Le goût est-il naturel ou dépend-il de la culture ?
Extrait du document
«
[Le goût est cette faculté naturelle qu'ont les hommes de distinguer immédiatement le bon du mauvais et
le beau du laid.
Point n'est besoin de culture ni d'éducation pour savoir si l'on aime ou si l'on n'aime pas.]
Le goût est une sensibilité immédiate
C'est tout de suite que je sais si quelque chose me plaît ou me déplaît, qu'il s'agisse d'un mets nouveau dans
mon assiette ou d'une musique nouvelle à la radio.
Si la musique techno ne me plaît pas, on aura beau me
forcer à l'écouter ou tenter de me convaincre de sa beauté, cela ne changera pas mon goût.
Elle restera
toujours pour moi vacarme assourdissant à l'opposé des harmonies qui font la beauté de la musique classique.
L'oeuvre d'art n'est que ce qu'elle est - le fruit de l'inspiration - et il n'est pas nécessaire de remonter au-delà
d'elle.
L'attitude de l'amateur se réduit à une pure réceptivité du sentiment de plaisir ou de déplaisir que
l'oeuvre provoque en lui.
II est totalement inutile de faire appel a un savoir pour apprécier les qualités ou les défauts d'une oeuvre.
L'oeuvre d'art plait ou déplaît indépendamment de considérations techniques ou théoriques.
Subordonner le gout à la culture esthétique, c'est donner à l'art une fonction de distinction; les oeuvres d'art
seraient réservées à certaines classes sociales, et inaccessibles à d'autres; la fréquentation des musées, des
salles de concert devenant la marque dune certaine supériorité sociale.
Or, il n'est pas interdit de penser que
l'on puisse aimer un concerto de Mozart sans connaitre la musique, détester une pièce de Ionesco avec
autant de raison qu'un critique averti.
On peut dire que le comble de l'art est de se faire oublier comme art.
Aucune norme ne précède l'oeuvre, elle s'explique par elle-même.
On ne peut pas me convaincre d'aimer
Le goût est du ressort de la sensibilité et non de celui de la raison.
Le jugement de connaissance vise à
produire une science, et cela a du sens que de vouloir convaincre de sa vérité.
Par contre, le jugement de
goût produit une conscience, et le plaisir se développe dans le rapport du sujet à l'objet qui lui plaît sans la
médiation de l'expérience ni l'intermédiaire du savoir.
Aussi, l'on peut dire que le goût est naturel.
On a du
goût ou l'on n'en a pas en fonction de sa sensibilité au beau et au bon.
Le goût ne repose que sur l'appréciation subjective
Il n'y a pas de critère du beau et du laid, du bon et du mauvais.
Ce qui constitue le beau esthétique ou
l'agréable sensitif, c'est le plaisir ou le déplaisir que provoque en moi la contemplation d'une oeuvre ou la
dégustation d'un mets.
Est agréable ce qui me fait plaisir, est beau ce qui me plaît.
[Le goût demande à être formé afin d'affiner son sentiment ou de donner à la valeur d'une oeuvre un
fondement objectif.
Dans cette mesure, le goût est toujours culturel, c'est le résultat d'un apprentissage,
d'une éducation ou d'une initiation.]
LES LIMITES DU SENTIMENT.
Il y a quelque chose de profondément subjectif dans le rapport à l'art.
Avoir un rapport à l'art, c'est être
capable de ressentir quelque chose devant une oeuvre.
C'est se laisser gagner par l'émotion qu'elle suscite.
Cet aspect subjectif du rapport à l'art est d'autant plus important qu'il est conforté par deux éléments :
l'art, comme le disait Hegel, c'est de l'idéal devenu sensible.
Le génie de l'artiste n'est pas d'avoir des idées.
Il
réside dans le fait de les matérialiser.
au départ, nous avons tous aimé avant de connaître.
La connaissance est l'effet de l'amour, qui seul
constitue l'origine sensible du plaisir.
L'amour est donc bien la condition de possibilité de la connaissance.
Ceci dit, si il ne suffit pas de connaître pour aimer, quand on aime l'art, on cultive ce goût et donc, on
cherche à le connaître en s'informant.
En ce sens, la connaissance historique et érudite est l'aboutissement
normal du sentiment..
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