Le moi s'identifie-t-il à la conscience ?
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«
Définitions:
MOI (n.
m.) 1.
— Désigne le sujet en tant qu'il se pense lui-même.
2.
— Idée que se fait de lui-même un individu
quelconque.
3.
— (Psychan.) Instance de la seconde topique freudienne (opposé au ça et au surmoi), le moi (das
Ich) dépend des revendications du ça et des impératifs du surmoi ; il apparaît comme un facteur de liaison des
processus psychiques et représente le pôle défensif de la personnalité.
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
Problématique:
Faut-il inclure les contenus de l'inconscient et les influences sociales clans ce qui me constitue en propre? Suis-je
plus que ce que je crois être actuellement ? Les états de conscience sont changeants.
Est-ce un argument contre
l'unité du moi ?
Introduction
Qu'est-ce qu'avoir conscience de quelque chose ? La définition d'un tel processus semble au moins afficher ce
caractère : la conscience est toujours conscience d'un moi.
Lorsque je perçois, je me perçois comme moi me
percevant ; mais je ne peux pas dire que je ne perçois « que » moi, exclusivement.
S'il existe une communauté
certaine entre le moi et la conscience, s'agit-il d'une identification, c'est-à-dire d'une égalité parfaite, co-extensive,
qui amènerait à conclure à l'identité des deux objets ? Et si non, comment un écart entre le moi et la conscience
peut-il quand même aboutir à la fondation de la conscience par le moi ?
I la conscience comme synthèse du divers : Kant et Husserl
- Kant : la possibilité de l'expérience consciente ne peut se faire que sous la
règle d'un « Je » transcendantal (comme condition de possibilité).
Ainsi, à
chaque fois que je pense à quelque chose, cette pensée est accompagnée
d'une pensée implicite synthétisant l'unité de celui qui pense : le « Je pense »
(Critique de la raison pure).
Par conséquent, même si la conscience s'oriente
vers l'extérieur, elle est toujours reprise dans une synthèse personnelle et
individuelle du moi.
"Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme
infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.
Par
là, il est une personne; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les
changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même
personne, c'est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la
dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on
peut disposer à sa guise ; et ceci, même lorsqu'il ne peut pas encore
dire le Je, car il l'a cependant dans sa pensée.
Il faut remarquer que l'enfant, qui sait déjà parler assez correctement,
ne commence qu'assez tard (peut-être un an après), à dire Je; avant, il
parle de soi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher,
etc.) ; et il semble que pour lui une lumière vienne de se lever quand il
commence à dire Je; à partir de ce jour, il ne revient jamais à l'autre
manière de parler.
Auparavant il ne faisait que se sentir; maintenant il
se pense."
Emmanuel Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique (1798), trad.
M.
Foucault, Vrin, 1984.
Ce texte de Kant situe très exactement la frontière qui permet de séparer l'homme de l'animal et ce, en posant
entre eux une barrière infranchissable.
Les animaux ont-ils une conscience? Certes, le monde animal n'est pas homogène, et entre l'abeille, qui manifeste
l'instinct le plus aveugle, et les mammifères, qui paraissent exprimer une certaine intelligence, les différences sont
telles que la question ainsi posée, dans sa généralité, n'a pas vraiment de sens.
Toutefois, l'homme, et lui seul, possède le « Je dans sa représentation», c'est-à-dire la capacité de se représenter
lui-même et de se penser comme un «moi», par-delà la multiplicité et la mobilité de ses contenus de conscience et
de ses sensations.
Capacité que ne possède aucun autre animal, car l'homme seul a conscience de soi.
Telle est la thèse que Kant cherche à défendre ici, et qui a pour conséquence de poser que ce pouvoir « élève
l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre ».
Les animaux sont en effet soumis à la puissance des stimuli, c'est-à-dire des stimulations sensorielles vis-à-vis.
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