Le dialogue est-il la solution des questions politiques ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet:
Le dialogue est un échange oral entre plusieurs individus dans lequel il ne s'agit pas
pour chaque partie d'énoncer simplement un point de vue mais de les confronter dans le but de
parvenir à une entente ou un accord.
Etant donné cette fin idéale, le dialogue est communément
opposé en politique aux conflits, à la violence.
En réalité, le dialogue est une certaine manière de
résoudre un conflit que l'usage de la violence.
L'homme est un être doué de langage, c'est par le langage qu'il parvient à fonder
une communauté politique.
Il convient de rappeler que le terme grec logos signifie aussi bien la raison
que le langage.
L'homme est animal doué de raison, c'est-à-dire doué de parole.
On peut aussi
rappeler que le terme de barbare imitait la manière de parler des non grecs.
Les barbares sont ceux
qui, aux yeux des grecs, n'ont pas véritablement de langage.
La parole est donc fondamentale dans
la naissance de la politique et plus précisément dans la démocratie.
C'est grâce à elle qu'on délibère,
qu'on exprime son opinion, qu'on argumente et qu'on persuade.
Il faut se demander ensuite ce qu'on entend par « questions politiques ».
Après tout,
nous ne savons pas s'il s'agit de politique extérieure ou intérieure.
·
En politique extérieure privilégier le dialogue reviendrait à privilégier la diplomatie, la
concertation et ce que l'on appelle le multi-latéralisme à la violence systématique ou à
la menace.
Or d'emblée, on voit que menacer peut aussi passer par la parole.
Il faut
donc distinguer le dialogue entre égaux où chaque partie peut parler librement et sans
crainte du dialogue entre inégaux,et dans lequel l'adhésion du plus faible risque
toujours d'être obtenue par la contrainte et ainsi n'être jamais sûr.
·
En politique intérieure, il y aurait une alternative similaire.
Soit on on instaure un
dialogue entre des parties en conflit, soit l'Etat par la contrainte impose une loi ou un
décret à l'origine du conflit.
q Or nous pouvons constater que l'alternative entre la violence et le dialogue repose dans les cas
les plus courant sur des rapports de force, des intérêts divergents.
Le dialogue y est souvent
la recherche d'un juste milieu, juste milieu qui n'est pas à égal distance, qui n'est pas non plus
forcément la justice mais qui est un compromis relatif à la puissance des parties qui se
confrontent.
Autrement dit, la confrontation qui naît dans une société entre des intérêts
divergents ne cesse pas nécessairement par le dialogue alors même que ce-dernier remplit un
autre objectif : la paix sociale.
Problématisation :
La réponse à la question peut donc varier suivant se que l'on entend par le terme dialogue, et
l'idée qu'on se fait de sa fin.
Le dialogue semble vain si l'on croit par lui parvenir à réunir des
intérêts divergents.
Peut-on en effet s'appuyer seulement sur la raison pour parvenir à l'entente,
ou faut-il user de la force, et plus précisément de la crainte de la force pour gouverner ou fonder
un état politique ? Ne faudrait-il pas se demander quelle espèce de dialogue pourrait régler la
question politique par excellence celle de l'union d'un ensemble d'invidividus en un état ?
1)
Le dialogue sans la force est inutile.
a)
Croire que le dialogue puisse arranger des conflits est souvent une conception
quelque peu naïve.
Hobbes, auteur du célèbre Léviathan peut écrire « les paroles sans
le sabre ne sont que palabre ».
Il est évident que l'histoire témoigne de la fragilité des
traités.
Peu d'états quelque soit leur forme ont continué d'honorer des traités quand
leur intérêt particulier s'y opposait.
La crainte est le ressort de l'obéissance civile.
Sans
ce ressort l'homme est condamné à vivre dans l'état de nature que Hobbes décrit
comme un état de guerre de chacun contre chacun.
Il n'est pas ici le lieu de discuter si
la vision de Hobbes de l'état de nature est juste ou non.
Mais si le dialogue doit
déboucher sur un traité, il risque de n'être qu'une solution momentanée jusqu'à la
prochaine guerre, jusqu'au moment où celui qui s'estime lésé peut espérer prendre sa
revanche.
b)
Ainsi, la diplomatie peut être perçue comme « la guerre continuée par d'autres
moyens » (Clausewitz).
La forme est bien celle du dialogue, mais la force, la menace de
guerre ou d'autres sanctions demeurent.
Opposer le conflit et la diplomatie devient
compliqué, et il est en tout cas certains que le dialogue n'aboutit dans ces
circonstances qu'à l'aide de la puissance que les interlocuteurs prétendent avoir.
c) Cela est aussi vrai pour la politique intérieure.
Pour obtenir des droits, les ouvriers ont
du user de la grève effective, et de la menace de grève.
On voit bien que ces droits dont
il ne fait aucun doute que certains sont considérés aujourd'hui comme évidemment légitime
n'ont été institué qu'après l'expression de la force et grâce à elle.
Le dialogue sans cette
force paraît inutile, et ce, même si sa cause est juste.
2)
Le dialogue source et fin de la politique.
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