Le désir comme production ?
Extrait du document
«
Désir
Le désir est d'abord la prise de conscience d'un manque, dont la satisfaction procure du plaisir.
Le stoïcisme
préconise de discipliner nos désirs si on veut atteindre le bonheur.
Platon nous invite quant à lui à nous méfier du désir, car il est insatiable, et de ce fait, source d'insatisfaction
toujours recommencée.
1.
La dialectique du désir
Le monde humain est un monde produit par le désir, qui est une puissance de
transformation de la nature : la conscience est en son principe désir, désir de
consommer ou de nier l'objet (Hegel, Phénoménologie de l'esprit).
Qu'autrui existe semble être pour la pensée contemporaine une
évidence.
Pourtant, l'idée d'un isolement de la conscience a longtemps
persisté.
C ‘est, sans doute, parce que l'esprit des philosophes était obsédé
par le problème de la recherche de la vérité.
D'où l'opposition entre, d'un
côté, le sujet connaissant et, de l'autre, le monde à connaître.
Dans cette
confrontation, la présence d'un tiers, à l'exception de Dieu, était exclue.
Le thème de l'altérité apparaît chez Kant dans ses considérations sur
la moralité, mais surtout chez Hegel dans « La phénoménologie de
l'esprit ».
C'est dans cet ouvrage – où Hegel décrit le mouvement
dialectique de la conscience, depuis la naïveté première de la « certitude
sensible » jusqu'à l'universalité du « savoir absolu », ultime moment où la
conscience prend conscience de sa liberté – que se trouve la fameuse
dialectique du maître & de l'esclave.
On peut y lire : « La conscience de soi
est certaine de soi-même, seulement par la suppression de cet Autre qui se
présente à elle comme vie indépendante ; elle est désir.
»
La conscience, dans son rapport immédiat avec elle-même, n'est que l'identité vide du Je = Je, une
tautologie sans contenu.
Toute conscience rencontre autrui, l'Autre, une autre conscience de soi.
Il n'y a, en fait,
de véritable conscience de soi que moyennant le retour à soi à partir de cet « être-autre ».
Autrement dit, la
conscience de soi serait impossible dans un monde où autrui n'existerait pas.
Si la conscience est mouvement et retour à soi-même à partir de l'être autre, elle ne peut d'abord l'être que
par la négation de l'autre.
Autrement dit, la relation à autrui se présente d'emblée comme une affaire de conflit.
Le
« moi » de l'enfant, par exemple, ne se forme-t-il pas en s'opposant au non-moi ? N'est-ce pas dans l'opposition à
ses parents que l'enfant forge sa personnalité ? Toute conscience est désir de reconnaissance de soi et la
satisfaction de ce désir ne peut advenir que moyennant la suppression de l'autre, en tant qu'être indépendant.
Le premier mouvement du désir serait de détruire et de consommer l'objet.
mais, dans cette expérience, je
découvre que mon désir est conditionné par cet objet et que je suis donc dépendant de cet objet que j'avais,
pourtant nié : « Le désir et la certitude de soi atteinte dans la satisfaction du désir sont conditionnés par l'objet ;
en effet la satisfaction a lieu par la suppression de cet autre.
Pour que cette suppression soit, cet autre aussi doit
être.
»
Loin d'atteindre la satisfaction complète et définitive, je découvre que, la satisfaction obtenue, le désir
renaît, marquant toujours davantage ma dépendance à l'égard de l'objet, de cet Autre que j'avais annihilé : « La
conscience de soi ne peut donc pas supprimer l'objet par son rapport négatif à lui ; par là elle le reproduit plutôt
comme elle reproduit le désir.
»
Dans ce cercle infini et infernal du désir, c'est-à-dire de « ce retour alterné et monotone du désir et de sa
satisfaction par laquelle le sujet retombe sans cesse en lui-même et sans supprimer la contradiction », la conscience
découvre qu'elle ne peut se ressaisir que dans une autre conscience de soi.
La dialectique même du désir le conduit
à son propre dépassement : de la pure consommation de l'objet à l'intersubjectivité.
Le désir n'est plus seulement
rapport égoïste de soi à soi, mais position de l'autre comme être indépendant et libre.
Je ne peux me reconnaître
que si je reconnais l'autre et réciproquement : « L'opération est donc à double sens, non pas seulement en tant
qu'elle est aussi bien une opération sur soi que sur l'autre, mais aussi en tant qu'elle est, dans son indivisibilité, aussi
bien l'opération de l'une des consciences de soi que de l'autre.
»
Ce mouvement de la conscience de soi trouve une illustration dans la fameuse dialectique du Maître & de
l'Esclave – dialectique qui peut se lire comme une reconstitution, sans caractère historique, du déroulement de
l'histoire réelle des hommes.
Le point de départ de cette dialectique, c'est que toute conscience est désir de reconnaissance, désir qui
passe d'abord par la négation de l'autre.
toute conscience poursuit la mort de l'autre, afin de se faire reconnaître et
de se reconnaître elle-même au risque de sa propre vie, comme libre et indépendante de toute attache sensible :
« C'est seulement par le risque de sa vie qu'on conserve la liberté, qu'on prouve que l'essence de la conscience de
soi […] n'est pas le mode immédiat dans lequel la conscience de soi surgit d'abord, n'est pas son enfoncement dans
l'expansion de la vie.
».
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Texte de Hobbes : Explication de texte - Thèmes : le désir, le bonheur , la définition du bonheur
- De quelle manière la production de dihydrogène par électrolyse de l’eau contribue-t-elle à la réduction des rejets carbonés ?
- Cours commerce international et internationalisation de la production
- LE DÉSIR (résumé)
- Le désir est l'essence même de l'homme - Baruch Spinoza (1632-1677)