LE DÉSIR : UN DÉTOUR PAR AUTRUI, POUR M'ATTEINDRE MOI-MÊME ?
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Corrigé envoyé par: Laure Lauriston
Classe: TS3
Année: 2002-2003
Corrigé demandé en échange: Quelle conception de l'homme l'hypothèse de l'inconscient remet-elle en cause ?
LE DÉSIR : UN DÉTOUR PAR AUTRUI, POUR M ATTEINDRE MOI-MÊME ?
Quand Bachelard écrit, dans la Psychanalyse du Feu : « l'homme est une création du désir et non pas une création
du besoin », il renverse une échelle de valeurs établie par une longue tradition qui valorisait le besoin au détriment
du désir, opposant le naturel à l'artificiel, le mesuré au démesuré, la raison à l'imagination.
Mais si l'homme est
création du désir, n'est-ce pas aussi parce que le désir engage chacun à être situé sous le regard d'autrui ?
LE DÉSIR CONTRE LE BESOIN ?
Le désir est souvent présenté comme la face négative du besoin.
Plusieurs oppositions sont proposées : celles du
naturel et de l'artificiel, du nécessaire et du superflu, de la satisfaction et de l'insatisfaction, du possible et de
l'impossible.
Ces oppositions sont-elles satisfaisantes?
On serait tenté d'opposer le caractère naturel du besoin au caractère artificiel du désir.
On parlera alors de besoins
primaires, ou biologiques : comme manger, boire, dormir.
Mais ce critère est ambigu.
Ne peut-on pas dire,
aujourd'hui, que nous avons besoin d'une voiture pour travailler, dès lors que l'objet ne s'impose à nous que comme
outil nécessaire, en l'absence de tout autre moyen de transport ? Une automobile est un objet artificiel, le travail
est un comportement artificiel ; mais on peut avoir besoin d'une automobile pour travailler.
Dira-t-on que le besoin s'oppose au désir comme le nécessaire au superflu ? Mais qui définira la limite de la
nécessité? On peut juger qu'une salle de bains est nécessaire dans un logement moderne, ou qu'un poste de
télévision est nécessaire pour une personne âgée.
Dira-t-on que le désir en général entre dans la logique cyclique de l'insatisfaction ? Le cycle est le symbole de
l'esclavage, comme le montre l'image du moulin à grain, actionné par l'âne ou l'esclave.
Mais cet esclavage est tout
aussi bien celui du besoin (il faut tous les jours recommencer à se nourrir) que du désir insatiable (il faut tous les
jours davantage de plaisirs, ou de pouvoir, etc.).
Reste un dernier critère, qui renverrait à l'objet lui-même.
L'objet du désir est un objet impossible, un faux objet, par
exemple, l'opinion des autres, la gloire, les honneurs.
Puisqu'on ne peut posséder ces objets qui ne nous
appartiennent pas, ou qui sont tous les jours à reconquérir, l'insatisfaction est la règle.
ENTRE LE DÉSIR DE MORT ET LE DÉSIR D'ÉTERNITÉ
On trouvera, dans Le Banquet de Platon, deux conceptions où le désir, tout en étant décrit comme une force
irrationnelle et démesurée, apparaît pourtant comme un élan positif : une parcelle d'infini en l'homme.
L'infini du désir de complétude, d'abord.
Dans le mythe d'Aristophane, quand deux âmes soeurs ont la chance de se
rencontrer, elles sont à ce point unies qu'elles peuvent désirer la mort, une mort heureuse qui serait comme la face
étrange du désir d'être soi.
Le désir ne dérive pas du besoin sexuel ; il appartient à un autre monde,
incommensurable.
De la plénitude perdue
Dans Le Banquet, Platon présente le récit fabuleux suivant : à l'origine, l'humanité
comprenait un seul genre de créature, ce que nous pourrions appeler l'androgyne, mixte
de mâle et de femelle.
Ces êtres étaient ronds de forme, disposaient de quatre jambes,
quatre bras, de flancs circulaires, de deux visages opposés l'un à l'autre sur une même
tête ronde, et jouissaient dune force extraordinaire ; leur orgueil immense les poussaient
à provoquer les dieux auxquels ils en étaient venus à se comparer.
Zeus décida de
mettre un terme à leur indiscipline en les affaiblissant.
Pour ce faire, il les coupa en deux
dans le sens de la longueur et chargea Apollon de ramener leur peau sur le ventre (le
point de suture qui subsiste est le nombril), ainsi que de tourner leurs visages.
Il
s'ensuivit que ces êtres séparés mouraient de chagrin et de malheur, se laissant dépérir
auprès de leur moitié distincte.
Pour remédier à ce désastre, Zeus ramena leurs parties
génitales qu'ils avaient derrière sur le devant, et ceux-ci purent s'accoupler, soit pour
créer un nouvel être unique, soit pour s'accorder un plaisir qui leur offrait pour un
moment le bonheur de leur union passée, et l'esprit libre, leur permettait ensuite de.
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