Le droit se fonde-t-il sur l’intérêt privé ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet
Le mot « intérêt » peut avoir un sens positif et un sens péjoratif.
Au sens positif, l'intérêt est le fait d'être particulièrement
attentif à quelque chose qui nous convient.
Au sens péjoratif, l'intérêt est la recherche égoïste d'un profit personnel.
Dans
le cadre d'un sujet politique comme le nôtre, les deux acceptions peuvent être pertinentes, et il faudra peut-être déterminer
de quel type d'intérêt il convient de parler en premier lieu lorsque l'on pose la question du fondement du droit.
Il faudra
notamment s'intéresser à la notion d' « utilité » renfermée dans celle d'intérêt.
Un fondement est un élément essentiel servant de base à une doctrine, à un système, à une pratique.
C'est à la fois une
raison d'être de la chose dont le fondement est en question et une base de son fonctionnement.
Le droit est un système de pensées et de pratiques permettant de soumettre la vie humaine en communauté à certaines
règles valables pour tous.
Ce système est élaboré et institué, il n'est jamais donné a priori.
Autrement dit, il a la possibilité
de choisir ses fondements.
Pourtant les faits qui caractérisent le fonctionnement de la communauté humaine – et parmi
lesquels on trouve l'intérêt - déterminent le droit dans une large mesure.
Il va donc falloir évaluer dans quelle mesure
l'intérêt est le fondement essentiel – voire unique, puisque c'est le sens de l'expression « est-il le seul...
? » - du droit.
Il faudra se demander à la fois ce qui motive l'existence du droit, et ce que sont les principes mis en oeuvre en priorité
lorsqu'une communauté élabore un droit.
On ne parle de droit que dans le cadre d'une communauté politique, qui élabore,
collectivement ou non ses règles de vie.
Une première question importante est celle du but que vise cette communauté
lorsqu'elle travaille à cette élaboration du droit : est-ce un fonctionnement sans heurts ? est-ce le bonheur individuel de
chacun de ses sujets, ou la satisfaction de chacun de leurs intérêts personnels ? Il faudra se demander en second lieu
comment peut fonctionner une communauté fonctionne lorsqu'elle place l'intérêt au principe de son droit : l'intérêt est-il
un fondement suffisant du droit, ou rencontre-t-il des limites qui obligent à s'en remettre à d'autres principes également
pour fonder le droit ?
Eléments pour le développement
* Définition de l'intérêt en un sens social, et constat de son rôle moteur dans les relations interhumaines
Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations
« Dans presque toutes les espèces d'animaux, chaque individu, quand il est parvenu à sa pleine croissance, est tout à fait
indépendant, et, tant qu'il reste dans son état naturel, il peut se passer de l'aide de toute autre créature vivante.
Mais
l'homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables, et c'est en vain qu'il l'attendrait de leur seule
bienveillance.
Il serait bien plus sûr de réussir, s'il s'adresse à leur intérêt personnel et s'il leur persuade que leur propre
avantage leur commande de faire ce qu'il souhaite d'eux.
C'est ce que fait celui qui propose à un autre un marché
quelconque ; le sens de sa proposition est ceci : Donnez-moi ce dont j'ai besoin, et vous aurez d moi ce dont vous avez besoin vousmême ; et la plus grande partie de ces bons offices qui nous sont si nécessaires, s'obtient de cette façon.
Ce n'est pas de la
bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais du soin qu'ils
apportent à leurs intérêts.
Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n'est jamais de nos
besoins que nous parlons, c'est toujours de leur avantage.
»
Cette première partie pourrait souligner la pertinence de la question posée par le sujet en faisant le constat d'un rôle
fondamental de l'intérêt dans toutes les relations interhumaines.
La communauté politique, celle qui a besoin d'un droit, ne
serait qu'un ensemble plus large de relations interhumaines et baserait donc son fonctionnement sur la prise en compte de
l'intérêt.
Ce constat anthropologique permettrait de soutenir qu'il peut être pertinent de poser que l'intérêt est le seul
fondement du droit.
* L'intérêt, fondement de la société comme du droit en un sens utilitariste.
Bentham, Principes de morale et de législation
« La nature a placé l'humanité sous l'autorité de deux maîtres absolus : le plaisir et la douleur.
Il n'appartient qu'à eux de
désigner ce que nous avons à faire comme de déterminer ce que nous ferons.
Le critère du vrai et du faux comme
l'enchaînement des causes et des effets sont assujettis à leur domination.
Ils nous commandent dans tout ce que nous
faisons, disons et pensons, et tout effort pour échapper à leur emprise ne sert qu'à en démontrer et en confirmer la réalité..
»
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