un « milieu », c'est à dire un monde ordonné à ses besoins, ce
milieu se distingue du monde physique, il est avant tout un monde qualifié où n'a d'importance que ce qui
interagit avec l'animal.
3)
Un exemple : la vie de la tique a fait l'objet d'une célèbre analyse par l'éthologue Jakob von Uexküll.
Celleci ne réagit qu'à trois stimulants :A-la femelle fécondée grimpe sur une branche, et attend le passage d'un
animal ; lorsque le stimulus olfactif a lieu (perception d'acide butyrique, l'odeur des glandes sudoripares des
mammifères), elle se laisse tomber ; si elle ne tombe pas sur un animal, elle remonte sur une branche ; B-un
stimulant tactile lui permet d'aller vers un emplacement de la peau dénué de poils ; C-elle s'enfonce jusqu'à
la tête dans la peau de l'animal, se remplit de sang, se laisse tomber, pond ses oeufs et meurt.
Quoique limité par rapport au nôtre, ce monde est un monde à part entière.
II : « Le » monde est objectif
1)
La science cherche des lois universelles, c'est à dire valables en tout temps et en tout lieu.
Avec ces lois
elle pense un monde « objectif », c'est à dire un monde dont les objets sont rigoureusement déterminés par
des lois universelles.
2)
Ce monde n'a rien à voir avec le rêve, il est indépendant de nos fantasmes.
C'est d'ailleurs de ses rêves
que le scientifique doit se détacher.
Bachelard parle d' « obstacles épistémologiques », ce sont des images,
des préjugés sur le monde dont le savant doit se défaire pour découvrir la réalité du monde objectif.
Nous
rêvons un monde dans notre veille, c'est ce monde que la science tente de dépasser.
3)
D'où nous vient l'idée d' « un » monde alors que chacun vit dans « son » monde.
Husserl remarque que
dans tous les langages, dans toutes les cultures, il y a une tendance universelle à dire « le » monde au lieu
de « mon » monde.
Il y a comme une tendance naturelle à penser l'objectivité du monde.
III : Des mondes au monde
1)
L'idée d'un monde.
S'il y a un monde, celui ci dépasse tous les petits mondes.
Selon Kant, une telle idée
est ce qu'il appelle un « Idée métaphysique », c'est à dire une hypothèse qui ne sera jamais vérifiée par
l'expérience.
Cependant, cette Idée peut diriger, donner un sens à nos action.
C'est pourquoi, selon Sartre,
notre projet existentiel va de paire avec une idée de ce que le monde devrait être.
2)
Penser le monde c'est penser la totalité des mondes.
C'est donc à la notion de totalité que nous renvoie
la pensée du monde : il faut aussi bien penser les mondes comme milieux que le monde comme unité.
Si le
monde est un cercle que fait l'individu avec son milieu, la totalité des mondes pourrait être pensée sur le
modèle que Hegel donne de l'Encyclopédie : un cercle de cercles.
3)
Penser le monde devient aujourd'hui une urgence, nos dépenses énergétiques détruisent l'écosystème
global de la planète.
Certains philosophes en appellent comme Hans Jonas à une « éthique de la
responsabilité ».
Il ne s'agit plus de rêver le monde, mais de le penser impartialement dans son destin
objectif.
Conclusion :
Novalis disait : « Le monde devint rêve et le rêve devint monde.
» pour manifester la réalité du monde subjectif, la
positivité du rêve dans le monde humain.
Cependant, aujourd'hui, notre monde objectif est menacé par un manque.
»
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