Le Moi chez Rousseau - Théorie des trois types d’hommes chez Rousseau
Publié le 24/05/2022
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Théorie des trois types d’hommes chez Rousseau :
Rousseau distingue dans l’Émile trois types de « moi » qu’il hiérarchise du meilleur au pire.
Le premier type est celui de l’homme naturel ; c’est le moi idéal.
Le problème est que, par
définition, l’homme naturel ne peut faire société car dès lors qu’il s’allie durablement aux autres, il
cesse d’être naturel.
L’homme naturel est nécessairement une unité individuelle.
Il est un à lui seul.
Ce type de moi n’a de rapport véritable qu’avec lui-même, il n’a par conséquent aucun devoir moral
et ne fait qu’utiliser sa sensibilité pour son propre bien-être.
Il ne se soucie pas de l’humanité ou de
la « grande société », seul son organisme compte.
De ce fait, il n’y a aucune raison pour qu’il
envisage le corps social.
Le deuxième type de moi considère en revanche le corps social comme l’homme naturel
considère son propre corps, à savoir comme un organisme dont la santé devrait être la première,
voire seule préoccupation.
En fait, Rousseau tient la logique suivante : si l’homme fait société –
autrement dit, s’il sort de l’état de nature – alors la meilleure décision est de le dénaturer au
maximum ou en tout cas de façon radicale.
Ceci explique l’affirmation suivante : « Les bonnes
institutions sociales sont celles qui savent le mieux dénaturer l’homme ».
C’est en suivant ce
principe que l’on obtient le moi social radical ou si l’on préfère, l’homme civil.
L’homme social
radical s’oppose à l’homme naturel car il est radicalement social, or le caractère social, aussi petit
soit-il, suffit pour distinguer un individu naturel d’un individu sorti de l’état de nature.
En fin de
compte, homme naturel et homme social sont déjà deux états opposés en soi lorsqu’on adopte une
lecture rousseauiste de l’homme.
L’homme civil, en tant qu’être social, n’est que le membre d’un organisme particulier : la patrie.
Cette idée est fondamentale car dans pareille configuration, le moi n’est plus un « entier » absolu
comme il l’était à l’état naturel mais devient alors un entier relatif, c’est-à-dire une « unité
fractionnaire qui tient au dénominateur » commun : l’ensemble des citoyens.
Sur ce point là aussi le
moi de l’homme naturel et le moi de l’homme civil s’opposent (relatif et absolu étant deux parfaits
contraires).
Alors qu’aux yeux de l’homme naturel, seule sa propre individualité importe, au yeux
de l’homme civil, c’est d’abord la patrie dont il fait partie qui importe.
Cela ne veut pas dire que la
stricte individualité n’est pas digne d’intérêt pour l’homme civil, au contraire même, puisque la
patrie est justement une somme d’individus.
Cela veut dire que le bien n’est plus seulement ce qui
est bon pour moi, mais ce qui est bon pour nous ; que l’homme civil n’est « plus sensible que dans
le tout ».
En effet, si le moi est transporté dans « l’unité commune » il se plie au bien commun.
Dans une même logique, quelque chose n’est mauvais que s’il est néfaste pour le corps social.
« Tant que la patrie va bien, tout va bien » ; ainsi pourrions-nous résumer l’état d’esprit de
l’homme civil.
C’est d’autant plus clair lorsque Rousseau prend l’exemple de la femme de Sparte,
mère de cinq enfants envoyés à la bataille, qui aux dernières nouvelles se réjouit de la victoire
militaire plutôt que de s’attrister de la mort de tous ses fils.
Il en va de même pour le Lacédémonien
qui se réjouit de ne point avoir été admis au conseil des trois cents qu’il voulait pourtant intégrer, se
disant qu’il y a donc dans Sparte trois cents hommes qui valent mieux que lui.
Enfin, de la même façon que l’homme naturel s’aliène de tout corps social, l’homme civil s’aliène
de tout ce qui est hors de son corps social.
C’est ce que signifie la phrase suivante : « Toute société
partielle, quand elle est étroite et bien unie, s’aliène de la grande ».
Dans un même temps, Rousseau
fait comprendre que pour avoir une société bien unie, il faut qu’elle s’aliène de la grande ; il ne faut
pas que ses citoyens accordent de valeur réelle au reste du monde, dans le sens où il doit être ignoré
(« tout patriote est dur aux étrangers : ils ne sont qu’hommes, ils ne sont rien à ses yeux »).
C’est un
« inconvénient » mais il est « faible » et « inévitable », le symptôme d’une société saine..
»
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