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Le mal est-il une convention ?

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« Une convention est un terme ambivalent : c'est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes.

On parle de convention verbale, écrite.

Dans le langage général, c'est ce qui est convenu entre les hommes.

Mais la locution « de convention » signifie qui est admis, mais qui n'est pas réel.

On parle en ce sens d'un langage de convention. C'est donc un accord tacite entre les membres de la communauté grâce auquel existe la langue.

Une convention est aussi ce qui est formellement explicité que ce qui est sous-entendu ou convenu entre une minorité de personnes. De plus, au sein de la notion de mal, il faut distinguer le mal physique du mal moral.

Le mal physique désigne les souffrances et les douleurs de toutes sortes subies par les hommes.

Il est donc une douleur qui frappe autrui par notre faute ou celle qui nous frappe par la faute d'autrui ou par notre propre faute.

Et avec le mal physique, l'homme est surtout présenté comme une victime.

Quant au mal moral, il relève du non-respect des principes qui régissent les bonnes ou les mauvaises actions.

C'est donc, comme l'écrit Ricœur, « la violation d'un code éthique reconnu par la communauté ».

Le mal moral est un mal que l'on commet en tant qu'être moralement imputable, car seuls les actes d'êtres dotés de liberté peuvent avoir une qualification morale. C'est donc cette seconde acception du terme mal qui nous intéresse.

Car se demander si le mal n'est qu'une convention, cela pose la question de la nature propre du mal.

Qu'est-ce que le mal ? Si le mal n'est pas une convention (=décidée par les hommes, les sociétés), alors c'est une essence, Idée, un universel, un absolu qui échappe à la volonté des hommes et qui est donc du ressort de Dieu.

Si le mal est une convention, il faut bien que celle-là ait été légiférée, adoptée par chacun (convention explicite).

Ou alors qu'elle ait été imposée de force par les plus forts sur les plus faibles (convention tacite). 1 – L'origine du mal - Pour Platon, l'origine du mal est inhérente à l'ignorance. Ainsi, le mal disparaît avec la connaissance vraie, la connaissance dialectique. Dans le Gorgias, le méchant est un ignorant qui est incapable de concevoir le Bien.

C'est par l'effet d'une éducation mal réglée que l'homme devient méchant. C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe socratique : « Nul n'est méchant volontairement ».

Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injustice est pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ».

L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition, qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit. L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre 2 de la « République ».

Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice pour satisfaire leurs désirs.

Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir. Cependant, comme subir l'injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d'accord pour faire des lois en vue de leur commune conservation.

Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment.

Si nous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran.

Bref, nous serions injustes pour satisfaire nos désirs. Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice, l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice. Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».

C'est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.

Parce que nous confondons le bien apparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l'âme.

Nous croyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parce que nous voulons.

Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir. L'antagonisme entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre Calliclès et Socrate, dans le « Gorgias ».

Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .

» Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même ». Pour tenter de réfuter Calliclès, Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire ».

L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s'infliger les plus dures peines ».

L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable. C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre.

Le magnifique mythe de l'attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme.

Elle est comparée à un attelage composé d'un cocher et de deux chevaux.

L'un est blanc, docile, l'autre est noir, à les oreilles poilues et se montre sourd aux injonctions du cocher ; il menace ainsi l'équilibre de l'attelage.

Il y a donnc trois instance dans. »

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