Aide en Philo

Le langage n'est-il qu'une traduction de la pensée ?

Extrait du document

« ● Introduction : Dire que l'on cherche ses mots pour exprimer sa pensée, sans d'ailleurs forcément les trouver, implique que l'on présuppose une antériorité de la pensée sur le langage.

La pensée préxisterait donc au langage et l'on essayerait de transposer dans les mots, dans le langage parlé, le sens de notre pensée déjà présente.

Or, est-ce là la seule fonction du langage ? Le langage n'est-il que la traduction de la pensée ? Il s'agit ici d'évaluer le rapport de temporalité entre langage et pensée, et d'en dégager la nature et les fonctions possibles du langage. ● Développement : I/ Le langage, traduction de la pensée ? Il nous faut dans un premier temps nous pencher sur le postulat induit par le sujet, à savoir que le langage serait une traduction de la pensée.

Qu'en est-il ? Cette fonction est-elle réellement remplie par le langage ? Le langage est-il cet intermédiaire qui permettrait de transposer le sens de la pensée ? A) Une traduction particulière : L'original à traduire est ici une pensée particulière, individuelle, singulière, avec toutes les spécificités que cela implique.

La traduction doit donc être à la fois la transposition du sens de cette pensée, et la possibilité d'une communication de cette pensée.

C'est une conversion du particulier au général.

Il y a donc d'emblée deux aspects du langage.

Nous nous arrêterons tout d'abord sur le premier aspect (transposition). B) Il s'agit d'instaurer une sorte de système d'équivalence entre la pensée – l'original – et le langage – la traduction-.

Le langage cherche donc à identifier et à nommer (particulièrement en ce qui concerne le langage parlé) les éléments de la pensée, tout en faisant lien avec les éléments du réel.

Le langage est donc traduction, mais aussi relais entre la pensée et le réel. C) Dans cette traduction, comme dans toute traduction du fait de la spécificité de chaque système, il y a des déperditions, d'abord parce que la pensée, par exemple un sentiment, ne peut toujours se soumettre aux signes sans perdre de son sens, et par ailleurs parce que le fait de nommer, classer brise la continuité et les nuances à la fois du réel et de notre vie intérieure (Bergson). II/ Le langage comme moyen d'expression ? Nous avons donc vu que la pensée ne peut être entièrement traduite par le langage, nous devons examiner maintenant si le langage peut exister sans pensée, ou s'il peut être indépendant de la pensée, c'est-à-dire ne pas être juste réservé à la traduction, à la postérité vis-à-vis de la pensée.

Nous devons aussi prendre en considération le fait que le langage a un souci d'extériorité de la pensée, un souci de communication.

Or, dans cette démarche, le langage n'est-il que traduction, ou est-il aussi expression, c'est-à-dire qu'il donne quelque chose de plus que la pensée, sans forcément en changer le sens ? A) Lorsque le langage se fait sans pensée : verbalisme, le langage automatique (qu'on ne pense pas), ou le langage tourné en pur exercice de style (sophisme). B) C'est « dans les mots que nous pensons » selon Hegel : les mots donnent une forme objective à la pensée qui ainsi peut s'articuler, se faire présente à la conscience.

C'est ce que l'on appelle la pensée réflexive. « C'est dans le mot que nous pensons.

Nous n'avons conscience de nos pensées, nous n'avons de pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité […].

C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont intimement unis.

Par conséquent, vouloir penser sans les mots est une tentative insensée.

On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable.

Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement ; car en réalité, l'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot.

Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et plus vraie.

» Hegel, in « Philosophie de l'esprit ». C) Il se pose le problème de la vérité dans la pensée ou dans le langage (que nous survolerons).

On pourra retenir la vision platonicienne selon laquelle seul le dialogue est garant de la vérité dans la pensée. III/ Le langage comme faculté de communication. En soulignant la possibilité de communiquer par le langage, cela implique que la pensée peut se partager, et que l'individu peut partager sa pensée avec autrui.

Le langage n'est-il pas alors un lien entre les individus ? A) Le langage est un ensemble de conventions : c'est-à-dire un ensemble de signes déterminés pour être connus et reconnus du groupe à l'origine de ces conventions.

On peut réfléchir ici à la définition du symbole et ce qu'il signifiait chez les Grecs.

Cela dit tout langage n'est pas universel : le langage a une histoire, et est dépendant d'une culture. B) Au sein d'un groupe donné, le langage permet un échange, un dialogue.

Le langage est alors une possibilité de reconnaissance et, même de connaissance, d'autrui par cet effort de partage de la pensée intérieure. C) Le langage donne la possibilité d'ouvrir un champ commun.

(Arendt). ● Conclusion : Le langage par sa faculté de traduction – plus ou moins efficace – permet à l'individu de sortir de lui-même à la fois pour former sa pensée, donner une forme à sa pensée, ainsi que pour se lier à d'autres individus, en partageant sa pensée, et en acceptant d'accueillir la pensée d'autrui.

Nous pourrions d'ailleurs interroger désormais cet autre versant de la communication, à savoir la réception de la parole de l'autre, du langage, et comment cela est intégré à sa propre pensée.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles