Le désir de vrai n'est-il que l'expression d'un sentiment religieux ?
Extrait du document
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— En quoi le désir du vrai peut-il être l'expression d'un sentiment religieux?
• lorsque la vérité est définie comme un absolu;
• cet absolu ressemble à celui qui caractérise Dieu;
• la vérité absolue peut alors être conçue:
— soit directement comme dépendant de Dieu;
— soit comme un ensemble d'énoncés eux-mêmes sacralisés et impossibles à modifier.
— Le désir du vrai est-il nécessairement de cette nature? Non, si la vérité est conçue comme but de l'esprit humain,
objet à construire ou à conquérir progressivement.
Ex.: la vérité scientifique (rappeler comment elle évolue).
De ce point de vue, la vérité scientifique s'oppose en effet
au sentiment religieux parce qu'elle révèle l'existence d'un cheminement et d'une évolution là où la mentalité
religieuse affirme l'existence d'un donné initial et immédiatement complet.
— Précisions sur le désir:
• si on l'entend comme «désir de possession» (ou de consommation), on est obligé de répondre oui à la question,
puisqu'un tel désir suppose que la vérité puisse se présenter comme constituée une fois pour toutes, disponible à
l'appropriation par un sujet;
• si au contraire on y entend un écho du «philein» grec (celui qui résonne dans «philosophie» — désir, mais
nostalgique et se connaissant comme voué à l'échec, de la sagesse perdue), il n'implique pas d'être suscité par
quelque religiosité: le vrai apparaît au contraire comme faisant partie des tâches de l'homme — de ce qui, pour
l'homme est à construire ou à faire.
La vérité relève alors plus de la pratique (y compris au sens moral) que du
religieux, et le désir du vrai peut revêtir le sens d'une exigence morale, d'un devoir.
[Le désir du vrai n'exprime que le besoin de croire à un absolu éternel et immuable.
La vérité est divinisée
par de nombreux philosophes, qui décrivent la recherche du vrai comme une quête mystique.]
Le désir du vrai est désir d'éternité
Platon a une conception mystique, non scientifique, de la vérité.
Pour lui, l'âme aspire au vrai comme à un
absolu.
La vérité de Platon se confond avec Dieu, et le langage qu'il utilise pour en parler est le langage de la
foi.
L'«âme», se détachant des réalités corporelles et sensibles, doit «monter» jusque dans le monde des
idées.
Elle pourra alors «contempler» la vérité «éternelle» et immuable.
Platon ira même jusqu'à évoquer la thèse de la réminiscence.
Pour reconnaître un lit particulier, il faut savoir ce qu'est un lit en général, c'est-à-dire posséder l'idée du lit ;
mais d'où pourrait bien nous venir l'idée du lit si, à l'inverse, nous ne pouvons la trouver que dans les lits
particuliers ?
À ce paradoxe de l'acquisition de l'idée, Platon en ajoute un second : comment chercher à savoir quelque
chose ? Ce que l'on sait déjà, on n'a pas besoin de le chercher ; ce que l'on ne sait pas, on ne peut pas le
chercher, puisque l'on ne sait pas ce que l'on cherche.
Pour lever ces paradoxes, Platon évoque l'immortalité de l'âme.
Ayant contemplé, avant son incarnation, les
idées des choses, l'âme les oublierait sous l'effet du choc violent de la rencontre avec un corps – c'est-à-dire
la naissance.
L'espèce de notion vague qui se présente à l'esprit à l'occasion d'une rencontre avec les choses
dont nous avons l'idée en nous, sans pouvoir en disposer, serait comme un souvenir imprécis, éveillé par ces
choses qui lui ressemblent.
Découvrir la vérité, c'est retrouver un savoir oublié que l'on possédait d'avance.
Chercher et apprendre, c'est
se ressouvenir.
La vérité est en Dieu
Pour les philosophes chrétiens, de saint Augustin à Kierkegaard en passant par Malebranche, la vérité se
confond aussi avec Dieu.
Les vérités éternelles existent, elles sont en Dieu, et lorsque notre esprit accède à
elles, il le fait par le biais d'une expérience mystique.
Saint Augustin parle ainsi d'«illumination», Malebranche
de «vision en Dieu».
Science et religion ont le même objet.
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