Le moi peut-il être objet de connaissance ?
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«
Introduction
Le moi est un terme qui fait débat dans la pensée philosophique : qu'est-ce que le moi ? Est-ce une
illusion ? Est-ce quelque chose de changeant ou de stable ? Peut-on le connaître ? Dans le dictionnaire, on peut lire
que le moi est, dans le sens commun, « la personne, en tant qu'elle se désigne elle-même, et qu'elle présente une
certaine stabilité ».
Cette définition reste assez vague et nous éclaire peu sur la nature du moi.
Aussi est-on amené à se poser le problème suivant : peut-on connaître le moi ?
Dans le vocabulaire freudien, le moi signifie quelque chose de bien précis et est un objet d'investigation.
Cela ne
nous empêche de nous demander si le moi n'est pas en réalité qu'une fiction verbale.
En ce sens, on ne pourrait pas
connaître le moi qui en fait ne serait rien.
Mais pourquoi alors avoir inventé cette fiction ? Peut-être pour garantir la
possibilité d'une connaissance.
En effet, chez Kant, le moi n'est pas objet de connaissance mais condition de
possibilité de celle-ci.
I-
Une définition précise du moi
Chez Freud, le moi est quelque chose de bien précis.
Il fait partie de sa seconde topique également
composée du ça et du surmoi.
Le ça est le siège des pulsions, le surmoi est le siège des interdits et des exigences.
Quant au moi, il représente les intérêts de tout le psychisme.
Il est un médiateur entre le ça, le surmoi et l'extérieur.
Bien que Freud définisse précisément le moi et opère un travail psychanalytique dessus, le moi reste en lui-même
quelque chose de fictif, de même que la topique freudienne.
Dans son Abrégé de psychanalyse, Freud dit lui-même
poser l'hypothèse d'une localisation.
Le moi freudien a une position très difficile : il lutte contre le ça et le surmoi et
doit les satisfaire tous les deux.
Lorsqu'il n'y parvient pas, il tombe en névrose ou en psychose.
Le travail de
psychanalyse sert à éviter cela.
Cette définition du moi est un cas bien particulier.
Peut-on connaître le moi de façon plus générale ?
II-
Le moi est une illusion, il ne peut être un objet de connaissance
Qu'est-ce que le moi ? Le moi peut d'abord être assimilé à la conscience de sa propre individualité
empirique.
Il peut s'agir également d'une conscience individuelle attentive à ses propres intérêts et égocentrique.
En
ce sens, Pascal traite le moi « (d') haïssable ».
Le moi peut aussi être défini comme une réalité abstraite
permanente, invariable, c'est-à-dire une substance.
Enfin, le moi peut renvoyer au sujet conscient de sa propre
unité.
Il n'y a donc pas de définition unique du moi.
Qu'est-ce que le moi ? Pascal se pose précisément cette question dans ses Pensées.
Afin d'y répondre, il opère une
méthode soustractive.
D'un premier cas (l'exemple du passant), il conclut que le moi n'est pas général mais toujours
particulier.
D'un deuxième exemple (l'amour et la beauté), il conclut que le moi n'est pas dans l'apparence physique
qui est périssable.
Or, les qualités intellectuelles le sont également.
Ce n'est donc pas cela le moi.
Il en vient à la
conclusion que l'on n'aime jamais quelqu'un pour lui, pour son moi, mais toujours pour des qualités d'emprunts comme
la beauté ou l'intelligence.
"Le moi est quelque chose d'insaisissable si on ne le définit pas par ses
qualités.
Ma personne n'est qu'une personne parmi beaucoup d'autres, noyée
et perdue dans la masse.
Je n'existe pour personne en particulier et ma propre
personne est indifférente aux autres en général.
Ceux-ci ne sont pas là pour
moi, et je ne suis pas là pour les autres.
Rien ne peut distinguer ma propre
personne des autres personnes si ce n'est mes qualités qui définissent ma
singularité.
Mais que sont ces qualités sinon des apparences provisoires et
périssables ? Peut-on aimer quelqu'un pour sa beauté ? "Non, car la petite
vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus."
On ne peut aimer la rose pour sa beauté, car la beauté flétrit et fane un jour,
et on ne l'aime plus.
Si l'on me considère pour mes qualités, puis-je me définir
par elles ? Non plus, car on peut aimer mon jugement et ma mémoire, mais l'on
ne m'aime pas moi.
Car je pourrais perdre ces qualités sans me perdre moimême.
Le moi n'est donc ni dans l'âme, ni dans le corps, et on ne peut aimer
l'âme ou le corps que pour ses qualités qui ne sont pas substantielles.
Peut-on
aimer la substance d'une âme, abstraction faite de toutes ses qualités ? C'est
chose impossible et injuste.
"On n'aime donc jamais personne, mais seulement
des qualités."
III-
Le moi n'est pas objet de connaissance mais condition de
possibilité de celle-ci.
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