LE DROIT A LA LIBERTE EST-IL SANS LIMITE ?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
La question « le droit à la liberté est-il sans limite » est une interrogation totale qui attend soit une réponse
affirmative : oui le droit à la liberté est sans limite ; soit une réponse négative : non le droit à la liberté est
limité.
Notre réflexion va donc porter sur les limites ou l'absence de limites inhérent au droit à la liberté.
Pour ce
faire, il va falloir s'attarder sur les trois concepts centraux de la question : « droit », « liberté » et « limite ».
Droit :
On peut dégager deux acceptions du droit : 1° Un droit est ce qui est conforme à une règle précise et que par
conséquent il est légitime d'exiger.
Le langage courant dit : avoir droit à, avoir droit sur.
Dans cette
perspective, le droit est à la fois exigible conformément aux lois ou les règles mais aussi exigible parce que cela
est conforme à l'opinion morale en matière morale.
2° Un droit dans un sens plus large est ce qui est permis.
On dit « avoir le droit de » au sens de tout ce qui n'est pas défendu est permis ; outre cela « avoir le droit à »
revient à dire ce qui est permis moralement.
Liberté :
Dans le sens courant, l'homme libre est celui qui fait ce qu'il veut et non ce que veut un autre que lui,
autrement dit elle est l'absence de contrainte étrangère.
En philosophie, on peut dégager 7 grands sens de ce
terme.
– 1° Sens général : état de l'être qui agit conformément à sa volonté sans subir de contrainte
extérieure.
2° Sens politique et social : les mots libre ou liberté marquent simplement l'absence d'une
contrainte sociale s'imposant à l'individu – on est libre de faire tout ce qui n'est pas défendu par la loi.
Ici l'on
retrouve le sens 2 de la notion de droit ; c'est ce qu'on appelle une définition négative de la liberté.
3 ° Dans
un sens absolu le terme de liberté est connoté de façon appréciative et positive.
Il désigne le degré
d'indépendance de l'individu à l'égard du groupe auquel il appartient – mais degré souhaitable dès lors que « la
liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.
» (Art 4.
Déclaration de 1789).
4° Dans le sens
psychologique et moral la liberté se rapproche de l'autonomie, de la responsabilité et de la réflexion.
Elle se
distingue de l'inconscience et de l'insouciance.
5° Elle se distingue aussi des passions, dès lors qu'elle est
exercice de la raison.
Elle devient de fait normative.
6° La liberté se dégage aussi du déterminisme dès lors
qu'elle est libre arbitre et que le sujet seul est cause de son action.
7° La dernière acception est proprement
kantienne – c'est ce qu'on appelle la liberté intelligible qui souligne que l'explication complète de tout
phénomène est double : phénoménale ( tout phénomène doit être rattaché à des phénomènes antérieurs),
mais aussi intelligible (les phénomènes ont des causes intemporelles qui ne sont pas des phénomènes – leur
rapport à ces causes constitue la liberté.
Limite :
Géographiquement tout du moins spatialement, la limite est le point, la ligne ou la surface qui marque la
séparation entre deux territoires.
La limite dans notre cas est plus limitation que limite.
La question que nous
nous posons est celle de l'étendue du droit à la liberté.
La question, étant si le droit à la liberté connaît des
limites, de voir qui ou quoi les pose, et quelles sont elles.
Problématisation
La liberté au sens courant du terme est ce qu'on appelle la licence, autrement dit le droit de faire ce qu'on
veut, tout ce qu'on veut – le fameux « je fais ce que je veux de toutes façons » ; le « toutes façons »
soulignant le caractère illimité de la liberté.
Ainsi poser la question : « le droit à la liberté est-il sans limite ? »
ne va pas de soi.
Poser cette question remet directement en question notre conception habituelle, tout du
moins primitive de la liberté.
La question en elle-même est une aporie (problème) : liberté et limites semblent
de façon courante ne pas aller de paire.
Cependant au regard de la polysémie du terme « liberté », on voit que
l'opposition entre liberté et limite n'est pas si radicale que cela – il va donc falloir nuancer.
Si la réponse
instinctive de tout un chacun serait de répondre : oui, le droit à la liberté est sans limite, il va falloir dépasser
cette immédiateté.
Notons cependant que la question n'est pas la liberté est-elle sans limite, mais bien le droit
à la liberté est-il sans limite.
Nous allons donc devoir nous lancer dans une distinction conceptuelle entre le
droit et le fait, entre droits et devoirs.
Dans quelle mesure peut-on dépasser les deux contradictions
apparentes constitutives de notre sujet ? La contradiction entre liberté et limites ainsi qu'entre droit et illimité
dès lors qu'un droit est nécessairement limité par un devoir ou un autre droit ?
Plan
I.
La liberté licence – une liberté de facto ( = de fait) illimitée ?
II.
Le droit à la liberté : une limitation de la liberté licence ?
III.
Dans quelle mesure le caractère illimité du droit à la liberté est-il limité de facto ?.
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