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Le jugement de goût dépend-il de la culture à laquelle on appartient ?

Extrait du document

« • Marx affirme que l'art - ainsi que la philosophie, la religion, etc.

- dépend de la classe sociale dominante à un moment historique donné, et des rapports de classes dans cette société.

Tout artiste, (Marx prend l'exemple du peintre Raphaël), a été « conditionné par les progrès techniques que l'art avait réalisés avant lui, par l'organisation de la société et la division du travail qui existaient là où il habitait, et enfin par la division du travail dans tous les pays avec lesquels la ville qu'il habitait entretenait des relations ». L'artiste dépend de la société dans laquelle il évolue (l'art grec présuppose la mythologie grecque) et toute oeuvre d'art est un reflet de son époque.

On ne peut donc véritablement apprécier une oeuvre d'art qu'en la replaçant dans son contexte, qu'en connaissant les conditions socio-culturelles, politiques, économiques etc.

de son apparition.

Mais cela n'explique pas pourquoi une oeuvre d'art véritable échappe à la temporalité.

Pourquoi sommes-nous encore émus aujourd'hui devant les pyramides égyptiennes ? devant un tableau de Vélasquez ? à l'écoute d'une symphonie de Mozart ? ...

En ce qui concerne l'art on sait que certaines époques de floraison artistique ne sont nullement en rapport avec l'évolution générale de la société, ni donc avec le développement de la base matérielle qui est comme l'ossature de son organisation.

Par exemple les Grecs comparés aux modernes, ou encore Shakespeare.

Pour certaines formes de l'art, l'épopée par exemple, on va jusqu'à reconnaître qu'elles ne peuvent jamais être produites dans la forme classique où elles font époque.

Dès que la production de l'art fait son apparition en tant que telle; on admet par là, que dans la propre sphère de l'art, telles de ses créations insignes ne sont possibles qu'à un stade peu développé de l'évolution de l'art.

Si cela est vrai du rapport des divers genres d'art à l'intérieur du domaine de l'art lui-même, on s'étonnera déjà moins que cela soit également vrai du rapport de la sphère artistique dans son ensemble à l'évolution générale de la société.

La seule difficulté c'est de formuler une conception générale de ces contradictions. Prenons par exemple l'art grec...

dans son rapport à notre temps.

Il est bien connu que la mythologie grecque fut non seulement l'arsenal de l'art grec mais aussi sa terre nourricière. L'idée de la nature et des rapports sociaux qui alimente l'imagination grecque...

est-elle compatible avec les métiers à filer automatiques, les locomotives et le télégraphe électrique ? Qu'est-ce que Vulcain auprès de Roberts et Cie, Jupiter auprès du paratonnerre ?...

Toute mythologie dompte, domine, façonne les forces de la nature, dans l'imagination et par l'imagination; elle disparaît donc au moment où ces forces sont dominées réellement...

D'autre part, Achille est-il possible à l'âge de la poudre et du plomb ?...

Les conditions nécessaires de la poésie épique ne s'évanouissent-elles pas ? Mais la difficulté n'est pas de comprendre que l'art grec et l'épopée sont liées à certaines formes du développement social, la difficulté, la voici : ils nous procurent encore une jouissance artistique et à certains égards ils servent de norme, ils nous sont un modèle inaccessible... ...

Un homme ne peut redevenir enfant sans être puéril.

Mais ne se réjouit-il pas de la naïveté de l'enfant et ne doit-il pas lui-même s'efforcer à un niveau plus élevé de reproduire sa vérité? Estce que, dans la nature enfantine, ne revit pas le caractère de chaque époque, dans sa vérité naturelle ? Pourquoi l'enfance historique de l'humanité au plus beau de son épanouissement n'exercerait-elle pas l'attrait éternel du moment qui ne reviendra plus ? MARX Ce fragment sur le problème de l'art appartient à un texte de 1857 Introduction générale à la Critique de l'économie politique que Marx ne fit pas publier.

Marx écrira deux ans après dans l'Avant-propos de la Critique de l'économie politique.

« J'avais ébauché une introduction générale, mais je la supprime. Réflexion faite, il serait gênant d'anticiper sur des résultats non encore établis.

» Le texte a été publié pour la première fois par Kautsky en 1903.

Le problème de l'art est, nous allons dire pourquoi, un des plus épineux qui puissent se poser à un marxiste.

Les marxistes contemporains qui s'y sont attaqués (Georg Lukacs, professeur d'esthétique à Budapest, Henri Lefebvre en France, Contribution à l'esthétique, Ed. Sociales) ne l'ont pas eux-mêmes pleinement résolu. Pour aborder ce texte sur l'art il faut d'abord rappeler le principe général de la philosophie marxiste, c'està-dire du matérialisme historique.

Les forces productives (l'état des techniques et des moyens de production économiques, à tel moment de l'histoire) et les rapports de production (c'est-à-dire les relations et les conflits des classes sociales qui en dérivent) constituent l'infrastructure de la société. L'état et l'évolution de cette infra-structure déterminent en dernier ressort l'état et l'évolution des superstructures culturelles : les institutions politiques, juridiques, les idées philosophiques et religieuses, les créations artistiques par lesquelles la société prend une conscience plus ou moins déformée d'ellemême, ne constituent pas des domaines autonomes mais traduisent de façon plus ou moins complexe l'évolution de l'infrastructure économique et sociale.

Marx signale quelques lignes avant le fragment que nous proposons que l'un des points délicats à examiner est celui du « rapport inégal entre le développement de la production et celui de l'art ».

Les choses ne sont pas simples et « il ne faut pas concevoir l'idée de progrès dans son abstraction vulgaire ». Explication et commentaire « ...

Certaines époques de floraison artistique ne sont nullement en rapport avec l'évolution générale de la société, ni donc avec le développement de la base matérielle...

Par exemple les Grecs ou encore Shakespeare...

» Constatation d'un fait.

L'art grec, la poésie homérique par exemple représente une. »

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