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Le mal est-il « un certain bien » ?

Extrait du document

« Analyse du sujet : q Le sujet posé suscite à première lecture une vive réaction.

Comment le mal pourrait-il être un bien ? q De façon plus précise, le sujet suggère qu'il pourrait être un sorte de bien qu'il faudrait différencier des autres biens. q Il faut également constater qu'il ne s'agit pas d'écrire qu'un mal peut être un bien mais de savoir si le mal, c'est-à-dire non pas un mal particulier, mais le mal en général, pourrait être un bien. q Un bien peut être bien en vertu non pas de ce qu'il est en lui-même, mais de ses conséquences. Problématisation : Une telle identification du mal à un bien est une manière de tenter de justifier le mal sur la Terre et ses manifestation.

La souffrance, la maladie, la mort ou la guerre sont autant de maux qui peuvent faire considérer, qu'à bien regarder l'histoire de l'humanité, le mal semble l'emporter.

Comment le mal peut-il se trouver justifier comme étant bien ? Et pourquoi recourir à une telle justification ? 1.Il n'y a pas de mal sur Terre. a) Tout d'abord, il ne faut pas céder à une vision manichéenne des évènements, et notamment des actions humaines. Les hommes qui agissent mal ne sont pas pour autant méchants, l'action mauvaise peut procéder d'une erreur de jugement.

Selon Aristote, l'homme désire naturellement le bien mais il peut se tromper. b) Pour le sage stoïcien, les maux ne sont pas des maux car ils sont appréhendés comme relevant de ce qui ne dépend de nous.

Aucune intention mauvaise n'est imaginée comme étant à l'origine de tous les maux.

Une vision dualiste qui sépare le bien du mal est une croyance fondamentalement religieuse. c) Or, précisément, l'existence du mal pose problème pour la religion chrétienne selon laquelle Dieu est infiniment bon et puissant.

Dieu n'a pas pu vouloir le mal puisqu'il est bon, et s'il n'a pu le vouloir, il n'a pu le créer puisqu'il est tout puissant.

Ainsi, tout mal est un bien dont on ne voit pas le véritable dessein.

« les voix du seigneur sont impénétrables » L'homme fini ne peut pénétrer ses dessins.

Celui qui est frappait de malheurs contingents, l'est en vertu d'un péché.

La responsabilisation de l'homme à l'égard d'événements contingents déresponsabilise Dieu.

Des maladies comme la peste on pu être considérées comme un fléau de Dieu qui punit l'incrédulité des hommes. d) Leibniz dans la Théodicée ( étymologiquement « justice divine ») cherche à déculpabiliser Dieu du mal sur la Terre.

Dieu aurait choisi le meilleur des mondes possibles au nom d'un principe d'économie.

Ce qui est appréhendé comme un mal est en réalité nécessaire à un bien plus grand.

Tous les évènements participent de ce meilleur des mondes qui sera railler par Voltaire dans Candide. Mais, il faut reconnaître, sans céder à cette justification douteuse du mal, que l'expérience du mal peut conduire à un bien qui sans ce mal n'aurait pas existé. 2.Le mal est nécessaire à la liberté comme choix du bien, c'est-à-dire du juste. a) b) c) d) Si l'homme était forcé de faire le bien, il ne pourrait pas le choisir, il ne serait pas libre.

Pour que le bien existe sous la forme de l'action morale, il faut au préalable faire l'expérience du mal.

Non pas forcément faire le mal, mais le connaître. Une telle expérience peut consister en un apprentissage de l'histoire.

Rousseau dans l'Emile, ouvrage dans lequel il entend penser la façon de faire émerger le sujet moral, montre que l'apprentissage de l'histoire permet de connaître le mal qui arrive au « méchant ».

Il faut donc, selon lui, présenter une histoire dans laquelle « les méchants ne sont pas heureux ». Plus loin dans l'ouvrage, au moment de la Profession de foi, Rousseau montre que l'expérience, et plus précisément la tentation du mal, permet à l'homme de choisir librement le bien.

C 'est cette dualité de l'homme tiraillé entre le mal et le bien qui permet la liberté morale.

Sans elle, en effet, et s'il n'y avait pas la possibilité du mal, l'homme serait un automate qui ferait le bien sans le vouloir réellement. On pourrait aussi prétendre qu'un mal infligé en réponse à un autre mal, peut être un bien.

Mais le sujet consiste à se demander si le mal en général peut être un bien. 3.

Le danger des justification téléologiques du mal : tout mal est accompli au nom d'un soi-disant bien. a) b) c) Il convient à présent d'adopter une posture critique face à la justification du mal.

Dans la réalité, la plupart des actions, même les plus horribles, sont justifiées par ceux qui les commettent.

Dans une guerre qui oppose deux camps, il ne faut pas croire que l'un des deux camps ait raison.

La diabolisation de la partie adverse est indispensable pour justifier la guerre.

L'autre est le mal, il est l'inhumain, je peux donc être inhumain envers lui.

La propagande sera un enjeu majeur de toutes les guerres du XXème siècle, et notamment des plus récentes.

Ce sont d'ailleurs toujours les vainqueurs qui font l'histoire. Un mal peut être justifié au nom d'un bien plus grand ultérieur.

Au nom d'un bien à venir, on s'autorise bien des actions.

C'est néanmoins une grande question morale qui se pose pour le terrorisme révolutionnaire (qu'il faut bien distinguer du terrorisme dans son sens actuel).

Peut-on tuer pour une cause ? Dans les Justes de Camus, pièce qui traite de révolutionnaires russes, dont la cause est juste, ceux-ci hésitent à assassiner le tsar de Russie. La raison d'Etat oppose au mal particulier la sécurité de l'Etat.

L'Etat peut user de la violence, il justifie toujours, quand il est rendu public, le mal employé.

L'emploi de la torture en Algérie a pu être justifiée dans un contexte de guerre pour la sécurité des colons. Conclusion : Le mal ne peut en aucun cas être de façon générale un « certain bien », en tant que moyen pour un bien plus grand.

De façon particulière, une telle justification du mal doit toujours être suspectée.

Le problème crucial est qu'en réalité il faut parfois composer avec le mal pour le bien car la réalité n'est jamais si facile qu'il y aurait un camps du bien et un camps du mal.

Le désengagement n'est pas toujours la meilleure solution.

La question morale des Justes reste insoluble et aucune solution ne peut être donnée à cette question en dehors du contexte.

Le bien final ne justifie pas le mal comme moyen pour autant.

Les deux existent et ne s'additionnent pas.. »

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