Le droit est-il antérieur au devoir ?
Extrait du document
«
Rapports du droit et du devoir.
Le droit est-il antérieur au devoir ?
A.
— Rapports intimes.
— Il existe entre le droit et le devoir les rapports les plus intimes : — a) Ils
appartiennent l'un et l'autre â la catégorie des choses morales, purement rationnelles ; ils sont par conséquent
supérieurs à la réalité qu'ils dominent et jugent.
— b) Ils sont l'un et l'autre absolus et universels.
— c) Quoique
distincts ils sont inséparables et se supposent mutuellement.
Montrer, en effet, qu'ils ont un principe commun,
envisagé seulement sous des points de vue différents : le bien prescrit par la loi morale.
Ainsi que nous l'avons
dit, le devoir est la loi morale en tant qu'elle oblige la liberté ; le droit est la loi en tant qu'elle la protège.
Mais une question se pose : lequel des deux dépend logiquement de l'autre et, comme tel, doit lui être
subordonné ?
B.
— Priorité du devoir.
— On a quelquefois supposé que le droit est le fondement du devoir (Proudhon) ; et il
existe en effet toute une classe de devoirs qui consistent dans le respect du droit d'autrui et dont la notion
est par conséquent postérieure à celle de droit : ce sont les devoirs de justice.
Mais alors: une autre question
se pose : d'où dérive ce droit lui-même ? Qu'est-ce qui rend la personne respectable, inviolable et sacrée ? —
C'est qu'elle conçoit un idéal moral qu'elle a le devoir de réaliser : elle doit donc en avoir le droit.
Le devoir est
donc logiquement antérieur au droit, dont il est la raison et la règle.
Objection.
— Mais alors, dira-t-on, si le droit n'est que le pouvoir de faire son devoir, il ne saurait avoir plus
d'étendue que le devoir lui-même : lorsqu'on agit en dehors du devoir on n'est plus couvert par le droit.
Or, il
est certain que le droit déborde beaucoup le devoir : il nous est loisible de faire une foule de choses auxquelles
nous ne sommes nullement tenus.
C.
— Il faut remarquer que le devoir doit être entendu ici non pas au sens étroit d'action actuellement
obligatoire, mais au sens large, de loi nous ordonnant de tendre a notre fin.
Or, en nous imposant une fin à
atteindre, la loi nous donne le droit non seulement de faire ce qu'elle commande strictement, mais encore tout
ce que l'on juge nécessaire ou utile à la lin qu'elle propose.
C'est ainsi que le droit se trouve en t'ait toujours
plus étendu que le devoir strict, car il s'étend à tout se qui n'est pas actuellement défendu, à tout exercice de
l'activité susceptible de contribuer à notre progrès moral.
Il n'a pour limite, dans le permis.
que le droit de la
personnalité voisine.
On voit dès lors dans quel sens- il faut entendre cette formule d'A.
Comte : « L'homme n'a
d'autre droit que de faire son devoir.
».
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Rousseau, « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître s'il netransforme sa force en droit et l'obéissance en devoir»
- Le bonheur est-il un droit ou un devoir ?
- A tout devoir correspond-il un droit, et à tout droit correspond-il un devoir ? ?
- L'éducation. Qui a le droit et le devoir d'élever les enfants ?
- Le droit d'ingérence humanitaire est-il un devoir ?