Le langage exprime-t-il les idées ou les choses ?
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«
Termes du sujet:
LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.
2) Tout système de signes, tout système signifiant,
toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).
Le langage désigne aussi la totalité des langues
humaines.
IDÉE: Parfois synonyme de représentation mentale, parfois de concept (idée générale et abstraite); dans le
platonisme, et avec un I majuscule, les Idées sont les modèles des choses, existant en soi, que l'âme contemplait
avant son incarnation.
Nous fabriquons les concepts, nous contemplons les Idées.
CHOSE (n.
f.) 1.
— Désigne la réalité (res en latin : chose) en gén.
; cf.
DESCARTES : « chose pensante »
(âme), « chose étendue » (matière).
2.
— Désigne la réalité, envisagée comme déterminée et statique, existant hors de la représentation ; en ce sens,
KANT utilise l'expression « chose en soi ».
3.
— (Par ext.) À partir du sens 2, désigne la réalité inanimée, hors de son rapport à la pensée (le monde des
choses).
Rem.
: la chose se distingue de l'objet en ce que ce dernier est construit ; cela n'implique pas que la chose
soit chose en soi ; ce qui est chose se constitue comme ce qui est maniable, ce qui est disponible ; autrement dit,
l'objet se réfère à la pensée, la chose à l'action ; le monde des choses, c'est le monde qui se détermine dans la
pratique, et y résiste ; à partir du sens 3, le réaliste confond volontiers la chose et l'objet (cf.
DURKHEIM : « Il faut
considérer les faits sociaux comme des choses »).
4.
— Chosisme : attitude qui consiste à considérer la réalité
comme une chose au sens 2.
Introduction
Que se passe-t-il lorsque nous parlons ? Qu'est-ce qui se communique à travers le langage : une subjectivité, avec
ses idées et ses sentiments, ou au contraire l'objectivité du monde ? Parler, est-ce « s'exprimer », c'est-à-dire
communiquer à autrui une intériorité, ce qui se passe en nous ? Ou bien parler, est-ce porter le monde au langage,
décrire la réalité à travers des mots ? Comment s'articulent, dans le langage, la pensée et les choses ?
I ) Le langage comme mise en paroles du monde.
A) Le discours scientifique.
1) La science comme discours théorique visant à rendre compte de la réalité.
2) La science, constatant l'insuffisance du langage courant, est amenée à élaborer son propre langage (conceptuel
ou mathématique) lui permettant de poser et de résoudre ses problèmes.
3) Ce faisant, elle ne fait, selon la science classique, que déchiffrer le langage de la nature elle-même.
• « La nature est écrite en langage mathématique.
» (Galilée) C'est parce que la structure du monde est elle-même
un langage (un ensemble de lois) que les mathématiques peuvent nous fournir l'instrument pour la déchiffrer.
Galilée est un savant du XVI ième siècle, connu comme le véritable fondateur de la physique moderne, et l'homme auquel l'Inquisition intenta un
procès pour avoir soutenu que la Terre tournait sur elle-même et autour du soleil.
Dans un ouvrage polémique, « L'essayeur », écrit en 1623, on lit cette phrase :
« La philosophie [ici synonyme de
science] est écrite dans ce très vaste
livre qui constamment se tient ouvert
devant nos yeux –je veux dire l'universmais on ne peut le comprendre si d'abord
on n'apprend pas à comprendre la langue
et à connaître les caractères dans
lesquels il est écrit.
Or il est écrit en
langage mathématique et ses caractères
sont les triangles, les cercles, et autres
figures géométriques, sans lesquels il est
absolument impossible d'en comprendre
un mot, sans lesquels on erre vraiment
dans un labyrinthe obscur .
»
Dans notre citation, la nature est comparée à un livre, que la science a pour but de déchiffrer.
Mais l'alphabet qui
permettrait de lire cet ouvrage, d'arracher à l'univers ses secrets, ce sont les mathématiques.
Faire de la physique,
saisir les lois de la nature, c'est d'abord calculer, faire des mathématiques.
Galilée est le premier à pratiquer la
physique telle que nous la connaissons: celle où les lois de la nature sont écrites sous forme d'équations
mathématiques, et où les paramètres se mesurent.
Pour un homme du vingtième siècle cette imbrication de la physique et des mathématiques va de soi, comme il
semble évident que nous devons mesurer et calculer les phénomènes observés.
Pourtant, c'est une véritable
révolution qui se manifeste dans ces lignes : elles signent la fin d'une tradition d'au moins vingt et un siècle.
La.
»
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