Le gouvernement pour le peuple engendre-t-il spontanément la liberté ?
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«
Introduction :
Le gouvernement est l'ensemble des institutions qui ont pour but de conduire l'Etat.
Le gouvernement pour et par le
peuple désigne la démocratie (étymologiquement le pouvoir du peuple).
La liberté se laisse comprendre en son sens
le plus général comme le pouvoir de faire ce que l'on veut et dans son acception spécifiquement politique, comme le
fait d'être gouverné par des lois que l'on a soi-même choisi.
Dans la mesure où le peuple ne peut vouloir servir que
son intérêt, il suffit que le peuple gouverne pour engendrer spontanément la liberté du peuple la condition de la
liberté en ce sens se confond avec la possibilité de se gouverner soi-même.
Cependant le peuple a beau avoir le
pouvoir, s'il est ignorant et dénué de toute compétence en matière politique, on ne voit pas comment il pourrait être
effectivement libre.
En ce sens le gouvernement par et pour le peuple n'engendrerait pas de lui-même la liberté.
Si la
liberté ne se fonde que sur la possibilité de délibérer et de bien choisir, alors il faudrait nécessairement en passer par
la compétence des représentants pour permettre une liberté effective.
Toutefois ne risque t'on pas alors de
n'obtenir qu'une liberté fragile sans autre garantie que celle de la bonne volonté des représentants ? Il faudrait alors
en revenir par là où nous avons commencé : le pouvoir pour et par le peuple.
Nous sommes dès lors confrontés à ce
problème : doit -on penser que le gouvernement pour le peuple engendre la liberté quitte à ce que cette
liberté se réduise à la possibilité de faire ce que l'on veut, ou bien faut-il s'appuyer sur la compétence des
représentants politiques au risque de se voir confisquer une liberté véritablement politique d'être
gouverné par des lois que l'on a choisies ?
I Le gouvernement par et pour le peuple engendre spontanément la liberté
_ Etre libre; c'est pouvoir faire ce que l'on veut, c'est-à-dire en politique être gouverné par des lois que l'on a soimême choisies.
Or l'on ne fait pas ce que l'on veut lorsque quelqu'un d'autre entrave l'exercice de notre volonté.
Le
gouvernement consiste à faire appliquer des lois.
Aussi, si les conduites entre les hommes du peuple sont régies par
des lois, ces lois sont libres si elles ne contredisent pas la volonté du peuple.
Or si ce n'est pas la volonté du peuple
qui est la source des lois, rien ne garantit que ces lois seront conformes à ses intérêts.
Par suite, un gouvernement
aura beau déclarer que les lois qu'il promulgue sont pour le peuple, c'est-à-dire en vue de son bien, le peuple ne
peut être certain que ses lois sont pour lui tant qu'il ne s'en est pas fait lui-même l'auteur.
Tant que les lois ne sont
pas produites par le peuple, elles ne sont pas pour le peuple.
_ La liberté est conditionnée par la production des lois par le peuple ou du moins, par la confirmation de leur
légitimité dans le vote.
Comment le gouvernement par le peuple engendre des lois qui permettent la liberté ? Il n'y a
de lois légitimes que lorsque tout le peuple statue sur tout le peuple grâce à la volonté générale.
C'est ce que l'on
peut soutenir avec rousseau au livre II, chapitre VI du Contrat social.
La volonté générale désigne la somme des
volontés particulières qui , en s'assemblant, perdent leur détermination particulière pour produire la voix du corps
politique dans son ensemble.
Or il est toujours possible qu'une majorité en tyrannise une minorité en instituant des
décrets détruisant sa liberté : on peut ainsi penser aux lois du III Reich qui ne concernaient que la communauté
juive.
Pour Rousseau ces lois ne sont pas de lois car elles ne portent pas sur le peuple dans son ensemble.
Or il n'y a
de volonté générale que portant sur un objet général c'est-à-dire le peuple lui-même.; Ainsi une loi légitime est
produite par un acte de la volonté générale, c'est-à-dire « quant tout le peuple statue sur tout le peuple ».
_ La liberté est alors spontanément obtenue grâce au gouvernement par et pour le peuple.
« les lois ne sont que les
conditions de l'association civile.
Le peuple, soumis aux lois en doit être l'auteur ; il n'appartient qu'à ceux qui
s'associent de régler les conditions de la société ».
Ainsi si la liberté consiste à obéir aux lois que l'on a choisies, le
peuple qui ne peut vouloir que son propre intérêt, créera des lois conformes à sa volonté.
Or il est dans son intérêt
d'être libre.
Aussi si le peuple se gouverne lui-même, il visera à réaliser son propre intérêt et engendrera de ce fait la
liberté, c'est-à-dire la possibilité de faire ce qu'il veut.
Par conséquent il est nécessaire de comprendre la
démocratie au sens direct et de ne pas déléguer de pouvoir aux représentants comme le précise Rousseau au livre
III, chapitre XV : « la souveraineté ne peut être représentée par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ; elle
consiste essentiellement dans la volonté générale et la volonté de ne se représente pas.
La démocratie est dans son sens étymologique le pouvoir pour et par le peuple.
Aussi si le peuple se gouverne luimême grâce à la volonté générale, il ne peut qu'engendre la liberté.
Cependant on peut faire deux objections à
cette spontanéité : le peuple n'a pas nécessairement de compétence politique, et même s'il l'a, chacun ne se sent
pas forcément libre sous le joug de la volonté générale qui n'est après tout que celui de la majorité.
II C'est la compétence des représentants qui engendrent la liberté
_ La liberté n'est pas que la possibilité de faire ce que l'on veut, mais de savoir ce qu'il fut faire.
La liberté si elle ne
veut pas être un pouvoir aveugle doit donc se fonder sur un principe rationnel de compétence.
Ainsi pour obtenir la
liberté, il faudrait que ce soient des hommes compétents qui gouvernent le peuple.
Or il n'est pas certain que le
peuple possède cette compétence.
S'il ne possède cette compétence, il ne pourrait alors se gouverner lui-même
pour avoir a liberté.
C'et ce que l'on peut soutenir avec Platon au livre VI de la République : le peuple est comparé à
une grosse bête ignorante dnt le sophiste qui cherche à la dominer a appris tous les appétits et les peurs.
Ensuite,
le sophiste qui est un ortiage politique, peut manipuler le peuple en lui faisant faire ce qu'il veut.
En somme le peuple
par son ignorance est l'esclave des flatteurs qui désirent le posséder.
C'est ainsi ce qui se passe lorsque sur un
bateau un marin convint les autre qu'il est seul à savoir gouverner et ainsi de supprimer le maître du navire.
Or une
fois que les mutins se sont rendus maîtres du navire, ils se saoulent des paroles du sophiste et manquent d'une
véritable direction.
Il n'est pas alors étonnant qu'ils fassent naufrage.
En croyant être libres, ils sont esclaves de
leur ignorance..
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