Le journaliste peut-il décider qu'un événement est historique ?
Extrait du document
«
On définit couramment l'historien comme celui qui se donne pour but de raconter le passé , à l'inverse, le
journaliste ne se préoccupe que du présent.
Montrez donc dans un premier temps que tout semble les opposer
: non seulement leur objet, mais aussi leurs méthodes et leurs buts.
Cependant, l'histoire n'est pas seulement
le récit du passé : elle est aussi l'ensemble de cette aventure humaine qui continue à s'écrire chaque jour.
Montrez ainsi que dans la mesure où le journaliste est celui qui relate aujourd'hui les événements qui demain
seront historique est à sa manière aussi un historien.
A partir d'un exemple précis, demandez-vous alors si le
journaliste et l'historien traiteraient de la même manière le même événement.
[Nous avons tiré assez de connaissances du passé
pour savoir, au moment où il se produit, qu'un événement est historique.
Nous sommes suffisamment
instruits par le passé pour savoir si tel fait d'actualité est un événement historique ou non.
Un journaliste,
habitué à suivre l'actualité, peut aisément distinguer de tels événements.]
Un événement historique est évident
La chute du mur de Berlin, la création de l'euro, la victoire de l'équipe de France en Coupe du monde de
football, l'invention de l'Internet: il n'est pas besoin d'être un spécialiste pour reconnaître un événement
historique lorsqu'il se produit.
Certains événements de l'actualité sont suffisamment importants pour qu'on
sache d'ores et déjà qu'ils resteront dans les annales.
Au moment où il se déroule, c'est-à-dire, au présent, l'événement n'est pas nécessairement impressionnant.
Lorsque César arpente la berge du Rubicon, ce n'est d'abord qu'un homme se promenant de nuit sur le bord
d'une rivière.
Mais c'est César ! Sans doute, mais cela n'aurait toujours guère de sens si sa promenade était
provoquée par une simple insomnie, ou l'envie de se dégourdir les jambes avant d'aller se coucher...
L'événement n'est donc intéressant, et « historique », que dans la mesure où César a le projet, pour prendre
le pouvoir, de « franchir le Rubicon » et de marcher sur Rome.
Puisqu'il ne s'agit encore que d'un « projet », la
suite de l'événement appartient au seul domaine du possible.
Pour que l'événement confirme son historicité
(au sens fort), il faudra que ce possible s'actualise.
Imaginons que César, revenant vers sa tente, se brise une cheville et soit dès lors empêché de réaliser son
projet : ses méditations nocturnes n'auraient plus de dimension historique, elles ne constitueraient, au mieux,
qu'une anecdote (susceptible d'intéresser exclusivement les amateurs de la « petite histoire », celle qui
s'attache précisément à la vie quotidienne des hommes célèbres, aux amours des rois et des reines, etc.).
Il
ne suffit donc pas, pour que l'événement soit historique, qu'il ouvre sur un possible ; il faut encore que ce
possible se transforme en réalité et influence réellement le cours des choses futures.
On peut imaginer une variante : qu'au lieu de César on évoque la promenade, au même endroit, d'un jeune
Romain qui « rêve » de s'emparer du pouvoir, mais qui n'en a aucunement les moyens.
On est alors au niveau
d'une rêverie un peu utopique, d'un fantasme qui ne constitue plus du tout un événement historique.
Quel que soit l'événement historique considéré, on aboutit au même constat : le débarquement américain en
Normandie n'est un événement historique que dans la mesure où il marque un tournant dans la Seconde
Guerre mondiale.
Au moment où il a eu lieu, rien n'était joué d'avance : il pouvait aussi bien, en théorie,
réussir qu'échouer.
C'est sa réussite qui garantit son historicité, faute de quoi il n'aurait été qu'un moment
parmi d'autres dans le conflit.
Le journaliste connaît l'histoire
A plus forte raison un et journaliste, habitué à suivre et à analyser l'actualité, est-il à même de distinguer,
parmi les multiples événements qui se déroulent chaque jour dans le monde, ceux qui marqueront leur époque
de ceux qui n'auront aucune conséquence et seront vite oubliés.
Par la sélection même qu'il opère dans
l'information, le journaliste démontre déjà sa conscience historique.
Le journaliste met l'actualité en perspective
Le bon journaliste ne fait pas simplement le récit de l'actualité.
M'analyse et la met en perspective.
Il lutte
contre l'amnésie que provoque la succession discontinue et le trop-plein d'information.
Pour expliquer
l'actualité, il a besoin de bien connaître l'histoire, de faire des parallèles avec les événements passés.
Il
n'oublie jamais que les événements de l'actualité ont souvent des causes très anciennes..
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