Le monde de Schoppenhauer
Publié le 06/02/2023
Extrait du document
«
Schopenhauer a voyagé jeune, ce qu’il a vu du monde a-t-il attisé
sa curiosité ? Ou son esprit curieux a t’il trouvé, au gré des pays et personnes
rencontrés, le terreau de sa pensée ?
La conséquence est là, écrite dans son journal « la vie est un dur problème,
j’ai décidé de résoudre ce problème », une énigme à résoudre, dont il serait
capable.
Il envisage donc rapidement le monde dans sa globalité et ce point de
vue synoptique le conduit à organisé sa pensée, la construction de la
résolution de son énigme, autour de « concepts très universels », les siens
sont la représentation et la volonté.
Nous allons ainsi nous attaché à comprendre comment Schopenhauer définit
le monde, comment le décrit –il ? Le délimite t’il ?
Pour ce faire nous évoluerons au sein de son œuvre « Le monde comme Volonté
et représentation » publié en 1819, alors qu’il avait à peine 31ans, et
régulièrement enrichi par l’auteur.
Cet ouvrage est constitué de 4 livres, le premier et le troisième abordent le
thème de la représentation, les deuxième et quatrième celui de la Volonté.
Ces quatre livres interdépendants sont voulus par l’auteur à l’image d’une
construction organique, chaque partie complète et modifie les autres et cette
énergie circulaire, celle de la philosophie et de son rôle selon Schopenhauer,
guidera le lecteur vers la vérité.
L’annonce de ce projet métaphysique est
clairement exprimée dans la préface de la troisième édition de son œuvre.
Schopenhauer, lecteur averti de Kant, s’émancipe de la pensée de son
illustre prédécesseur, puisqu’il redonne à la métaphysique sa place comme clé
pour accéder à la connaissance du monde, à la vérité, à la chose en soi.
Mais il le rejoint car il fondera sa métaphysique sur une expérience intuitive,
la « perception intime de son corps ».
Ce découpage nous guidera le long de notre réflexion: De quel monde parle-til ? Quel est celui de la représentation ? Qu’est ce qu’une représentation et
qu’y voir ?
Puis nous nous interrogerons sur le monde comme Volonté, de quelle Volonté
s’agit-il ?
Enfin nous découvrirons quel lien l’auteur fait entre ces deux concepts, et quel
but voulait-il donner à cette recherche ?
Comme Kant, Schopenhauer s’inscrit dans la tradition qui critique le
réalisme : la réalité n’est pas distincte ni indépendante de l’acte par lequel
nous la connaissons, elle n’est pas indépendante de notre conscience.
Déjà nous comprenons sa position, le regard qu’il porte sur le monde :
le monde et le sujet pensant qui le regarde, qui cherche à le connaitre,
interagissent.
Et quand il formule « le monde est ma représentation », c’est
bien toute la place du sujet qui est envisagée, posant une dualité entre le
sujet et l’objet.
Le monde de la représentation est ainsi celui de la
connaissance que le sujet peut en avoir à travers sa perception.
Mais pas
uniquement ! La conscience de ce rapport subordonne le monde à l’idée que
le sujet s’en fait, à la représentation qu’il s’en fait.
Chez Schopenhauer le concept de représentation a un sens très large qui
recouvre tout ce qui se comprend en termes de dualité entre le sujet et objet
d’une part, et tout ce qui est subordonné au principe de raison d’autre part :
tout ce qui existe a une cause.
Le livre 1 pose les bases de cette théorie de la
connaissance en insérant le principe de causalité, i.e.
l’entendement, du coté
des formes nécessaires à la connaissance à côté de l’espace et du temps,
dépassant ainsi la conception kantienne, puisqu’il lie intuition et entendement.
Nous percevons un objet dans l’espace, qui est hors de nous et antérieur à la
perception visuelle que nous en avons, et nous comprenons que c’est cet
objet, avec sa dimension spacio temporelle, qui est cause de notre
perception.
Ce processus n’est pas propre aux hommes et concerne aussi les
animaux.
Pour reprendre la terminologie kantienne, la représentation est le règne de
l’apparence, du phénomène, c’est l’image que l’être humain se fait du monde
au travers de sa pensée.
Si l’on garde à l’esprit la vision que Kant avait du monde, chez Schopenhauer
le phénomène devient représentation, qu’en est-il de la chose en soi
Le livre II nous apporte la réponse, nous passons de la représentation à la
Volonté, nous passons de la théorie du monde comme représentation à celle
du monde comme Volonté.
Mais il ne s’agit pas d opposer le livre I qui serait
celui de l’approche scientifique au livre II qui serait celui de la métaphysique :
la science ne peut tout expliquer, elle serait donc une propédeutique à la
métaphysique.
Comment procède-t-il pour rattacher à ce concept
métaphysique ceux qu’il a proposé dans le livre I ? Il apparait que le monde
comme représentation n’est qu’une approche morcelée de la réalité, autre
chose existe.
Ce que Schopenhauer appelle Volonté est très différent de ce que la
philosophie traditionnaliste nommait Volonté.
Selon Saint Thomas par exemple, elle est « l’appétit rationnel », i.e.
quelque
chose qui relève d’une l’impulsion guidée par l’intelligence, la raison.
Alors que ce que Schopenhauer découvre sous le terme de Volonté c’est une
réalité plus profonde, déconnectée de la raison, qu’il choisi d’écrire avec un
« v » majuscule.
Tout son travail va maintenant constituer à la déconstruction du sens de
Volonté comme alors perçue, jusqu’à le faire coïncider à celui qui apparait a
travers ce qui est perçu par le corps, pour faire aller ce concept de Volonté
jusqu’à ce que l’on appellerait aujourd’hui la pulsion.de vie.
Selon les acquis du livre I, la Volonté n’est pas réductible aux explications
raisonnables, parce que lorsque l’on convoque les raisons on convoque les
motifs, qui ne sont pour l’auteur que des explications qui relèvent de
l’occasionnalisme, excluant alors l’interaction de la représentation et de la
Volonté.
.
La Volonté chez Schopenhauer déborde l’acte du sujet disant « je
veux », elle dépasse la conscience du sujet et possède donc une dimension
plus large que l’individu.
Pour exemple, retenons l’explication qu’il donne des instincts sexuels : ils
consistent à protéger l’humanité entière, comme un principe de perpétuation
de la vie, plus qu’en un choix délibéré d’un partenaire pour l’individu luimême.
Il travaille pour l’espèce, gouverné par une volonté qui le dépasse.
La Volonté est ce qui résiste au principe de raison, et c’est par là qu’est la
voie de la métaphysique.
La Volonté pour Schopenhauer....
»
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