Le bonheur dépend-il du régime politique dans lequel on vit ?
Extrait du document
«
[Il n'y a pas de bonheur possible si l'homme n'est
pas d'abord libre.
Or, le degré de liberté dépend du régime
politique.
On sera d'autant plus heureux qu'on vivra
dans un État qui a en vue le bonheur de ses citoyens.]
La tyrannie rend malheureux
Les citoyens d'un régime démocratique sont plus heureux que ceux d'un régime autoritaire: c'est une
évidence.
Je ne peux pas être heureux si l'État limite ma liberté de mouvement, s'il m'empêche d'accéder à
certains biens, s'il s'immisce sans cesse dans ma vie privée.
Le bonheur est une affaire privée
De ce point de vue, il semble difficile de nier l'impact des conditions sociales d'existence sur la possibilité de
connaître le bonheur.
Dans une société fondamentalement inégalitaire, on voit mal comment le bonheur
pourrait être envisagé pour les plus défavorisés.
Sans même se comparer à ceux qui bénéficieraient de tous
les avantages, ils vivraient dans des conditions trop pénibles ou angoissantes pour atteindre la sérénité ou la
tranquillité d'esprit qui semble nécessaires au sentiment d'être heureux : qui se trouve contraint de s'inquiéter
à longueur de journée pour sa simple survie ne risque guère de ressentir sa propre existence comme une
plénitude !
L'injustice ne peut pas rendre heureux
Je ne peux pas être heureux si je sais que le régime dans lequel je vis est un régime injuste, corrompu,
illégitime, si je sais qu'à tout moment je peux être arbitrairement opprimé par le pouvoir.
«Ce n'est pas pour
tenir l'homme en crainte (...) que l'État est institué; au contraire, c'est pour libérer l'individu de la crainte,
pour qu'il vive autant que possible en sécurité», dit Spinoza.
La politique vise le bonheur commun
Le bonheur est une idée neuve en Europe», a dit Saint-Just, », il voulait sans doute souligner par là que, dans
les démocraties, tous les obstacles au bonheur du corps social, qu'ils soient économiques ou social, pouvaient
être levés.
On constate toutefois que si les progrès scientifiques et techniques et plus généralement l'oeuvre
civilisatrice ne sont pas sans valeur dans la quête du bonheur, car ils permettent la satisfaction des besoins
et des goûts de l'homme, un plus grand développement de ses talents et de sa personnalité, ils n'impliquent
pas le bonheur.
Les philosophes des Lumières pensaient que le progrès politique permettrait de fane accéder tous les hommes
au bonheur, de ne plus réserver celui-ci aux seuls privilégiés.
Aujourd'hui, les gouvernements les plus justes
sont ceux qui ont en vue le bien de tous, non ceux qui sont au service d'une caste.
[On ne peut pas attendre le bonheur de l'État,
quel que soit le régime dans lequel on vit.
Le bonheur
est une affaire intérieure et privée qui n'a rien à voir avec
les circonstances extérieures ou le contexte politique.]
Le bonheur ne se décrète pas
Comme le dit Schopenhauer: «Si l'État pouvait atteindre parfaitement son but [le bien de tous], (...) il
arriverait à nous faire un pays de cocagne, ou quelque chose d'approchant.
Seulement, d'une part, l'État est
toujours resté bien loin de ce but; de plus, quand il l'atteindrait, on verrait subsister encore une multitude
innombrable de maux, inséparables de la vie» (Le Monde comme volonté et comme représentation)..
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