Le désir est-il la marque de la misère humaine ?
Extrait du document
«
[C'est le désir qui, dans la tradition biblique, a fait de l'homme un être déchu.
L'être qui désire ne dispose
pas de lui-même.
Le désir est insatiable.
Il contredit les plus nobles aspirations de l'homme.]
Le désir est souffrance - Le bouddhisme ou la négation de tout désir.
Le bouddhisme nous propose une sagesse radicale Les trois premières vérités fondamentales enseignées par le
Bouddha sont les suivantes :
1.
Toute vie est souffrance.
2.
L'origine de la vie et de la souffrance est le désir.
3.
L'abolition du désir entraîne l'abolition de la souffrance.
Nous pouvons présenter ceci par l'équation : vie = Désir = Souffrance.
En effet, il n'y a de vie que par le désir, par le désir farouche de survivre, de se défendre contre les autres
vivant, de se nourrir, de tuer pour cela, comme on le voit chez tous les vivants, les animaux et les hommes.
Le désir fondamental est donc le désir de persévérer dans son être, lé désir d'être et de persister à être un
individu, séparé et différent du reste du monde, ou, comme disent les Occidentaux, le désir d'individuation.
D ‘autre part, le désir n'est jamais satiable, nous souffrons toujours de désirs inassouvis, que redoublent
encore les douleurs physiques de la maladie et de la vieillesse, qui sont le lot des vivants.
Bref, à regarder les
choses lucidement, la vie est essentiellement faite de souffrance.
Bien rares sont les moments de vraie joie.
Certes, nous avons l'espoir d'arriver un jour au bonheur par la satisfaction de tous nos désirs : c'est d'ailleurs
ce qui nous fait vivre, mais ce n'est qu'illusion vaine.
Ce qu'il faut donc, c'est arriver à échapper à la
souffrance.
Le désir se nourrit du manque
Dans le Banquet Platon souligne de manière très marquée cette ambivalence du désir en le décrivant tout
d'abord comme manque, le désir est la manifestation en nous de l'aspiration vers quelque chose dont nous
avons l'intuition plus ou moins vague, mais que nous ne possédons pas, que nous ne parvenons pas à
atteindre.
Assimilant le désir à l'amour il en fait le fils d'une mendiante (Pénia, la pauvreté) et de la richesse (Poros, la
ressource), cette double origine qui fait du désir un mixte symbolise à la fois le vide en quoi consiste le
manque qui le fait naître et la plénitude vers laquelle il tend mais qu'il n'atteint que très difficilement.
Voici l'histoire de sa naissance :
« Quand Aphrodite naquit, les dieux célébrèrent un festin, tous les dieux, y compris Poros, fils de Mètis.
Le
dîner fini, Pénia voulant profiter de la bonne chère, se présenta pour mendier et se tint près de la porte.
Or
Poros, enivré de nectar, car il n'y avait pas encore de vin, sortit dans le jardin de Zeus, et, alourdi par
l'ivresse, il s'endormit.
Alors Pénia, poussée par l'indigence, eut l'idée de mettre à profit l'occasion, pour avoir
un enfant de Poros : elle se coucha près de lui, et conçut l'Amour.
Aussi l'Amour devint-il le compagnon et le
serviteur d'Aphrodite, parce qu'il fut engendré au jour de naissance de la déesse, et parce qu'il est
naturellement amoureux du beau, et qu'Aphrodite est belle.
Étant fils de Poros et de Pénia, l'Amour en a reçu
certains caractères en partage.
D'abord il est toujours pauvre ; et loin d'être délicat et beau comme on se
l'imagine généralement, il est dur, sec, sans souliers, sans domicile ; sans avoir jamais d'autre lit que la terre,
sans couverture, il dort en plein air, près des portes et dans les rues ; il tient de sa mère, et l'indigence est
son éternelle compagne.
D'un autre côté, suivant le naturel de son père, il est toujours à la piste de ce qui
est beau et bon ; il est brave, résolu, ardent, excellent chasseur, artisan de ruses toujours nouvelles,
amateur de science, plein de ressources, passant sa vie à philosopher, habile sorcier, magicien et sophiste.
Il
n'est par nature ni immortel ni mortel ; mais dans la même journée, tantôt il est florissant et plein de vie, tant
qu'il est dans l'abondance, tantôt il meurt, puis renaît, grâce au naturel qu'il tient de son père.
Ce qu'il
acquiert lui échappe sans cesse, de sorte qu'il n'est jamais ni dans l'indigence, ni dans l'opulence et qu'il tient
de même le milieu entre la science et l'ignorance, et voici pourquoi.
Aucun des dieux ne philosophe et ne
désire devenir savant, car il l'est ; et, en général, si l'on est savant, on ne philosophe pas ; les ignorants non
plus ne philosophent pas et ne désirent pas devenir savants ; car l'ignorance a précisément ceci de fâcheux
que, n'ayant ni beauté, ni bonté, ni science, on s'en croit suffisamment pourvu.
Or, quand on ne croit pas
manquer d'une chose, on ne la désire pas.
» Platon, Le Banquet, Discours de Diotime.
De la plénitude perdue
Dans Le Banquet, Platon présente le récit fabuleux suivant : à l'origine, l'humanité comprenait un seul
genre de créature, ce que nous pourrions appeler l'androgyne, mixte de mâle et de femelle.
Ces êtres.
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