Le droit d'expression autorise-t-il à soutenir n'importe quelle opinion ?
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«
Définition des termes du sujet:
EXPRESSION (n.
f.) 1.
— Représentation correspondant de manière analogique à ce qu'elle représente ; la projection
plane d'un solide en est l'expression (LEIBNIZ).
2.
— Attitudes, gestes liés à un état psycho.
: expressions du visage,
expression corporelle.
3.
— (Lato) Auj., SYN.
de phrase, suite de symboles formant un sens, notation, manière de parler.
4.
— (Ling.) Partie de la signification d'une phrase se rapportant au sujet qui l'énonce (chez RUSSELL, opposée à indication).
Cf.
JAKOBSON : fonction expressive ou émotive du langage.
DROIT:
a° Un droit: liberté d'accomplir une action (droit de vote); possibilité d'y prétendre ou de l'exiger (droit au travail, droit de
grève).
b° Le droit: ce qui est légitime ou légal, ce qui devrait être, opposé au fait, ce qui est.
c° Ce qui est permis par des règles non écrites (droit naturel) ou par des règles dûment codifiées (droit positif).
Le droit positif est l'ensemble des règles qui régissent les rapports entre les hommes dans une société donnée.
Le droit
naturel est l'ensemble des prérogatives que tout homme est en droit de revendiquer, du fait même de son appartenance à
l'espèce humaine (droit au respect).
Autoriser: accepter, admettre, approuver, permettre, tolérer; accorder ou donner un droit, une permission; dépénaliser;
rendre possible.
[I.
Droit d'expression et démocratie]
Philosophiquement, l'opinion est la doxa grecque : c'est un type de connaissance inférieure, un intermédiaire entre la
connaissance et l'ignorance.
Elle se fonde sur une croyance et échappe à l'examen critique, rationnel.
Elle croit, sans
analyser cette croyance (cf.
le mythe de la caverne dans La République de Platon).
Politiquement, on distingue l'opinion publique et l'opinion privée.
La première est la pensée sociale dominante sur les
questions politiques, économiques, morales, etc., d'une société donnée.
On fait des enquêtes d'opinion, c'est-à-dire des
sondages, sur la place de l'enfant dans la société, sur l'immigration, sur la parité, sur le quinquennat, sur les valeurs de la
jeunesse, etc.
Chacun donne son avis.
La démocratie a donné une importance croissante à l'opinion publique et certains
instituts se sont spécialisés dans la mesure des opinions.
L'opinion publique refléterait ainsi ce que pense la majorité des individus d'une société.
L'opinion privée est l'avis que
chacun porte sur un sujet.
La démocratie reconnaît le droit d'expression comme un droit fondamental de l'individu.
Mais les
sociologues savent que « le conformisme est la condition générale de l'opinion.
En cherchant à être reconnu comme une
personne, l'individu est conduit à être une personne comme tout le monde », écrit J.
Stoetzel.
L'opinion, qu'elle soit
publique ou privée, n'est pas toujours droite.
[II.
Droit d'expression et liberté]
Le droit ne commence qu'avec le rapport des personnes entre elles.
Toute action est juste, conforme au droit, lorsqu'elle
permet d'accorder la liberté de chacun et de tous.
«Le droit est l'ensemble des conditions sous lesquelles la libre faculté
d'agir de chacun peut s'accorder avec la libre faculté d'agir des autres, conformément à une loi universelle de liberté »,
écrit Kant.
Ainsi, se savoir humain commence lorsque je prends conscience de mes rapports avec les autres, et ainsi de moi-même.
Ma
liberté s'inscrit dans la société à laquelle j'appartiens.
Nous avons tous besoin de la société pour comprendre ce qu'être
humain signifie.
« Il n'y a point de liberté sans lois, ni où quelqu'un est au-dessus des lois : dans l'état même de nature,
l'homme n'est libre qu'à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous », écrit Rousseau.
La loi qui garantit la liberté et
le droit, est la loi politique.
La loi, chez Kant, est tout de suite morale.
La liberté d'expression est sans limites à partir du
moment où chacun s'est donné comme règle le respect d'autrui.
[III.
Droit d'expression et respect de la personne]
La démocratie qui garantit le droit d'expression, et permet à chacun d'exprimer sa pensée ou ses sentiments, garantit
aussi l'intégrité de la personne.
C'est pourquoi le droit républicain condamne la diffamation, les propos racistes ou
xénophobes, le harcèlement sexuel et moral.
La liberté politique, dont participe le droit d'expression, n'est donc pas la
licence de faire ou de dire n'importe quoi: «La liberté est le droit de faire ce que les lois permettent », affirme Montesquieu.
La liberté est le droit
de faire tout ce que
les lois permettent
(De l'esprit des lois)
Si chacun dans un État était autorisé à faire tout ce qui lui plaît,
très rapidement naîtraient des conflits.
Le plus fort
l'emporterait et le plus faible serait esclave.
L'absence de
contrainte ne conduit donc nullement à la liberté.
Celle-ci ne
peut exister que là où il y a des lois donnant à chacun des
droits mais aussi des devoirs, conditions du droit des autres.
Aujourd'hui, dans les pays démocratiques, la vie privée fait partie d'une protection légale.
Mais il n'est pas facile, par
exemple, de maîtriser les informations diffusées sur Internet.
Le droit d'expression n'est pas le droit de soutenir n'importe
quoi.
La limite devrait venir de la conscience intérieure de chacun, seule loi véritable à laquelle on obéit, de ce que Kant
appelle l'« autonomie », rythmée par les impératifs catégoriques.
Le droit d'expression engage ma responsabilité d'homme
envers tous les autres hommes..
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