Le despotisme de la Raison, un idéal politique ?
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«
Définition des termes du sujet:
IDÉAL: Adjectif désignant ce qui se rapporte à une idée.
On l'oppose à empirique.
On qualifie aussi d'idéal,
quelque chose qui n'existe d'en pensée.
Substantif désignant un modèle à suivre (un idéal de vertu par exemple).
Raison:
Si ses déterminations exactes varient d'un philosophe à l'autre, tous reconnaissent la raison comme le propre de
l'homme, et comme la faculté qui commande le langage, la pensée, la connaissance et la moralité.
Descartes
l'assimile au « bon sens », c'est-à-dire à la faculté de juger.
Kant distingue le versant théorique de la raison, qui a trait à la volonté de connaître, et le versant pratique, par
lequel l'homme se soucie de son action et entend en lui l'appel du devoir moral.
Politique
Du grec polis, « la cité ».
Désigne l'art de gouverner la cité, de diriger un État.
Repose-t-elle sur un savoir théorique
ou n'est-elle qu'un ensemble de techniques ? Sur quoi se fonde l'autorité politique ? Tels sont les grands axes de
réflexion de la philosophie politique.
Se défier du despotisme...
Il faut se méfier du despote, même « éclairé »! « Le gouvernement arbitraire d'un prince juste et éclairé est toujours
mauvais — écrit Diderot dans La réfutation d'Helvétius.
Ses vertus sont la plus dangereuse et la plus sûre des
séductions...
» En effet, elles vont endormir la vigilance du peuple, lui donner le goût de la passivité heureuse, du
bonheur dans la servilité : « C'est ainsi que l'on tombe dans un sommeil fort doux, mais dans un sommeil de mort,
pendant lequel le sentiment patriotique s'éteint, et l'on devient étranger au gouvernement de l'État.
» Voilà pourquoi
le xviii ième siècle préfère assurer la promotion du monarque éclairé (cf.
Définir) et fait sienne la maxime de
l'empereur Antonin :
« Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent Rois ou les Rois philosophes.
»
Roi-philosophe ou philosophe-Roi, ce n'est pourtant pas la même chose !
...
Pour promouvoir le philosophe-Roi...
Il semble plus « naturel » de prétendre éduquer le Prince qu'installer le philosophe sur le trône.
C'est à cela que
s'emploie Fénelon dans les Aventures de Télémaque (créant le personnage de Mentor, précepteur du jeune prince
d'Ithaque), c'est de cela dont rêve Voltaire en se rendant à l'invitation de celui qu'il appelle le « Salomon du Nord »,
Frédéric de Prusse...
Les résultats demeurent incertains...
Néron eut son Sénèque et ne devint pas Marc Aurèle...
Les princes s'ils héritent du trône ne reçoivent pas nécessairement le legs de bonnes dispositions à philosopher...
Tous les hommes ne sont pas faits du même métal, dirait Platon...
Précisément, pourquoi ne pas installer au pouvoir ceux dont il apparaît qu'ils sont de nature aurifère? Le Socrate de
La République imagine ainsi des philosophes à la tête de la Cité idéale qu'il reconstruit par une nuit de fête dans le
port du Pirée.
Or Socrate découvre en même temps que la philosophie et la politique ne font pas bon ménage.
Les
philosophes n'ont pas le désir 'de gouverner, ne serait-ce que parce que leur amour de la vérité les détourne du
mensonge, même le plus noble, qu'exige la direction des affaires publiques.
D'ailleurs le Timée n'explique-t-il pas que
les meilleurs gouvernants sont ceux qui ressemblent à la déesse vierge Athéna, déesse de la Raison et de la Guerre,
sans désir mais tout entière calculatrice ?
Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », la
tradition tient Socrate pour le fondateur véritable de la philosophie politique.
Cicéron
aurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire descendre la philosophie du ciel pour l'établir
dans les cités, pour l'introduire également dans les foyers, et pour l'obliger à faire des
recherches sur la vie et les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal ».
en ce sens, il n'est pas d'histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec ce
livre majeur que constitue la « République ».
Rédigé par Platon, ce livre expose la conception de la justice de Socrate.
Tout y est
présenté sous la forme habituelle mais hautement complexe du dialogue.
Répondant aux
questions de ses interlocuteurs, Socrate développe une image de la cité idéale.
Socrate n'est-il que le porte-parole de Platon, un simple personnage dont le philosophe
se sert pour exprimer ses propres idées tout en restant masqué ? A l'inverse, Platon
n'est-il rien d'autre que le fidèle secrétaire du maître dont il se contente de noter
scrupuleusement la pensée ? Et dans ce jeu mobile et contradictoire où s'enchaînent et
s'entraînent questions et réponses sans que l'ironie soit jamais totalement absente, estil seulement légitime de dégager une doctrine ? Derrière la fausse simplicité d'une conversation entre philosophes,
l'art du dialogue soulève d'insurmontables difficultés qu'il nous faudra ici ignorer pour tenter de cerner l'image du
politique qui se dégage de la « République »..
»
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