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Le langage n'est-il qu'un moyen pour extérioriser sa pensée ?

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« Introduction Le langage est une fonction d'expression et de communication liée à la pensée, spécifiquement humaine.

Le fait de parler ne se réduit pas aux dispositifs neurobiologique et organique : « L'invention de l'art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication que d'une faculté propre à l'homme [la pensée], qui lui fait employer ses organes à cet usage » (Rousseau, début d'Essai sur l'origine des langues ).

La pensée a donc besoin d'un intermédiaire, le langage, pour être communiquée, extériorisée.

T outefois, le langage extériorisé caractérise plus la parole, car on peut parler d'un langage intérieur, qui ne se laisse pas forcément percevoir par autrui.

A ussi au sens le plus large, le langage est un système de signes servant de moyen de communication : on peut évoquer ainsi le langage des gestes, du corps, en ce sens que tous les organes des sens peuvent servir à créer un langage.

La question du langage demande alors qu'on se penche sur sa fonction.

On verra alors que de simple moyen de communication, le langage peut s'avérer être utilisé à des fins politiques ou autres. I.

la fonction première du langage a.

Il semblerait au départ que le langage soit une nécessité pour l'homme afin d'être entendu et compris par autrui.

C 'est ainsi la communication qui est voulue à travers le langage.

A insi Rousseau critique ceux qui affirment que le langage extérieur, la parole, permet simplement aux hommes d'exprimer leurs besoins.

C ar selon lui, le langage est né des passions des hommes : « C e n'est ni la faim, ni la soif, mais l'amour, la haine, la pitié, la colère qui leur ont arraché les premières voix » (Essai sur l'origine des langues, chap.

II).

Le langage est ainsi au départ le moyen pour l'homme d'exprimer ce qu'il ressent, ses passions. b.

Le langage, depuis l'homme Néanderthalien, exprime le concret et assure la communication à travers les actes.

Ensuite, il apparaît selon LeroiGourhan, qu'il permettait l'expression de sentiments ( Le geste et la parole).

Il y a une nécessité du langage, langage qui évolue parallèlement à l'évolution du cerveau humain, organe nécessaire au développement de la performance linguistique (cf.

M onod, Le hasard et la nécessité).

A insi le langage a pour fonction principale de rendre possible une forme de communication indispensable à la survie de l'espèce humaine. II.

langage et pensée a.

Il appartient à cette science du langage, la linguistique, d'avoir dès le XIXe siècle, étudier les signes qui structurent le langage.

Le linguiste étudie les liens qui unissent le son et le sens, ce qui se rapproche du problème des relations entre langage et pensée.

A insi les signes sont la condition d'un langage articulé, d'une communication.

Saussure montrera que l'idée de « sœur » n'a pas de rapport propre avec la suite des sons « s – ö – r » (le signifiant) qui permet à cette idée d'être extériorisée.

A insi le mot, ou signe linguistique, est arbitraire pour Saussure (cf.

Cours de linguistique générale).

Le signe, en revanche, est aussi pour Saussure le moyen de lier signifié (le concept arbre) et signifiant (l'image mentale de l'arbre).

Le langage est pour cet auteur de la pensée organisée dans la matière phonique.

Le signe linguistique unit des sons et du sens.

Déjà Platon, dans le Cratyle, se demande si les noms des choses sont inscrits dans leur nature (comme les onomatopées) ou s'ils ne sont que des signes conventionnels de l'homme permettant la communication. b.

Le langage apparaîtra avec Descartes comme le propre de l'homme puisqu'il est seul à détenir cette substance divine qu'est la pensée.

A insi même un sourd et muet usera de signes afin d'exprimer sa pensée.

C e que ne peut pas faire un animal : « ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, est qu'elles n'ont aucune pensée, et non point que les organes leur manquent » (Lettre du 23 nov.

1646 au Marquis de Newcastle).

Le langage sert aussi à conceptualiser les êtres.

En effet, le terme « arbre » contient sous lui tous les arbres particuliers qui existent.

O n ne peut attribuer pour chaque arbre un nom différent. c.

Les mots du langage sont pour Hegel le moyen d'unir en une existence concrète l'intérieur (pensée) et l'extérieur (l'objet).

A insi « vouloir penser sans les mots, c'est une tentative insensée » ( Philosophie de l'esprit, § 463).

A insi il n'y a pas de pensée sans langage pour Hegel.

Le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie.

Le langage vrai sera celui qui unit l'être et la pensée. III.

les pouvoirs du langage a.

Les mots peuvent être utilisés à des fins personnelles.

On retrouve le thème du langage et de la domination qui en résulte dans le Gorgias de Platon. Gorgias est un rhéteur, il utilise le langage afin de persuader « les juges au tribunal, les sénateurs dans le C onseil, les citoyens dans l'assemblée du peuple et dans toute autre réunion qui soit une réunion de citoyens » (451 d – 452).

Le langage est pour lui un pouvoir permettant de faire de chacun son esclave. O n retrouve cette utilisation, dans un cadre comique, chez Molière, lorsque Dom Juan éconduit adroitement le marchand vis-à-vis duquel il est endetté (Dom Juan, IV , 2-3). b.

Les mots ont un très grand pouvoir.

C 'est à partir d'eux que se constitue la perception de l'univers dans lequel nous vivons.

Le langage peut aussi manifester malgré soi des pensées ou des désirs inconscients.

A insi le lapsus, qui consiste à émettre un mot alors qu'on pensait à autre, est selon Freud la marque du langage inconscient.

L'inconscient s e manifeste par le biais du langage, et c'est la psychanalyse qui utilise cet instrument à des fins thérapeutiques.

P ar ailleurs, même politiquement, le langage est au service du pouvoir.

On se rappellera Hitler qui, lors d'un plébiscite en 1933, a su par son éloquence faire applaudir des journalistes pourtant méfiant du parti nazi.

Socialement aussi le langage asservit les hommes.

Deleuze et Guattari parleront du « mot d'ordre », en ce sens que le langage, loin d'être un simple moyen d'expression, commande et ordonne.

C e qui paraît exprimer un simple conseil, ou une simple volonté, se voit à l'insu du sujet désigner un ordre, une manière incontestable de se comporter (Capitalisme et schizophrénie 2). Conclusion La question du langage s'est vue être traitée de différentes manières, selon les conceptions de chacun.

Depuis la simple expression des passions, jusqu'au système concret de la pensée qui se dévoile au grand jour, le langage a pour principal fonction le fait de communiquer les idées des hommes. C ependant il apparaît que les termes posés par l'homme n'ont pas de valeur sûr puisque d'une langue à l'autre, une chose est toujours émise par la parole avec des termes différents.

M ais la pensée philosophique actuelle, loin de vouloir déterminer le simple moyen d'apparition du langage, s'efforce de déconstruire sa structure, et d'en repérer la logique sous-jacente.

C 'est de là qu'on voit que le langage est l'extériorisation d'ordres et de commandements permettant par exemple à une politique de perdurer, sans qu'aucun n'y voit l'opération secrète d'une autorité arbitraire.

Il s'avèrerait même que ceux qui utilisent le langage à des fins personnelles soient eux-mêmes, à leur insu, enrôlés dans cette logique du pouvoir.. »

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