LE DROIT CONDITION ESSENTIELLE DE LA VIE EN COMMUNAUTE
Publié le 01/03/2022
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«
I LE DROIT CONDITION ESSENTIELLE DE LA VIE EN COMMUNAUTE
A/ UNE NATURE HUMAINE QUI POSE PROBLEME
1.
Les hommes sont égoïstes
On a spontanément tendance à définir la liberté comme capacité de faire ce que l’on veut.
On se sent libre lorsque
aucun obstacle ne vient empêcher la réalisation de nos désirs.
L’attention aux désirs des autres n’apparaît dès lors que de
façon seconde.
Les hommes en ce sens paraissent très égoïstes.
Platon, dans La République (Livre II) évoque le cas d’un berger, Gygès, qui trouve un anneau d’or et s’aperçoit qu’en
tournant celle-ci d’une certaine façon, devient invisible.
Celui-ci, très vite, abuse du pouvoir permis par cette bague : il
séduit la reine, tue le roi et conquiert le pouvoir.
Il y a là, conclut Glaucon, l'interlocuteur de Socrate, « une sérieuse
raison de penser que personne n’est juste de son plein gré, mais par contrainte.
» Nous serions injuste, si nous étions
assurés de notre impunité.
Notre premier mouvement est un mouvement d’injustice, contre lequel, finalement, la loi, en
nous contraignant à être justes, nous protège.
2.
L’insociable sociabilité
A la différence de l’animal dont la plupart des comportements sont inscrits dans le capital génétique et sont de ce
fait héréditaires, l’homme ne peut réaliser ses potentialités qu’à partir d’une vie en société.
C’est donc seulement dans un
cadre social qu’il peut s’épanouir, se réaliser, donner le meilleur de lui-même.
(Cf.
dimension psychologique : isolement
en prison, mais surtout métaphysique : enfants sauvages…) Mais si les hommes ont besoin de vivre avec leurs
congénères, ils semblent aussi être incapables de vivre spontanément entre eux de façon pacifique et constructive.
L’homme n’a pas une nature qui lui permet de cohabiter de façon immédiatement harmonieuse avec ses semblables.
Kant évoque une insociable sociabilité et Freud, après Hobbes définit l’homme comme un loup pour l’homme.
Il existe
donc chez l’homme deux penchants contradictoires : s’associer avec ses semblables mais aussi avoir le plus grand mal à
ne pas entrer en conflit avec eux.
FREUD :
« L’homme n’est point cet être débonnaire, au cœur assoiffé d’amour,
.
dont on dit qu’il se défend quand on l’attaque, mais un être, au contraire, qui doit porter au compte de
ses données instinctives une bonne somme d’agressivité.
Pour lui, par conséquent, le prochain n’est
pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possibles, mais aussi un objet de tentation.
L’homme
est, en effet, tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son
travail sans dédommagements, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses
biens, de l’humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer.
Homo homini lupus :
qui aurait le courage, en face de tous les enseignements de la vie et de l’histoire, de s’inscrire en faux
contre cet adage ?
Cette tendance à l’agression, que nous pouvons déceler en nous-mêmes et dont nous
supposons à bon droit l’existence chez autrui, constitue le principal facteur de perturbation dans nos
rapports avec notre prochain.
C’est elle qui impose à la civilisation tant d’efforts.
Par suite de cette
hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment
menacée de ruine.
»
Malaise dans la civilisation
3.
L’état de nature, le droit du plus fort
On désigne par état de nature un état hypothétique où vivraient des hommes indépendamment de toute règle, de
toute loi.
On peut supposer, étant donné la nature humaine, qu’un tel état serait un état de guerre perpétuelle.
La vie y
serait explique Hobbes, auteur de la formule « L’homme est un loup pour l’homme » : « solitaire, pauvre, grossière,
abêtie et courte.
»
Le seul moyen de mettre fin à l’état de guerre consiste à imposer à tous les membres de la société des règles de vie en
communauté, à instituer un droit..
»
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