Le marxisme est-il fini ?

« [Les pays du bloc de l'Est se sont les uns après les autres affranchis du système marxiste.

Cela montre bien qu'il était contraire à toutes les aspirations humaines.

L'histoire contemporaine a établi son acte de décès.] Aucune doctrine ne peut aller contre la volonté des peuples Si le marxisme était véritablement parvenu à faire le bonheur des peuples qu'il a soumis à son pouvoir, ces derniers n'auraient pas souhaité un autre régime politique.

Après des décennies d'oppression, ils se sont tous tournés (tout du moins en Europe) vers le modèle libéral occidental, respectueux des droits de l'homme, de la liberté individuelle et capable de produire l'abondance. On ne peut pas indéfiniment contrarier la nature humaine Ainsi que les théoriciens du capitalisme l'ont montré, seule l'économie libérale est naturelle, c'est-à-dire conforme aux aspirations de l'homme.

Tous les autres modèles - qu'il s'agisse du modèle esclavagiste grec, du modèle féodal, et, bien sûr, du modèle marxiste - ne sont que des créations artificielles de l'esprit, des créations qui méconnaissent la nature humaine. Le marxisme est définitivement révolu Quand une religion meurt, elle ne renaît jamais de ses cendres.

Les peuples du bloc de l'Est, dès lors qu'ils ont goûté à la liberté de consommer et d'entreprendre, aux vertigineux pouvoirs que confère l'argent, ne peuvent plus retourner en arrière.

Ainsi va l'histoire. Une période meurt, une autre naît.

Ce processus est irréversible. [La pensée marxiste n'a pas grand-chose à voir avec le communisme tel que Staline a pu le concevoir et l'appliquer.

Bien avant la disparition de l'U.R.S.S., les penseurs occidentaux réfléchissaient sur l'avenir du marxisme.] Marx meurt en 1883, Staline devient secrétaire général du parti communiste en 1922, soit soixante-quatorze ans après la publication du Manifeste du parti communiste.

Sa fascination pour le pouvoir le conduit à affirmer son autorité après la mort de Lénine (1924) et à éliminer Trotski, personnage dont l'intelligence aurait pu donner un autre tour au développement du marxisme. La doctrine marxiste n'a jamais eu d'existence historique Selon Marx, Lénine, Trotski, la révolution prolétarienne devait aboutir à une disparition complète de la lutte des classes, par conséquent de l'État.

Staline, tout au contraire, n'a cessé de renforcer le pouvoir de la bureaucratie, d'accentuer le fossé séparant les dignitaires du parti et les gens du peuple. Le marxisme doit être repensé Le marxisme, tel qu'il l'a existé, est historiquement fini.

Cela ne veut pas dire que la pensée marxiste ait perdu tout intérêt.

Elle reste une alternative à l'inquiétante mondialisation du système capitaliste.

Louis Althusser, en 1978, proposait de repenser le marxisme.

Le troisième millénaire verra peut-être naître une société radicalement neuve, empruntant au marxisme certains de ses apports. [] L'histoire de ce siècle peut servir de leçon.

Le marxisme a permis à l'U.R.S.S.

de devenir en trois décennies la deuxième puissance mondiale.

Sous l'influence d e Staline, il est également devenu un monstrueux système totalitaire.

Repenser le marxisme aujourd'hui, voilà qui signifie tirer, à tête reposée, les leçons de l'histoire.

Les années qui ont suivi les événements de mai 68 n'étaient pas propices à un tel examen.

Luttes partisanes, vindictes idéologiques troublaient la raison.

Il faut également apprécier à leur juste valeur les manifestations d'hostilité au capitalisme dont font preuve les peuples de l'Est, cela quelques années seulement après la chute du mur de Berlin.

Le retour au stalinisme, à un pouvoir étatique écrasant n'est souhaité par personne.

En revanche, il semble bien que le modèle capitaliste ait de quoi effrayer ceux qui, pendant plus d'un demi-siècle, n'ont jamais eu à craindre le chômage, la perte de leur logement, la perte de à la santé et à l'éducation.. »