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Le désir ou la puissance d'exister

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« VOCABULAIRE: DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.

Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même. Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin.

Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas). Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.

Ce qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.

On peut finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction dépend de nous. Exister / Existence: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.

Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.

Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée. A.

L'homme est un être de désir Contre Platon, Spinoza refuse de définir le désir à partir de l'idéal dont il serait le manque.

Pour lui, le désir est l'essence même de l'homme, l'effort que tout homme déploie pour « persévérer dans son être ».

Il ne faut pas entendre par là un simple « instinct de conservation », mais plutôt un instinct de développement et d'épanouissement de soi. Aussi le désir est-il premier au regard de l'objet désiré.

Nous ne désirons aucune chose parce que nous la jugeons bonne, dit Spinoza, mais au contraire, nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous la désirons.

Ce qui rend les objets désirables à nos yeux ne se trouve donc pas dans les objets désirés, mais bien en nous-mêmes, en tant que ces objets favorisent ou augmentent notre puissance d'être.

Quant au sentiment que nous éprouvons lorsque nous prenons conscience que tel ou tel objet a fortifié notre «puissance d'agir », Spinoza l'appelle tout simplement la joie. Prendre la mesure de Dieu, c'est prendre la mesure de la Nature comme substance infinie, nécessaire et suffisante. Cela étant, tout est en quelque sorte comme un rapport de forces, comme s'il y avait plus de force, de puissance dans une idée adéquate que dans une image ou une illusion, plus de force dans la raison que dans la passion, et comme nous le verrons plus loin, plus de force dans un Etat démocratique que dans la tyrannie ou l'anarchie. En effet, tout être, toute chose «veut» — non par vouloir propre, par libre arbitre, mais par nécessité, du fait même de ses propriétés — persévérer dans son être essentiel, dans sa force, dans sa puissance.

Si bien que l'homme est essentiellement désir, non un ensemble de facultés ou de capacités.. Chaque chose, selon sa puissance d'être, s'efforce de persévérer dans son être. J'entends ...

sous le nom de Désir tous les efforts, impulsions, appétits et volitions de l'homme... Le désir est l'essence même de l'homme, c'est-à-dire l'effort par lequel l'homme s'efforce de persévérer dans son être. A telle enseigne que c'est le désir qui est au fondement de nos actes et non l'illusoire jugement moral (bien/mal) et le libre arbitre.

Il y a là, chez Spinoza, un étonnant renversement de nos raisonnements habituels.

Tout se passe comme si — ce qui est d'ailleurs vrai — j'« aime» la vie parce que je vis, et non l'inverse : je vis parce que j'aime la vie.

De même — ce qui est tout aussi vrai mais moins reconnu — j'aime cette femme parce que je vis avec elle, et non : je vis avec cette femme parce que je l'aime.

Car, c'est la passion et non la raison qui nous donne l'illusion de choisir. Nous ne faisons effort vers aucune chose ...

parce que nous jugeons qu'elle est bonne; c'est l'inverse : nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous faisons effort vers elle, que nous la voulons et tendons vers elle par appétit ou désir. Ce désir, inscrit en moi comme essence nécessaire, déborde non seulement ma pensée consciente (de mon désir, mais ignorante de ses causes — et c'est déjà en quelque sorte toute la psychanalyse!), mais encore les passions qui en manifestent la force : force croissante de la joie, force décroissante de la tristesse ; l'une, la joie, culminant dans l'homme raisonnable vainqueur des contraintes extérieures dont il accepte la nécessité au même titre que sa nature propre, l'autre, la tristesse, culminant dans «l'homme entièrement vaincu par des causes extérieures qui sont contraires à sa nature propre» et qui, partant, se suicide. Donc la raison «corrige» la passion, comme le concept corrige l'image, et au lieu de pâtir sous la contrainte extérieure, nous agissons avec plus de force, d'effet, de productivité en assumant notre essence nécessaire.

Si bien qu'être de désir d'être «un homme libre ne pense à aucune chose moins qu'à la mort ; et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie», même si «la force, en vertu de laquelle l'homme persévère dans l'existence, est limitée, et est infiniment surpassée par la puissance des causes extérieures». B.

Ne faites que ce qui vous plaît Au XIXe siècle, Fourier concevra une philosophie révolutionnaire, fondée sur la réalisation du désir.

Le matérialisme de Fourier se masque sous l'apparence d'une philosophie de la providence.

Les attractions, dit Fourier (et il entend par là l'ensemble de nos désirs), « sont proportionnelles aux destinées ». Autrement dit, nos désirs sont l'indice de ce que Dieu attend de nous.

Et la société nouvelle que Fourier veut instaurer est une société où tous nos désirs seront satisfaits.

Certes, dans notre société, dans ce que Fourier appelle avec mépris la société « civilisée », chacun ne peut satisfaire ses désirs qu'au détriment d'autrui.

Mais précisément, il faut changer la société et construire un monde nouveau où les désirs de chacun pourront, sans nuire à quiconque, se réaliser dans l'harmonie universelle. C.

Libérez le désir ! Dans L'Anti-OEdipe (1972), écrit en collaboration avec Félix Guattari, Gilles Deleuze (1925-1995) s'en prend violemment à la psychanalyse freudienne, qui restreint la signification du désir au conflit « papa-maman-bébé ».

Sa thèse prend corps dans le concept de « machine désirante » : l'inconscient n'est pas un théâtre, mais une usine, une machine, dont la seule fonction est de produire.

Or, en ramenant tous les cas qu'elle observe au sempiternel conflit oedipien (désir d'épouser le parent du sexe opposé, désir de tuer le parent du même sexe), la psychanalyse enracine de nouveau le désir dans l'interdit, donc dans le manque.

Deleuze et Guattari voient au contraire dans le désir une force affirmative, une puissance de subversion qui ne demande qu'à investir les corps et les objets.

« Libérez le désir ! », tel pourrait être leur mot d'ordre.

Seul le désir est en mesure de briser la routine pour inventer de nouvelles normes de vie ; seul le désir peut outrepasser les limites et, dans un élan de joie, nous réconcilier avec la vie.. »

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