Le bonheur dépend-il de notre volonté ou des circonstances extérieures ?
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Introduction :
Tous les hommes recherchent le bonheur, et pourtant, il est bien difficile de déterminer avec certitude ce qui peut les rendre heureux.
Y a-t-il des causes au bonheur, des situations qui garantissent à l'homme un état heureux ? Si tel est le cas, rechercher le bonheur
serait alors rechercher des circonstances particulières, de sorte que le bonheur serait indissociable de ces circonstances.
Mais si le
bonheur est affaire de circonstances, cela peut aussi impliquer que le bonheur soit contingent, changeant, dépendant du contexte et
par conséquent impossible à définir.
Le bonheur ne peut-il être un état permanent, ne survient-il que ponctuellement, au gré du hasard
ou des occasions ? Quel rôle peut alors jouer l'homme dans la recherche du bonheur ? Peut-il décider d'être heureux ou doit-il s'en
remettre exclusivement aux aléas des circonstances ?
1ère partie : Tout est affaire de circonstances.
-Une circonstance, c'est ce qui constitue et caractérise le moment présent.
Partant, tout ce qui a lieu est affaire de circonstances.
Tout
a lieu dans une circonstance précise et particulière, car dans un cadre spatio-temporel.
On ne peut décontextualiser l'évènement.
-Le bonheur se construit par une somme d'instants heureux.
C'est l'accumulation de circonstances favorables qui font le bonheur d'une
personne.
Le bonheur est vivant, il se dévoile dans des situations.
Le bonheur est ici et maintenant, dans le présent, dans le temps de
l'action.
C'est donc une affaire de circonstances, de moments, d'occasions, qui sont les éléments bâtisseurs du bonheur.
Lorsqu'on
cherche à définir le bonheur, n'a-t-on pas recourt à des exemples ? Il semble qu'il n'y ait pas de définition générale et universelle du
bonheur, celui-ci étant plutôt particulier à chacun.
La même chose ne fait pas le bonheur de tout le monde, et chacun est heureux pour
des raisons différentes.
(Ex : pour le gourmand, c'est un bon repas qui fera son bonheur, pour le mélomane, ce sera assister à un
concert, etc.)
-Cela ne signifie pas que le bonheur est éphémère et que ces circonstances heureuses sont le bonheur.
Il serait plus juste de dire
qu'elles participent au bonheur, qu'elles lui permettent de se développer.
Ainsi, un seul instant (la dégustation d'un bon met, un baiser
entre amoureux, etc.) peut comporter l'éternité, et suffire à prolonger le bonheur même une fois l'évènement passé.
2ème partie : Il y a des circonstances favorables ou défavorables au bonheur.
-Il est indéniable qu'il y a des circonstances favorables au bonheur, des situations qui nous disposent au bonheur.
Ainsi, un certain
confort matériel qui permet la satisfaction des besoins nécessaires (se nourrir, se déplacer), une bonne santé, une vie sexuelle
épanouie, sont les premières conditions requises pour envisager d'être heureux.
Il semble alors que la richesse, et la beauté, peuvent
largement contribuer à satisfaire à ces conditions, et soient des circonstances non négligeables dans la réalisation du bonheur, même si
elles n'y suffisent pas (on sait que l'on peut être dégagé de tous soucis matériels, et être en bonne santé, bref, avoir tous les signes
apparents du bonheur, et être pourtant malheureux).
-Le bonheur est fragile et dépendant des circonstances.
Il n'est pas quelque chose d'acquis pour toujours et peut disparaître ou
apparaître en fonction des circonstances.
Il semble que l'état heureux ne soit pas un état permanent, et qu'il soit donc affaire de
circonstances.
Le philosophe Alain remarque que « de très petites causes peuvent gâter une belle journée, par exemple, un soulier qui
blesse » (Propos sur le bonheur).
S'il y a des causes à l'absence de bonheur, il y a donc des causes au bonheur.
Donc, le bonheur
serait affaire de circonstances.
Pour Alain, il y a une attitude à adopter pour convoquer le bonheur : il ne faut pas se laisser aller à ses
humeurs, mais se comporter comme si nous étions déjà heureux, pour le devenir véritablement.
Ex : le simple fait de sourire nous
détend, nous-mêmes et notre entourage, et nous dispose au bonheur, alors que râler ne fait que nous irriter davantage encore.
3ème partie : Le bonheur n'est pas uniquement dépendant des circonstances mais aussi de notre vouloir
Il serait réducteur de rendre les circonstances les seules responsable du bonheur ou du malheur.
Le bonheur n'est pas une fatalité, une
donnée déterminée sur laquelle nous n'aurions aucune prise ni aucune influence.
Faire des circonstances la cause du bonheur revient à
se déresponsabiliser de notre situation heureuse ou malheureuse.
Or la bonne fortune est loin d'être la seule en jeu quand il s'agit
d'atteindre au bonheur.
-On peut penser que le bonheur dépend pour une large part de la volonté de l'homme.
C'est à l'homme d'œuvrer pour son bonheur,
les circonstances ne font pas tout.
D'une part, parce que l'homme peut choisir des circonstances sur de nombreux point (on décide de
ce que l'on fait, où l'on va, etc.
Il y a des situations ce qu'on évite et d'autres qu'on recherche.)
-D'autre part, pour Aristote, c'est en menant une vie vertueuse, qui refuse tout excès, que l'on atteindra le bonheur.
Comme le
préconisaient déjà les épicuriens, il faut fuir les désirs dictés par les passions qui ne sont pas nécessaires (les appétits de gloire, de
richesse, etc.).
C'est en choisissant une vie tempérée, où le plaisir n'est recherché que pour éviter la souffrance, que l'on pourra
atteindre l'ataraxie, c'est-à-dire l'absence de trouble de l'âme, qui est le véritable bonheur.
Conclusion :
Même s'il peut y avoir des dispositions ou des conditions favorables au bonheur, celui-ci est singulier pour chacun, et il apparaît difficile
d'établir des lois qui nous donneraient les circonstances idéales pour atteindre au bonheur.
Le bonheur se goûte et ne s'enseigne pas.
Il
s'agirait plutôt, si l'on en croit les conseils d'Aristote, de suivre des prescriptions pour atteindre le bonheur que de s'en remettre au
seules circonstances, qui jamais ne pourront suffire si elles ne sont pas accompagnées de la volonté de l'homme à être heureux.
« C'est en vain que l'on cherche au loin son bonheur quand on néglige de le cultiver en soi-même ; car il a beau venir du dehors, il ne
peut se rendre sensible qu'autant qu'il trouve au-dedans une âme propre à le goûter », assure Jean-Jacques Rousseau..
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