Le jugement esthétique est-il lié au jugement moral ?
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«
Introduction :
Bien définir les termes du sujet :
- « Jugement » : C'est un terme qui peut avoir de nombreux sens, aussi il faut limiter son champ d'application.
En
général, il désigne soit la faculté ou le pouvoir de juger, soit l'acte ou le produit de son exercice ; c'est quoi qu'il en
soit un acte de la pensée humaine qui assure l'unité de la vie intellectuelle.
Quand il est esthétique, le jugement est
considéré comme un jugement de goût ; il ne peut être réduit à une opinion arbitraire, et se construit en rapport à
une œuvre d'art.
Le jugement esthétique est ainsi la faculté de juger d'un objet sans y mêler aucun intérêt
individuel, par rapport auquel on ressent cependant une satisfaction ou une insatisfaction.
Ces dernières ne se
fondent sur aucun concept, mais sont universellement communicables.
- « Jugement moral » : C'est le jugement qui permet de déterminer ou de statuer si telle ou telle action bonne ou
mauvaise.
Ce jugement ne doit dépendre d'aucun intérêt particulier, mais doit se faire uniquement selon les lois de la
raison.
De ce fait, le jugement moral, en tant que produit de la raison, est universel et a priori.
La morale en tant que telle désigne couramment l'ensemble des valeurs et autres règles de conduite qui
caractérisent une société ou une époque.
- « être lié » : ce terme est ambigu et peut avoir plusieurs sens.
Lorsque deux choses sont liées, cela peut signifier
que l'une découle de l'autre, ou en dépend, ou en est la conséquence, ou la conditionne, à moins qu'il n'y ait qu'une
stricte égalité relevant de la ressemblance.
Construction de la problématique :
Le sujet semble vouloir mettre en relation deux domaines totalement différents en choisissant pour chacun
d'eux le même angle d'attaque, à savoir le jugement.
Mais il est possible d'envisager la question selon deux
aspects ; voir si la constitution du jugement pour chacun des deux domaines se fait de la même manière, et voir si
le jugement moral porté sur l'œuvre conditionne le jugement esthétique.
Se pose donc la question de savoir en premier lieu si les deux jugements se constituent de la même
manière, et en second lieu si l'un conditionne l'autre ou en dépend.
Plan :
I/ Une bonne œuvre est une œuvre qui garantit la morale :
Il serait possible de se demander pourquoi est-ce que l'art serait
fondamentalement séparé de la vie.
En effet, les œuvres témoignent en
général de la vie des hommes, s'en inspirent, ou la mettent en scène.
Aussi,
on pourrait penser que l'art, en tant que créé par des hommes pour les
hommes pourrait se mêler un peu à la vie et à la morale.
C'est ce qu'explique Aristote dans La Poétique, et surtout dans La
Politique.
En effet, selon lui, une bonne œuvre est une œuvre qui est capable
de purifier l'homme de ses désirs malsains et de tout ce qui l'empêche d'être
vertueux.
Ainsi, la tragédie, mais aussi la musique sont capable de rendre
l'homme moral et vertueux.
« Nous voyons ces mêmes personnes, quand elles
ont eu recours aux mélodies qui transportent l'âme hors d'elle-même, remises
d'aplomb comme si elles avaient pris un remède et une purgation.
[…] Or c'est
de la même façon aussi que les mélodies purgatrices procurent à l'homme une
joie inoffensive.
»
Ce qu'Aristote appelle purification ou « purge » correspond à la
catharsis.
Cette dernière est le fait de se débarrasser des passions par le
moyen d'une représentation dramatique.
En regardant une tragédie, l'homme
se libère de ses pulsions, fantasmes, parce qu'il les accomplit par procuration,
ou les affronte.
Pour Aristote, le terme est surtout médical, mais il est aussi
interprété comme une purification morale.
En s'identifiant à des personnages dont les passions coupables sont
punies par le destin, le spectateur de la tragédie est délivré de sentiments inavouables.
Le plaisir que procure la tragédie est spécifique.
Aristote le définit ainsi : « [...] la tragédie est l'imitation d'une
action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'une
espèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au
moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation propre à pareilles émotions.» Assaisonnement
du langage désigne la proportion variable de chants et de vers.
L'essence de la tragédie réside dans l'action, non
dans le récit, action représentée en un temps limité.
Le plaisir résulte des émotions ressenties: crainte et pitié.
Tout
cela est clair.
Aristote mentionne la cause et les effets.
Mais sur le mécanisme de l'opération, peu de détails ! Un seul terme assez inattendu: «purgation», catharsis.
On
peut dire aussi « purification ».
Ce mot a donné lieu à maints commentaires.
Chez Aristote lui-même, il est l'objet
de plusieurs interprétations.
On croit comprendre qu'il y a un rapport entre l'imitation, la mimésis, et la purgation, la
catharsis: devant un spectacle représentant des actions éprouvantes, je suis enclin à ressentir les mêmes émotions
que l'on cherche à provoquer en moi.
La représentation de sentiments violents ou oppressants, par exemple la.
»
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