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Le méchant peut-il être heureux ?

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« Analyse du sujet: q Il faut pour comprendre le sujet bien définir les termes qui sont articulés. q Tout d'abord, qu'est-ce qu'un méchant ? On dit de quelqu'un qu'il est méchant quand il a commis un acte injuste ou qui cause de la peine.

La figure du méchant ne convient pas pour qualifier une personne qui a pu être, à certains moments, blessants ou cruels mais plutôt pour une personne qui a fait le choix du mal. q Si le méchant fait le choix du mal, il faut se demander pourquoi fait-il ce choix.

Qu'est-ce qui le pousse à commettre des actes dont il sait qu'ils sont injustes ? C'est ce qui nous permet de rejoindre la question du bonheur.

Le bonheur, en effet, est ce que les hommes visent.

C'est en tout cas un principe classique en philosophie.

Or, la voie du mal, pour peu qu'il y ait une voie du mal, peut-elle nous permettre d'y accéder ? Pour cela il faut bien définir ce qu'est le bonheur. q Le bonheur est un état durable, être heureux ce n'est pas éprouver un plaisir soudain, une joie éphémère mais éprouver une satisfaction.

Or, pour de multiples raisons, il semble que le méchant ne puisse accéder à ce contentement de soi pour peu qu'il est conscience d'être méchant. Problématisation: Mais alors il faut nous demander qu'est-ce qui peut motiver l'homme à faire le mal.

Si le méchant n'est pas heureux, est-il seulement malheureux ? La question du bonheur est-elle parfaitement réductible à la question du bien ? Il faudra dans le devoir interroger cette figure parfois caricaturale du méchant, en se demandant pourquoi on produit de telles figures. Proposition de Plan: 1.

Le méchant n'existe pas. a) Tout homme vise quelque bien pour lui-même.

Aristote dans l'éthique à Nicomaque fait du souverain bien la fin ultime des hommes.

Les hommes n'agissent qu'en vue d'une vie heureuse et accomplie.

Si le mal comme action humaine existe, ce n'est pas parce qu'il y a des hommes méchants, mais que les hommes se trompent soit dans leur conception du bonheur, soit dans les moyens d'y parvenir.

Par exemple, si croyant qu'il faille posséder de nombreux biens matériels pour être heureux, un homme est prêt à perdre des amis, alors il ne se trompe pas par méchanceté mais par erreur de jugement.

Ainsi Platon peut-il affirmer que « nul n'est méchant volontairement » C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe socratique : « Nul n'est méchant volontairement ».

Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injustice est pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ».

L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition, qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit. L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre 2 de la « République ».

Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice pour satisfaire leurs désirs.

Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir.

Cependant, comme subir l'injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d'accord pour faire des lois en vue de leur commune conservation.

Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment.

Si nous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran.

Bref, nous serions injustes pour satisfaire nos désirs. Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice, l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice. Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».

C'est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.

Parce que nous confondons le bien apparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l'âme.

Nous croyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parce que nous voulons.

Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir. L'antagonisme entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre Calliclès et Socrate, dans le « Gorgias ».

Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .

» Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même ». Pour tenter de réfuter Calliclès, Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire ».

L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s'infliger les plus dures peines ».

L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable. C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre.

Le magnifique mythe de l'attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme.

Elle est comparée à un. »

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