Le désir est-il le signe de la misère de l'homme?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens («
homme sage »).
• Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique
».
Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature
l'aurait pourvu du langage.
DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.
Comme
objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même.
Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en
vue d'une fin.
Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne
veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne
le désire pas).
Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.
Ce
qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.
On peut
finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction
dépend de nous.
Il convient de se demander en quoi le désir peut représenter une forme de misère, c'est-à-dire à la fois une forme
de malheur et d'imperfection.
La première cause tient à l'idée que le désir est lié au manque : je désire ce que je ne
possède pas.
Le désir, signe d'un manque, révèle ainsi l'imperfection de ma nature (cf.
l'explication platonicienne du
désir).
Pour cette raison, le désir est paradoxal : recherche du plaisir, il ne fait qu'augmenter ma misère, le désir
étant par nature insatisfait.
D'où la nécessité de ne pas s'abandonner aux désirs et à leurs débordements, et de
rechercher le bonheur dans la tempérance, en menant une existence raisonnable.
Pourtant, si certains désirs détournent l'homme de la réflexion et de la contemplation, si la passion fait souffrir, la
raison ne peut-elle pas elle aussi être source de discorde et donc de misère ? C'est la raison qui me pousse à
calculer chaque chose au mieux de mes intérêts, alors que la passion est' bonne en elle-même (cf.
Rousseau et la
pitié,
fiche 4) ; le désir et les passions ne deviennent source de maux que pour une conscience égoïste qui cherche à se
comparer pour être reconnue, ou pour une conscience jalouse qui ne désire que ce que désire sa rivale.
Il serait
ainsi plus juste de distinguer entre des bons et des mauvais désirs, plutôt que de considérer que le désir est, par
nature, responsable de la misère de l'homme.
En outre, le désir et les passions peuvent apparaître comme le signe d'une grandeur (cf.
Hegel : «Rien de grand ne
s'est fait sans passion »), car eux seuls ont le pouvoir de transformer la réalité ou même de créer du réel.
Le désir
ne révèle pas la misère du corps, mais la grandeur de l'esprit.
Si le besoin correspond à une nécessité naturelle, le
désir est ce qui nous libère de la nature (cf.
Hegel).
Ainsi, au lieu de considérer qu'il vaut mieux « vaincre ses désirs
plutôt que l'ordre du monde » (Descartes), ne faut-il pas faire apparaître la puissance créatrice du désir, en
considérant précisément l'ordre du monde, non comme l'ordre de la raison, mais comme l'ordre des désirs ? Le désir
n'apparaît plus alors comme un manque mais comme une production.
[C'est le désir qui, dans la tradition biblique, a fait de l'homme un être déchu.
L'être qui désire ne dispose
pas de lui-même.
Le désir est insatiable.
Il contredit les plus nobles aspirations de l'homme.]
Le désir est souffrance - Le bouddhisme ou la négation de tout désir.
Le bouddhisme nous propose une sagesse radicale Les trois premières vérités fondamentales enseignées par le
Bouddha sont les suivantes :
1.
Toute vie est souffrance.
2.
L'origine de la vie et de la souffrance est le désir.
3.
L'abolition du désir entraîne l'abolition de la souffrance.
Nous pouvons présenter ceci par l'équation : vie = Désir = Souffrance.
En effet, il n'y a de vie que par le désir, par le désir farouche de survivre, de se défendre contre les autres vivant,
de se nourrir, de tuer pour cela, comme on le voit chez tous les vivants, les animaux et les hommes.
Le désir
fondamental est donc le désir de persévérer dans son être, lé désir d'être et de persister à être un individu, séparé
et différent du reste du monde, ou, comme disent les Occidentaux, le désir d'individuation.
D ‘autre part, le désir n'est jamais satiable, nous souffrons toujours de désirs inassouvis, que redoublent encore les
douleurs physiques de la maladie et de la vieillesse, qui sont le lot des vivants.
Bref, à regarder les choses
lucidement, la vie est essentiellement faite de souffrance.
Bien rares sont les moments de vraie joie.
Certes, nous
avons l'espoir d'arriver un jour au bonheur par la satisfaction de tous nos désirs : c'est d'ailleurs ce qui nous fait.
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